EN LIVE AVEC LES REALISATEURS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos réalisateurs, acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
AUJOURD'HUI
HICHAM AYOUCH
Jeudi 19 mars 2015. Grand vainqueur et Etalon d'or du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) avec son film "Fièvres" (en battant au passage le multi-césarisé "Timbuktu", excusez du peu...), le réalisateur est présent sur toute la Corse afin de présenter son film.
Profitant de son passage au cinéma "l'Excelsior" de Prunelli di fiumorbo, sous l'égide de l'excellente association "Anima", j'en profite pour lui demander une entrevue, que le réalisateur accepte volontiers.
La soirée devant se dérouler à quelques centaines de mètres de chez moi, nous décidons donc de réaliser l'interview... à mon domicile ! Mon plus court déplacement à ce jour...
Réputé direct et sans langue de bois, Hicham Ayouch arrive détendu, souriant, et me tutoie immédiatement. C'est donc dans une ambiance agréable que nous nous installons tranquillement devant un petit verre afin de débuter un entretien qui promet d'être riche en rebondissements...
Tu nous arrives tout juste auréolé du plus grand prix du cinéma africain. Je suppose que tu es fier de ton travail ?
J'étais déjà fier du travail effectué, et ce, même avant de gagner l'Etalon d'Or au FESPACO. D'ailleurs, je vais te faire une confidence : ce trophée est très lourd ! Je me suis fait les biceps en le portant du palais des festivals à l'aéroport ! (Il sourit). De plus, tout le monde voulait faire une photo avec moi et du coup, je demandais aux gens de le prendre car je ne pouvais plus le porter...
Alors oui, je suis très content d'avoir été récompensé. Quand tu gagnes un prix, ton égo est flatté. Tout le monde m'a parlé, et toi aussi d'ailleurs, du fait que j'ai battu "Timbuktu". En ce qui me concerne, je n'ai battu personne. Pour moi, le concept de compétition dans l'art est un peu bizarre... C'est tellement subjectif ! La décision se prend entre 5 ou 6 personnes qui sont réunies à l'instant T dans un endroit Z, et en fonction du fait qu'elles soient déprimées, qu'elles aient leurs règles, qu'elles se soient faites plaquer ou qu'elles soient heureuses, elles vont aimer tel ou tel film...
Nous, on a eu de la chance. Il s'est trouvé qu'elles ont préféré "Fièvres". Elles ont trouvé que c'était le meilleur film de la compétition. Mais pour moi, le concept de compétition en lui-même ne veut rien dire.
Je ne suis pas du tout étonné. Beaucoup de personnes de la profession te présentent comme le "John Cassavetes" du cinéma africain. Es-tu conscient de vos similitudes ?
Par orgueil, je ne me compare jamais à personne et je n'aime pas du tout qu'on me compare.
Tu es orgueilleux ?
Oui. Très. D'ailleurs, au sein de la production, on n'arrêtait pas de me dire qu'on avait battu "Timbuktu". Je leur répondais qu'on n'avait pas besoin de se référer à d'autres films pour exister ! On existe par rapport à soi ! On fait ce qu'on fait, et si c'est de la merde, en tout cas, c'est à nous ! Pour en revenir à Cassavetes... (Il réfléchit)... Avant "Fièvres", j'ai fait un film qui s'appelait "Fissures", qui n'avait pas de scénario. C'était filmé caméra à l'épaule, en douze jours, alors, effectivement, il y avait quelques accents qui pouvaient s'inscrire dans une espèce de tradition de Cassavetes.
Mais "Fièvres" n'a absolument rien à voir avec "Fissures" au niveau cinématographique. Il est beaucoup plus formel au niveau des cadres, de l'esthétique. Il est beaucoup plus travaillé.
Pour en revenir à ta question, je n'ai de sentiment de parenté avec aucun cinéaste. Je ne m'inscris dans aucune famille. En fait, je ne suis même pas un vrai cinéphile. Avant, j'étais journaliste et je n'ai pas de souvenirs de salles obscures, de films vus quand j'avais 12 ans et qui m'auraient donné envie de devenir cinéaste. Cependant, je ne suis pas venu au cinéma par hasard, parce que pour moi, c'était là où je devais être. Je ressentais le besoin de m'exprimer et de faire de l'art. Mais je n'ai pas de Maître, de mec que j'idolâtre. Par contre, il y a des gens dont j'admire le travail, comme Alejandro Gonzalez Innaritu. J'ai vu "Birdman" il n'y a pas longtemps... ce film est une belle claque dans la gueule !
Provocateur, engagé, symbole du dynamisme du cinéma marocain... Te reconnais-tu dans ces superlatifs ?
(Il réfléchit)... Non. Enfin, je ne sais pas... Tu sais, les gens ont toujours tendance à te coller une étiquette... En fait, je n'arrive pas à me définir. Si je le faisais, ce serait comme si je parlais de moi en tant que marque ou symbole. Moi, je ne symbolise rien, je ne représente rien, à part moi-même. C'est vrai que, dans mes oeuvres, bien que je n'ai pas la volonté de choquer ou de provoquer, je fais des choses à contre-courant de la pensée unique. Mais j'essaie juste d'exprimer ma vision du monde, qui est peut-être un pas de côté par rapport à d'autres visions cinématographiques. En tout cas, je fais toujours les choses avec sincérité et je dis toujours ce que je pense, ce que je ressens. Après, en ce qui concerne les superlatifs qui me sont attribués, c'est le problème des journalistes et des critiques.
Tu es tout de même un peu rebelle. J'en veux pour preuve le fait qu'il t'est arrivé à plusieurs reprises de tourner sans autorisation !
(Surpris) C'est vrai... Tu as bien fait tes recherches toi !
Effectivement, ça m'est déjà arrivé. Mais ce n'est pas un truc donc je me gargarise.
Je m'explique... Il fallait que je tourne, c'était une nécessité pour moi. Par exemple, quand on a fait "Fissures" au Maroc... Là bas, tu n'as pas le droit de tourner un film sans avoir une autorisation du Centre Cinématographique Marocain. J'ai décidé de faire le film un lundi et on devait tourner le mercredi. Je ne pouvais logiquement pas attendre six mois... J'ai donc fait une demande pour faire un reportage bidon sur le micro-crédit...(Il sourit)... Mais ce n'était pas parce que je voulais faire un gros "Fuck" à la loi...C'est juste qu'il y a des lois que je respecte et qui me semblent intéressantes, et d'autres...(il fait la grimace)...
(Je ris) J'aime bien la façon dont tu arranges le truc ! Et donc ça, ce n'est pas être hors la loi ??
(Il rit) Oui, d'accord... Il y a des lois que je ne juge pas intéressantes de respecter.
Après ça, j'ai réalisé un documentaire, que je n'ai d'ailleurs pas terminé, sur les mouvements de protestation au Maroc. J'avais préalablement fait une demande d'autorisation en bonne et due forme,mais elle n'arrivait pas. J'ai donc pris ma caméra et je suis allé dans la rue. Je n'allais pas attendre non plus six mois qu'elle arrive...ou pas ! J'ai donc fait sans ! Nous avons été plusieurs fois contrôlés par la police, et quelquefois, j'ai eu des problèmes, du genre confisquation du matériel...
Mais ces agissements ne sont pas pour autant une marque de fabrique. Ce sont des faits qui se passent sur le moment, dans l'instant. Quand il faut faire les choses, il faut les faire, un point c'est tout !!
Mais ça t'est arrivé plusieurs fois...
J'assume ! Et si c'était à refaire, je le referais. Cependant, je tiens à préciser que même si j'ai souvent eu des petits soucis, il ne m'est jamais rien arrivé de grave. Rien de comparable avec la guerre en Syrie ! Je ne me suis pas fait tirer dessus ! Je ne vais pas me constituer l'image du héros bravant le danger... C'est juste que j'avais le besoin de tourner, il fallait le faire, et je l'ai fait. Ceci dit, concernant le reportage sur les manifestations de protestation au Maroc, j'ai estimé que mon travail n'était pas assez bon pour être montré à un public.
Tu sais, j'ai un jour été invité dans une émission avec de jeunes cinéastes. On m'a demandé ce que je pouvais leur conseiller. J'ai répondu que tout d'abord, je n'étais pas le père Fouras et que je ne me considérais pas comme un professeur ayant des leçons à donner. Mais je leur ai dit que s'ils avaient une histoire à raconter, il fallait qu'ils prennent leur caméra et que, quelles que soient les conséquences, ils la racontent. Quand le besoin d'expression est très fort, il y a des barrières qu'il ne faut pas hésiter à franchir !
Un jour, dans une interview, tu as déclaré que tu avais une haute opinion de toi-même, qui avait changé le jour où tu avais découvert que certaines images tournées ne correspondaient pas à l'idée que tu t'en faisais...
Effectivement. C'est arrivé il y a longtemps ! Le jour où je me suis rendu compte que je n'étais pas un génie m'a rendu beaucoup de services ! (Il sourit). C'est excellent car ça t'apprend qu'il faut travailler et encore travailler, qu'il ne faut pas te comparer à d'autres cinéastes mais suivre ton propre chemin.
Avec quel genre d'acteur aimerais-tu travailler ?
(Il réfléchit). J'aime beaucoup Elizabeth Taylor et j'adore Isabelle Adjani. Je trouve qu'elles ont une folie...
(Je le coupe) Mouais... Hormis la folie, ce sont surtout de belles femmes brunes aux yeux bleus !
(Il rit) Il y a aussi de ça ! Effectivement, il doit y avoir une attraction pour leur physique. Mais il y a aussi le fait que j'ai rarement vu des actrices aller aussi loin dans l'incarnation de leurs personnages. Elizabeth Taylor, par exemple, dans "Qui a peur de Virginia Woolf", "Cléopâtre", ou Isabelle Adjani dans "Adèle H", "Subway", "La reine Margot"... Ce sont des actrices qui m'ont donné des frissons !
J'aime également beaucoup Brad Pitt, qui m'a donné mon lot d'émotions dans "Seven" ou "Fight Club". Je trouve qu'il a la capacité extraordinaire d'incarner un personnage en se faisant oublier.
Tu as déclaré dans une interview, je cite "Le cinéma, dans un pays comme le Maroc, est une arme dangereuse"...
J'ai dit ça moi ? Il m'est arrivé quelquefois de dire des conneries...
Tu as dit ça à propos de l'analphabétisme important dans ce pays...
Ah oui !! Ca y est, je remets ! En fait, dans un pays où il y a beaucoup d'analphabètes, et par définition des gens qui ne peuvent pas lire de livres, le contrôle de l'image est important. Tout le monde peut comprendre une image ! C'est pour cela que je pense que le système d'autorisation est trop contraignant. Je pense qu'il faut laisser aux gens la liberté de s'exprimer et de tourner des films dans la rue sans pour cela se référer à une institution ou un Etat. Je pense que l'image fait peur, notamment aux gens qui gouvernent, car ces derniers savent qu'on peut faire passer beaucoup de choses par son intermédiaire. Ils apportent donc beaucoup de soin à contrôler les tournages, les scénarios etc...
Je pense qu'en fin de compte, et quel que soit le pays, tout part d'un mouvement collectif. Regarde "la Movida" en Espagne... Ils sortaient d'un régime Franquiste, assez répressif. Je pense donc que quand il y a un mouvement général d'artistes, de citoyens qui se bougent ensemble pour dire ou faire quelque chose, les règles ou les lois ne tiennent plus...
Le cinéma est une arme dangereuse, et pas qu'au Maroc.... partout ! Regarde en France... Si, en ce moment, il y a beaucoup de films qui ont peu de sens, c'est bien parce que, d'une certaine manière, ça permet d'endormir les gens ! Il y a une sorte d'uniformisation de la pensée, et c'est également très dangereux.
Il t'arrive certaines fois de faire des déclarations fracassantes...
Qu'est ce que j'ai dit ?
En parlant du traitement médiatique des banlieues françaises, je cite : "La France est une vieille pute ridée, qui, quand elle se regarde dans la glace, y voit une jouvencelle..."
Ah oui... Mais ce n'était pas uniquement sur le traitement médiatique des banlieues...
Cela a provoqué des réactions sur le net...
Effectivement, on m'a dit qu'il y a des gens un peu racistes qui m'ont demandé de retourner dans mon pays ! Mais comme au Maroc, ils m'ont aussi demandé de retourner dans mon pays, je ne sais plus trop où aller ! (Il rit). Je vais finir par venir me réfugier en Corse ! (Nous rions).
Plus sérieusement, je trouve qu'en France, il y a beaucoup de conservatisme concernant la médiatisation du traitement des banlieues, des quartiers populaires en général ainsi que des populations qui y vivent. C'est un pays très réactionnaire et c'est dommage car il y a moyen de faire de belles choses. Quand j'ai dit cette phrase forte, je voulais exprimer mon sentiment sur le fait qu'on est resté, en France, sur cet espèce d'âge d'or qu'on a connu, que ce soit au niveau politique ou au niveau du rayonnement intellectuel et culturel dans le monde. La France a été un empire,et ce à plusieurs reprises, et les gens sont restés dans cet état un peu poussiéreux... Quelque chose qui a été, mais qui, pour moi, n'est plus. Je pense donc qu'il serait intéressant que les gens se penchent un peu sur les populations d'origine immigrée qui vivent dans les quartiers populaires et sur ces jeunes qui les peuplent, parce que ces derniers ont beaucoup de choses à dire. Ils ont une vision transversale et un regard différent sur la vie, étant formés par différents prismes, qu'ils soient culturels ou religieux. Ils sont allés à l'école de la République française, ils sont français, mais ils sont également influencés par l'Afrique, le Maghreb, l'Islam, par plein de choses...
En même temps, ils ont des choses à prouver et à faire. Je trouve donc que, si on doit rajeunir ce pays (parce que c'est un pays gouverné par des vieux), il serait intéressant d'aller piocher du côté de cette jeunesse là parce qu'elle n'est pas uniquement bonne à brûler des voitures...Elle peut faire plein d'autres choses !
Considères tu que ton art, tel que tu le concois, puisse devenir une marque de fabrique ?
Là encore, je n'ai pas l'impression de faire des films engagés, dans le sens où ce ne sont pas des films politiques au sens premier du terme.
Ma question ne concerne pas spécialement la politique. Tu peux te battre pour d'autres idées...
Si c'est engagé envers mes idées, je réponds oui. Si c'est être un cinéaste politiquement engagé, je réponds non. Je n'ai participé à aucune manifestation de ma vie. La politique politicienne n'est pas quelque chose qui m'intéresse. J'ai juste un besoin d'expression, une envie de raconter certaines choses. Quelquefois, ce n'est pas évident car il faut trouver des financements, surtout en ce moment. On en parlait tout à l'heure... A partir du moment où tu ne fais pas de la comédie un peu lourde et grasse, il est difficile d'exister.
Moi, je fais vraiment des films que je ressens. Je ne fais pas de calculs ou de stratagèmes à long terme. Si demain, je veux faire un film de science-fiction, je le ferai. Je fonctionne au feeling. Par contre, ce qui est sûr, c'est que j'aurai des choses à dire jusqu'à la fin de ma vie. Et j'espère que je trouverai toujours un joli moyen de les dire.
Tu te sens capable de partir dans des genres différents de ceux que tu as faits jusqu'à maintenant ?
Absolument ! Pour preuve, j'ai écrit quelques scénarios totalement délirants que je n'ai pas encore réussi à monter jusqu'à présent. Des comédies qui se passent au Maroc... Je n'ai aucune frontière.
C'est vrai que mes films, pour l'instant, ont beaucoup été rattachés au réel. Cependant, j'ai toujours essayé d'amener une petite part de poésie et de magie. Et si, un jour, on me propose un projet de science-fiction, ou de comédie, et que je me reconnais dedans, je n'y verrais aucun inconvénient. Pour moi, comédie ne rime pas forcément avec stupidité, ni bêtise, ni le fait de rabaisser l'être humain. Au contraire ! Regarde "Le dictateur" de Chaplin ou "Affreux, sales et méchants" de Scola... deux comédies extraordinaires ! Je n'ai aucun mépris pour ce genre là ! Là où j'en ai, c'est quand on prend les gens pour des cons. Quand le "système" (même si ce mot, pour moi, ne veut rien dire), les gens qui dirigent le cinéma, rabaissent le niveau de l'être humain. Quand ils lui donnent de la pâté pour chien : "Prends ton Canigou, ne te pose pas de questions, distrais toi et oublie le reste !".
Si un jour je fais une comédie, cela passera inévitablement par de la poésie et du comique visuel. Je prends pour exemple "Le dictateur". Pour moi, la scène dans laquelle Charlie Chaplin joue avec un ballon en forme de mappemonde est une des plus belles de l'histoire de l'humanité. Tout est dit dedans...
Puisqu'on en parle, tu as déclaré un jour que "Beaucoup de médias appartiennent à des marchands d'armes"...
J'ai été journaliste. Le dernier grand groupe pour lequel j'ai travaillé s'appelle TF1, qui appartient à Bouygues.
Les journalistes français, quand ils me parlent du Maroc, ont tendance à souligner qu'on ne peut pas, dans ce pays, dire ce que l'on veut, et quelquefois, il y a une certaine vérité là dedans. Mais ils oublient qu'en France également, ainsi que dans d'autres pays occidentaux , tu ne peux parfois pas dire ce que tu veux en tant que journaliste. Et même si ce n'est pas forcément une censure politique, ce peut être une censure économique. J'aime à rappeler que deux des plus grands groupes médias français sont détenus par Lagardère et Dassault ! A un moment, la question se pose quant à la liberté d'expression, de la presse... Bolloré est en train de faire un grand regroupement également... Maintenant, de grands groupes économiques détiennent des grands groupes médiatiques. Cela veut forcément dire que les journalistes qui travaillent au sein de ces médias, qu'ils soient radio, télé, journaux de presse écrite ou internet, ne vont pas pouvoir balancer des choses sur le groupe pour lequel ils travaillent. C'est logique !
Dans certains pays, dits totalitaires, ou en tout cas avec des régimes qui ne sont pas censés être démocratiques, il n'existe qu'une chaîne, dans laquelle l'information est contrôlée. Dans des pays dits démocratiques, tu es noyé dans l'information mais au final, on ne te dit rien. Alors, au bout du compte...(Il souffle)... je pense que ça revient un peu au même !
Qu'est ce que l'indépendance artistique selon toi ?
Wahoo...Ca, c'est une question philosophique...
C'est très important dans ton métier...
Je pense qu'il n'existe pas d'indépendance artistique, sauf quand tu ne demandes d'argent à personne ! A partir du moment où tu demandes des finances à Canal +, à la FOX, au CNC, que ce soit à des structures Etatiques ou à des structures privées, tu n'es pas indépendant. Je pense que la véritable création est celle qui doit se faire sans rien.
Tu peux fabriquer des choses avec rien ! Tu peux faire des tableaux, des musiques... Mais après, c'est "comment les montrer ?". Ce n'est donc pas forcément au niveau de la production que tu vas rencontrer des problèmes, mais plus au niveau de la diffusion. Tu peux composer une très belle musique, réaliser un très beau film ou peindre un très beau tableau, mais si personne ne le voit... A quoi ça sert de le faire si tu ne peux pas le partager ? Je pense donc que l'indépendance artistique est très compliquée, voire quasiment impossible à avoir, sauf si tu veux garder tes oeuvres pour toi seul.
Sur ce point, je ne suis pas entièrement d'accord avec toi. Désormais, avec la force d'internet, il suffit de mettre une réalisation en ligne sur des sites gratuits ou les réseaux sociaux, et le bouche à oreille peut la propulser aussi efficacement qu'une grande tournée promotionnelle...
Je reconnais que tu as raison. Moi, je suis du genre vieux con avec internet. De temps en temps, je publie des trucs sur Facebook, mais j'ai raté le virage Instagram, Twitter etc... De plus, je ne suis pas de nature à vouloir créer "le buzz".. Toujours est-il que je ne connais pas bien le Net. Il faudra que je me réveille un jour ! (Il rit).
Quel est ton prochain projet ?
C'est un film... dont je ne te parlerai pas.
(Je ris) Au moins, c'est clair.
Ton plus grand rêve ?
(Il réfléchit longuement.)...
Je change de question... quel est ton but ?
Ouh là... Toi, tu n'es pas sympa ! Tu poses des questions qui me poussent à réfléchir ! (Il sourit). Je vais essayer de trouver quelque chose qui n'est pas une réponse de Miss France...
(Il réfléchit de nouveau)... Honnêtement, je ne sais pas. J'ai l'impression d'être sur cette planète pour transmettre. Je reçois de la lumière, des énergies (chacun, en fonction de ses croyances, analysera ma réponse différemment) et mon rôle sur la Terre, si petit soit-il, est d'arriver à transmettre ces choses là, sous formes de pensées, d'émotions. J'espère quelquefois éveiller les consciences, avec beaucoup de modestie et d'humilité, et si j'arrive à faire ça, tout en continuant moi aussi à ressentir ces sensations, j'aurai atteint mon but. Mais est-ce qu'on peut vraiment y arriver ? En tout cas, je pense que je continuerai à chercher jusqu'à mon dernier souffle.
C'est une très belle conclusion. Merci de m'avoir accordé cet entretien.
Mais je t'en prie.