EN LIVE AVEC LES STARS !

Publié le par corsu61

Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.

Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférés, et je vous joins les interviews correspondantes.

Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.

N'hésitez pas à me laisser vos commentaires pour me relater vos
impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...

Aujourd'hui :

EN LIVE AVEC LES STARS !

07 Juillet 2015, 18 heures. Rendez-vous est pris avec l'acteur à son hôtel du centre ville de Bastia. Accompagné comme toujours de ma photographe, je me présente au sein de l'établissement avec un peu d'avance et nous nous installons dans un petit patio, devant un rafraîchissement bien mérité, la chaleur étant difficilement supportable. Je téléphone à Didier Ferrari pour l'informer de notre présence. Ce dernier se confond en excuses, m'expliquant franchement qu'il n'a pas surveillé l'heure et qu'il est actuellement en train de converser avec son partenaire Gérard Darmon, dans un autre hôtel situé quelques kilomètres plus loin, au bord de la mer, à la Marana. Il me demande si cela ne me gêne pas de les rejoindre...

Nous quittons donc Bastia pour nous rendre à l'endroit indiqué, et nous découvrons les deux acteurs, confortablement installés à une terrasse de bord de plage. Après nous avoir chaleureusement accueilli et s'être de nouveau excusé, Didier Ferrari, en tongues et pantacourt, s'empresse de nous servir une boisson bien fraîche, ce qui, il faut l'avouer, nous fait bien plaisir. D'emblée, je note la simplicité et la convivialité dont il fait preuve, ainsi que la gentillesse et la disponibilité. L'anti-star par excellence...

Après quelques minutes, nous nous éloignons afin de nous installer au calme et commencer l'interview. Imaginez une voix grave doublée d'un débit rapide, un regard perçant et une discussion à bâtons rompus, avec des répliques du tac au tac... Ca y est, vous êtes avec nous...

 

Merci de me recevoir,

Mais je t'en prie... (Il regarde l'enregistreur)... Tu sais que tu n'es pas obligé de mettre toutes les conneries que je vais dire là-dessus ?

(Je ris) A partir du moment où l'enregistreur tourne, tout sera retranscrit... C'est la règle du jeu ! C'est d'ailleurs pour cela que ce site marche si fort... parce qu'il ne rapporte que les faits réels. Les gens en ont assez qu'on leur mente... Est-ce que cela te convient ?

D'accord pour moi.

Ton parcours est indéniablement atypique. Raconte nous comment tu en es arrivé là...

(Il me regarde, muet, en fixant mon enregistreur. Puis il se met à rire). Je ne parle plus ! Je ne dirai plus un seul mot ! Rien !! (Il rit de bon coeur).

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Comment je suis arrivé au métier de comédien ?

Oui. Sur l'île, tout le monde te connait, toi et ton parcours. Mais pas sur le continent...

Ok. Alors, effectivement, je n'étais pas du tout prédestiné à ce métier. Mais à cause d'un tempérament très extraverti et, tu as pu le constater, assez distrait, j'ai été, très tôt, confronté à des situations plutôt drôles (pour les autres et pour moi). Souvent, lorsque je racontais mes mésaventures, les gens riaient et me disaient : "mais pourquoi tu ne fais pas de la scène ? Tu devrais essayer !". Sincèrement, j'étais à des milliers de kilomètres de ça... J'ai fait 100 boulots différents...

Justement, on va y venir. Sans tomber dans le cliché et sans dévoiler trop de choses personnelles, on peut affirmer que ta vie a commencé sur des bases dramatiques...

C'est vrai que, selon l'éclairage qu'on met dessus, on pourrait presque tomber dans le pathos... Cependant, personnellement, je ne l'ai jamais vécu comme tel. J'ai eu la chance d'avoir toujours été bien entouré et assez aimé...

(Je le coupe) Tu as été élevé par ta grand-mère...

Tout à fait. Et en même temps par ma tante, qui était sa fille. Les années ont passé, j'ai fait plein de boulots. Mon premier vrai métier a été coiffeur. Puis, j'ai fait restaurateur. Ensuite, j'ai vendu plein de trucs... Bref, une expérience de vie. J'étais donc très loin du milieu artistique. Je crois que je suis allé une ou deux fois au théâtre, et encore, je n'en suis pas sûr ! Bref, un ignorant total. Et un jour, j'ai décidé... (Il se coupe)... Je te la fais courte parce que sinon, j'en ai pour dix ans...

Mais j'ai tout mon temps...

Ah bon ? Ok.

Un jour, j'étais voiturier dans un restaurant du Cap d'Antibes, et une copine mannequin devait faire des clichés. A côté de l'endroit où elle se rendait, il y avait un mec qui donnait des cours de comédie, mais que filmés, pas théâtre. Uniquement pour la caméra. Ma copine, faisant déjà du théâtre, voulait s'inscrire à ces cours. Un soir, n'ayant pas de voiture, elle me demande de l'y conduire. Arrivés là bas, et comme c'était une jolie fille, le mec lui dit qu'effectivement ça l'intéresse mais que, malheureusement, il n'a personne sous la main pour lui donner la réplique lors d'une impro. Il se tourne alors vers moi et me demande si je veux bien le faire. Pour te dire à quel point j'étais ignorant dans le domaine, je ne savais même pas ce que voulait dire impro ! Je lui demande et il me répond : "Je te donne un thème et tu développes...". J'ai rétorqué : "Ah ok, ça je sais faire !"

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Et à mon avis, ça a été la meilleure impro de ma vie, parce que je n'avais aucune pression ! Je me suis juste amusé, ce qui est le principe de l'impro. J'ai donc dû être très juste dans ce que je faisais. Par la suite, ça s'est gâté... Mais en attendant, ce jour là, c'était très bien ! Il m'a demandé si je voulais prendre des cours et j'ai répondu non, parce que je ne voyais pas pourquoi j'en prendrai. Il a insisté, j'ai toujours dit non. Trois jours après, il m'a téléphoné et m'a proposé un truc : m'offrir les cours pendant six mois ! Et là, j'ai dit oui. Pas parce que je voulais prendre des cours mais uniquement parce que j'étais gêné de refuser son offre ! 

J'ai donc pris ces fameux cours et, ma foi, ça m'a beaucoup plu. Je pense que le déclencheur a été là ! Au bout de six mois, j'ai arrêté et j'ai lâché l'affaire. J'ai donc continué à travailler comme voiturier, un métier qui était très bien pour une transition mais que je n'avais pas envie de continuer, et j'ai décidé de monter à Paris, pour voir ! J'ai donc déménagé et suis arrivé dans la capitale. Pendant quelques mois, je suis resté en mode "je ne sais pas où aller, quoi faire et je regrette d'être monté"... 

(Je le coupe) Mais comment gagnais-tu ta vie ?

J'avais mis un peu d'argent de côté en bossant comme voiturier. Et désormais, l'argent commençait à manquer... Puis, un jour, j'ai revu une nana qui bossait sur la chaîne Disney Channel et qui prenait des cours de comédie. Je la connaissais un peu de Juan Les Pins, où j'avais fait pas mal de saisons lorsque je bossais dans la restauration. Je suis donc allé voir ces cours et c'est comme ça que j'ai pris mes premiers cours de comédie. Ils s'appelaient "Les cours Viriot" et ils n'existent plus au jour d'aujourd'hui. Voilà comment tout a commencé. Après, tout s'est enchaîné...

(Je le coupe) Quel âge avais-tu ?

36 ou 37 ans. Je ne sais plus.

Donc, tout s'est enchaîné... Dans les cours, je rencontre un jeune homme avec lequel je sympathise. Il s'appelle Hugo Gélin et est le fils de Xavier Gélin et donc le petit-fils de Daniel. De fil en aiguille, je me retrouve à loger chez eux, dans une chambre de bonne, très belle, à côté des Champs-Elysées. Hugo, tout jeune, décide de se mettre à la réalisation... Il fait donc son premier court métrage avec une star comme premier rôle : Jean Rochefort. Il me fait tourner dedans et la première réplique que je donne au cinéma, c'est à Jean Rochefort ! Ca a été le début du début !

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Le plus amusant, c'est que je ne savais pas que j'allais lui donner la réplique ! Si je l'avais su, comme je débutais, j'aurais eu trop peur et j'aurais dit non ! En fait, j'avais juste demandé à Hugo si je pouvais venir sur le plateau pour voir comment les choses se passaient... Et quand je suis arrivé, il m'a fait assoir à un bureau, avec un travelling en face. Au bout d'un moment, je lui ai demandé si c'était bon et si je pouvais m'en aller. Il m'a alors dit : "Non. En fait, c'est toi qui va dire la réplique !". Trop intimidé, je lui ai dit que non, mais il a insisté et j'ai cédé. Je l'ai fait. Je me rappelle qu'il fallait que je dise : "Bonjour Monsieur, comment allez-vous ? Qu'est ce que vous désirez ?"... Rien d'exceptionnel hein ? Et bien moi, j'ai eu l'impression d'avoir joué dans "Titanic" ! (Nous rions). J'étais au taquet !! Je me disais "Ca y est ! Ma carrière est en marche !" (Nous rions de plus belle). J'étais à fond ! Et c'était très touchant parce que j'avais quand même 38 ans... A ce moment, j'avais une naïveté qui, depuis, n'a pas resisté à la réalité du métier et du Milieu !

Voilà donc comment tout a commencé. Ce métier m'a bien plu, et me plait toujours. Bien entendu, il y a l'envers du décor... Ce n'est pas le monde des bisounours, loin s'en faut, mais c'est un métier que j'aime. On y fait des rencontres formidables.

Tu es monté sur scène pour la première fois à l'âge de 41 ans ?

43 ! A Porto-Vecchio.

Je crois savoir que l'expérience a été assez douloureuse...

(Il réfléchit)... Très sincèrement, ça a été une expérience plus personnelle que professionnelle. Il y avait, pour moi, quelque chose à dépasser pour continuer à vivre. Et ça a été ma rencontre avec la scène... Tu sais, je suis monté sur les planches plus de 180 fois pour jouer mon spectacle et cependant, j'insiste sur quelque chose : la première fois, je n'ai pas eu le trac... j'ai eu une peur viscérale ! Quand je me suis réveillé le lendemain matin, mon visage était gonflé de partout ! J'étais tout simplement bouffi de peur... L'horreur ! Cependant, le spectacle a été bien perçu. Je n'ai pas du tout entendu les gens rire, j'étais dans un état second. Tu sais, je voulais arrêter en plein milieu... J'avais des trous de mémoire... Mais, au final, je n'ai pas été pénalisé par ça, notamment parce que le spectacle était bien mis en scène.

Tout ça pour dire que je l'ai mal vécu.

Sais-tu d'où te vient ce débit de parole aussi rapide ?

Non. (Il réfléchit). Je vais être très prétentieux... Je pense que dans mon cerveau, ça mouline beaucoup. Et pour pouvoir dire tout ce que j'ai envie de dire, si je parlais doucement, ça prendrait 8 jours ! (Nous rions).

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Bon, en vieillissant, j'apprends un peu à la fermer parce que je vais t'avouer que j'en ai marre de m'entendre dire que je parle trop ! J'entends souvent : "Il parle beaucoup !"

Ce n'est pas que tu parles beaucoup, mais tu parles rapidement...

C'est vrai. D'ailleurs, dans mon spectacle, j'ai un passage là-dessus...

Oui, et il est incroyable...

Mais il a été très travaillé !

Ca, je m'en doute !

De façon naturelle, il n'est pas possible de parler aussi vite. Là, c'est de l'ultra-rapide. C'est à dire que si je bute sur une syllabe, le sketch tombe à l'eau. Il faut savoir qu'au départ, je faisais cette phrase en onomatopées. Et ça fonctionnait ! (Pour remettre dans le contexte, je suis chez une psy. Et juste avant ce fameux passage, j'explique au public ce que je vais dire à cette femme).

Donc, je faisais ce passage en onomatopées avec quelques grimaces. Puis,un jour, je me suis dit : "Et si je le faisais avec du texte, qui soit audible, mais juste à la limite de l'inaudible tellement ça va vite". Je l'ai donc fait et j'ai appris le texte syllabe par syllabe... J'ai dû le répéter dix mille fois pour arriver à le réussir de cette manière !

Le passage à 6'50...

Mais de temps en temps, il m'est arrivé de le louper, d'accrocher. Cependant, ça n'a pas nuit au sketch parce que ça va trop vite...

J'ai appris très récemment que tu as fait des publicités chinoises ? C'est vrai ?

(Il rit). Je n'ai pas fait de publicités chinoises mais, une semaine après être arrivé à Paris, j'ai fait une figuration pour un film chinois. Une énorme production avec le Depardieu chinois ! Pour l'anecdote, je me souviens que j'avais 14 jours de figuration et on me voyait en gros plan dans 7 personnages différents : le vendeur de légumes, le diplomate, etc... A un moment donné, j'ai appelé un mec de l'équipe et je lui ai demandé d'aller voir le réalisateur pour lui faire remarquer que ça risquait de nuire au film. Il m'a alors répondu : "Ne t'inquiète pas, en Chine, on vous voit comme vous nous voyez : tous pareils !" C'est pas génial ça ? (Nous rions) 

Désormais, ta carrière semble prendre un nouveau virage car tu tournes plus pour la télévision et le cinéma...

En effet !

C'est un concours de circonstances ou c'est un vrai choix professionnel ?

Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas l'impression de choisir quoi que ce soit. En fait, je prends un peu ce qui tombe ! En ce moment, je fais de la télé (La série "Duel au soleil") parce que c'est tombé comme ça. Ce n'est pas ce qui me plaît le plus.

C'est la scène ?

Non. C'est le cinéma.

Ah ? Tu aimes attendre...

(Surpris, il rit et m'adresse un regard complice)... Pas mal, ça ! Non. En fait, je n'aime pas attendre, mais si je dois le faire pour faire quelque chose d'intéressant, je veux bien.

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Attendre pour faire de la daube, non. Cependant, il m'arrive d'en faire quand même parce qu'il faut bien manger, et je n'ai aucune honte à le dire. Et puis il y a toujours des rencontres ! Mon tempérament est fait de telle manière que, que ce soit bon ou non, j'estime que c'est bon ! Et quand c'est mauvais, je pense qu'il y a un cadeau derrière à aller chercher... Voilà, c'est ma façon de fonctionner.

Ok. Tu estimes donc que tu as déjà fait des daubes ?

Ah mais j'estime que 80 % de ce que j'ai fait, c'est de la daube ! C'est pas compliqué. Quand je parle de daube, je ne parle pas du projet en lui-même, mais de mon travail. Je ne juge jamais le travail des autres.

Tu n'es jamais content de toi ?

Rarement.

Même après un One man show ?

(Il réfléchit)... Après un one man show, sur scène, il m'est arrivé d'avoir une grande joie que ce se soit terminé et bien terminé, qu'il n'y ait pas eu d'embûches et que tout ce que je devais faire ait été respecté. Dans ce cas, j'ai eu une joie professionnelle. Mais ce n'est pas une histoire d'égo. Etre content professionnellement, c'est respecter mon cahier des charges dans la direction que j'ai choisie. Et je fonctionne au pourcentage... Si je suis content à 70 % de ce que j'ai fait, alors je suis très heureux.

Je vais maintenant te parler du film "Les anonymes", de Pierre Schoeller, dans lequel je t'ai trouvé absolument génial...

 

Merci.

C'est sincère et si tu me connaissais mieux, tu saurais que je ne passes jamais la brosse à reluire... Tu exploses littéralement dans le rôle d'Alain Ferrandi. Je suppose que ça a été une bonne expérience ?

Énorme ! Mon fait d'armes ! Et ce sera peut-être le seul, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve... Mais je l'aurais fait une fois. J'aurais connu au moins une fois ce que c'est que de travailler avec un formidable réalisateur, un Monsieur, tant professionnellement qu'humainement ! Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre ça dans le métier ! Il y a de très bons pros et de vrais cons, et le contraire aussi... Bon, tu me diras qu'on est toujours le con de quelqu'un... Certains sont les miens... En revanche, l'expérience avec Pierre Schoeller a été fantastique parce que j'ai été constamment dans mes petits souliers. J'ai douté du début à la fin.

J'ai été encensé par beaucoup de gens et critiqué par d'autres suite à mon interprétation d'Alain Ferrandi. Parce que mon jeu était un peu "robotisé". Mais c'était les indications de jeu ! Et quand on me connait, on sait que c'est en contre-emploi total avec ce que je suis dans la vie !

Tu as reçu des critiques négatives ?? (Je me moque)... C'est n'importe quoi !

Pas sur le film, qu'ils ont trouvé réussi, mais sur ma prestation... Et sur certains points, je suis un peu d'accord avec eux, l'adjectif revenant le plus souvent étant "monocorde"... Or, nous en avons beaucoup discuté avec le réalisateur...

(Je le coupe) Mais c'était incontournable ! C'est ce qui donne de la puissance à ton personnage ! Tu vois immédiatement que personne ne pourra rien tirer de cet homme décidé à aller aux bouts des choses...

Absolument ! C'est tout à fait ça ! Je vais te dévoiler l'indication de jeu de Pierre Schoeller : "Tu fais comme s'il savait qu'il allait se faire arrêter, qu'il avait préparé tout ce qu'il allait dire, qu'il avait tout appris par coeur, et tu me transcris ça sans émotions, droit et plat".

Et c'est tout à fait réussi !

Totale confiance en Pierre Schoeller. Je me suis laissé emmener là où il désirait que j'aille. Et je rêve de retravailler avec lui !

Remarque, il t'a offert un sacré rôle !

Un vrai cadeau. Cependant, il n'y a pas eu que moi. Ca fait un peu "Jacques Martin" de dire ça, mais tout le monde s'est donné à fond ! Nathanaël Maïni est formidable, Jean-Philippe Ricci, qui joue Yvan Colonna, est incroyable, et les autres aussi ! Pierre-Laurent Santelli, Cyril Lecomte qui joue Allessandri... Tout le monde a fait un super travail mais... ça part de ce réalisateur ! Et surtout... de l'écriture, qui, pour le coup, est en place, ce qui n'est pas le cas de partout... (Il esquisse un léger sourire)

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Au fond de toi, quel est ton sentiment réel sur cette affaire ?

(Il réfléchit longuement)... C'est une question difficile, parce que mon opinion a fluctué... Je n'ai donc pas de réponse précise... Pour être tout à fait honnête, quand cette affaire a éclaté, j'ai été choqué, comme tout le monde. Cependant, ça correspondait avec ma montée à Paris et j'avais d'autres préoccupations que ce qui se passait dans le Monde... J'étais centré sur ma petite personne pour bouffer et avancer. Je suivais donc ça de loin. En vérité, j'ai découvert cette affaire quand j'ai fait le film. Je m'y suis intéressé d'un peu plus près... J'ai en plus été servi par Pierre Schoeller qui a fait un travail de renseignements colossal et stupéfiant de minutie.

(Il me fixe droit dans les yeux) Ta question précise serait "Est-ce que Colonna était dedans ou pas ?"

Par exemple...

Et bien à certains moments, je pensais oui, et d'autres non. Et encore aujourd'hui, mon opinion fluctue. Tu sais, pour lui, comme pour les autres, ce n'est pas terminé. Ils sont en prison pour longtemps. C'est un dur chemin de vie.

Pour moi, ca a été très particulier d'aborder le rôle d'un homme qui est en prison pour ses faits, et qui est toujours en vie. Un rôle contemporain. Au début, je n'étais pas très à l'aise. Puis, finalement, ça s'est aplani et j'ai pu travailler correctement.

Maintenant qu'on a abordé les diverses sensibilités de jeu, tu pourras sans doute me répondre : te sens-tu plus à l'aise dans la comédie ou dans le drame ?

(Il se prend la tête dans les mains)... Oh putain !

(Je le coupe) Tu peux m'appeler Max si tu préfères...

(Il rit)... D'accord Max ! Tu ne vas pas le mettre ça ?

Ben si !

(Nous rions de plus belle)...

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Ok... Alors, voilà ce que je pense : naturellement, je voudrais faire de la comédie parce que c'est ce qui me plait le plus ! Or, on ne m'en propose jamais ! Alors que, prétentieusement, je pense que j'ai des prédispositions pour ça !

Il se trouve que j'ai la possibilité de faire du drame. Un exemple : lorsque j'ai su que j'interprétais le rôle d'Alain Ferrandi dans "Les anonymes", j'ai téléphoné à un ami comédien en lui disant que c'était un rôle à contre-emploi. Il m'a répondu : "Pas du tout ! La gravité que tu as quand tu joues, tu l'as en toi. Sauf que tu la masques par un caractère extraverti". Je me suis effectivement interrogé sur la question...

C'est un coup à aller chez le psy...

Oui. Et bien je fréquente les psys et j'adore ! Alors, je me suis posé la question et je pense que, comme tous les gens qui aiment déconner, qui sont extravertis, qui rient tout le temps et qui parlent beaucoup, je doute de tout, tout le temps... Ma grand-mère était comme ça. Elle riait même dans le drame. C'est peut-être une façon de masquer une forme de pudeur... Je ne sais pas.

En tout cas, très prétentieusement, je pense que je peux jouer les deux, mais il faut qu'on me les propose...

Et en ce qui concerne l'efficacité ? En comédie, c'est un terme qui revient régulièrement...

Je pense que je peux être très efficace en comédie. Ecoute, on va finir par le savoir... On ne m'en propose pas, mais je vais finir par en écrire et on verra si je suis aussi efficace que je le pense.

Le drame, c'est plus consensuel. Quand c'est dramatique, c'est dramatique ! Un enfant qui se fait renverser devant toi, c'est un drame pour tout le monde, il n'y a pas matière à discuter ! Le rire, c'est plus subjectif... Moi, je vais te faire rire, mais un autre dira qu'il n'aime pas ça. Faire rire est plus dur que de faire pleurer, ça, c'est sûr.

Faire rire, ça t'a aidé au niveau séduction ?

Franchement, je ne sais pas. (Il réfléchit)... Il y a forcément quelque chose de cet ordre là, ce n'est pas ma beauté fracassante qui y est pour quelque chose ! (Il rit). Quelqu'un a dit "Femme qui rit, femme dans ton lit". J'ai pu vérifier que ce n'est pas toujours le cas... (Nous rions).

Quels sont tes projets ?

(Il rebondit aussitôt) Faire rire de plus en plus de femmes ! (Nous rions). Je déconne... Des projets, je n'en ai pas. En revanche, j'aimerais me rebooster. Je vais donc passer plus de temps à Paris l'hiver prochain pour essayer d'avancer. J'ai commencé à écrire que ce soit pour la scène ou pour des courts, voire longs métrages, parce qu'on ne me propose pas ce que j'espère, et je peux le comprendre parce qu'il y a beaucoup de gens talentueux sur le marché.

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On ne me propose même rien qui s'en approche... Moi, j'aime être investi dans ce que je fais, même si c'est un petit rôle. Exemple : j'ai une scène dans "Les héritières" d'Harry Cleven avec Jacques Weber. J'ai cinq répliques, mais elles sont denses. Quand je sors d'une journée comme ça, j'ai l'impression d'avoir fait le métier que j'ai choisi. Je discute avec le réalisateur, je joue, ça ne lui convient pas, il vient, il me titille, il me pousse dans mes retranchement et à la sortie, il a ce qu'il veut. Ca, c'est le métier que j'ai choisi ! Ca, ça me plait !

Après, il y a d'autres choses que je fais, qui sont alimentaires. Dans ce cas, je fais ce qu'on me demande de faire, au mieux de ce que je peux, mais avec beaucoup de frustation artistique. Je n'ai pas peur de le dire, c'est le cas. Je me dis donc que, pour éviter d'être frustré, il serait temps que, pour employer une expression triviale, je me "sorte les doigts du cul pour avancer". Peut-être aussi que je ne travaille pas assez...

Tu parlais d'écrire... Tu veux dire scénariste ?

Ben oui.

Réalisateur ?

Ben oui. Exactement. Alors, je vais y aller pas à pas, parce que je suis très soucieux de faire quelque chose de qualité, même si c'est un premier jet. Comme j'ai un gros manque de confiance en moi, je suis un diesel. Je vais très, très lentement, mais je le ferai ! J'ai déjà écrit un court métrage que je vais essayer de réaliser. J'ai deux amies, Coco Orsoni et Marie Murcia qui en ont réalisé et quand je vois les filles le faire, ça me donne envie de m'y coller aussi ! 

Je veux prendre le temps de travailler. Mais comme je suis un peu "Speedy", ma démarche est un peu antinomique. Il faut que je force ma nature ! Moi, je suis un oisif. Je ne m'ennuie jamais, même si je ne fais rien ! Par exemple, je peux rester toute une vie sur la plage avec toi, à refaire le Monde cent fois, à boire des coups et à bien manger, à se promener et à faire du sport. Tout va bien ! Mais toujours en étant actif, faire des choses, m'intéresser..

Tu sais, peut-être qu'un jour je ferai un autre métier... Tout est possible ! On ne sait jamais, si un jour, un autre m'intéresse... (Il réfléchit)... Mais celui là me plait bien quand même... Et puis, comme on dit : "Comédien un jour, comédien toujours"... Il faut savoir que ce métier est quand même dur... Et encore, je fais partie de ceux qui travaillent ! Je ne me plains donc pas mais ça ne me suffit pas !

Et bien je salue ta franchise et je te remercie de m'avoir reçu.

Mais c'est moi qui te remercie.

Reportage photo réalisé par Erica Lavalle

Reportage photo réalisé par Erica Lavalle

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C
Interview que j'ai eu plaisir à lire tant elle respire la bonne humeur et une certaine connivence. Merci Maxou de nous faire découvrir une personne talentueuse, inconnue pour ma part sur le Continent. J'ai beaucoup ri à regarder le sketch, quelle performance ! Je vais être maintenant plus attentive à votre parcours, Monsieur Ferrari, me procurer rapidement "les anonymes" et vous faire connaitre autour de moi, car je vous trouve sympathique et respectueux de votre travail.
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B
Super moment de lecture ! Merci "SOS MOVIES" de nous faire partager votre passion d'une manière aussi fluide et aussi franche. Ca fait du bien ! Mr Ferrari, vous me semblez une personne attachante dont je suivrais désormais la filmographie...
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Q
J'adore ! Une de mes interviews préférées du site ! <br /> Didier Ferrari semble être quelqu'un de simple, naturel, souriant et abordable. Je prends plus de plaisir à regarder un acteur jouer lorsque je sais qu'il vaut aussi le coup humainement. <br /> On sent qu'il est exigeant envers lui-même et ça, ça se voit à l'écran.
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C
Je n'ai pas honte de dire que "SOS MOVIES" est devenu mon site de référence. Les critiques de films sont de qualité et les interviews sont un pur régal. Celle de Didier Ferrari vient s'ajouter à une longue liste d'interviews qui nous font découvrir une autre face des comédiens. J'avoue humblement que je ne connaissais pas cet acteur mais la découverte n'en est que plus agréable. Je guetterai désormais les apparitions de cet acteur infiniment sympathique... Merci encore et vivement la prochaine !
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J
J'ai passé un très bon moment devant votre interview. Je prends toujours autant de plaisir à découvrir vos articles et encore une fois, cette interview n'a pas dérogé à la règle. De plus, le passage vidéo du spectacle de Mr Ferrari m'a scotché ! Quel débit ! Par contre, je n'ai pas vu "les anonymes" mais je vais tout faire pour me le procurer. En tout cas, merci pour votre précision et votre professionnalisme !
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