EN LIVE AVEC LES STARS !

Publié le par corsu61

Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.

Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférés, et je vous joins les interviews correspondantes.

Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.

N'hésitez pas à me laisser vos commentaires pour me relater vos
impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...

Aujourd'hui :

EN LIVE AVEC LES STARS !

Lundi 05 octobre 2015. L'acteur est l'invité du festival Arte Mare de Bastia (dont je me dois de signaler l'excellente organisation).

Il a cordialement accepté de me rencontrer et rendez-vous est pris dans l'enceinte du théâtre. Lorsqu'il se présente à moi, Sami Bouajila arbore un grand sourire et se montre d'emblée tout à fait sympathique et ouvert. Après nous être installés, nous pouvons commencer l'interview...

Père peintre en bâtiment, mère femme de ménage... Qu'est ce qui vous a poussé vers le métier du spectacle ?

Dans le spectacle, je ne sais pas, mais mon père était très cinéphile. C'est donc lui qui m'a fait découvrir le cinéma.

Vous avez énormément tourné avant de finalement exploser dans "Indigènes". Comment avez-vous vécu ce succès soudain ?

(Il réfléchit)... Alors je vais vous répondre sans flagornerie aucune. J'ai les pieds sur terre ! Je ne suis pas dupe du côté "strass et paillettes" du métier. Avant "Indigènes", j'avais une trentaine de films derrière moi, la plupart en y tenant des rôles principaux. Cela faisait une bonne vingtaine d'années que j'étais dans le métier, alors quand le succès est arrivé, j'étais bien content, mais pas dupe pour deux sous. En revanche, la reconnaissance m'a fait du bien. Ca m'a touché.

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Pas dupe ?... C'est-à-dire ?

Parce que le métier d'acteur est un métier... j'allais dire éphémère mais ce n'est pas le cas... (il réfléchit)... On est à la merci du désir des autres. Un jour, on est là et le lendemain, on peut ne plus l'être ! On a plein d'exemples devant nous ! Je vais prendre celui d'une personne extraordinaire, que je connais et que j'adore... Elle a démarré en même temps que moi : Sandrine Kiberlain ! En ce moment, elle est au top mais elle a eu une grosse traversée du désert pendant laquelle on la voyait moins. Ca, c'est le métier d'acteur.

Vous croyez que c'est une question de choix ou de propositions ?

Ni l'un ni l'autre... Ca peut être des choix de vie... A un moment donné, on peut vouloir faire un break et ensuite, quand on veut réattaquer, on n'a plus la main...

En ce qui me concerne, je suis tellement marginal dans ce métier ! Je ne suis pas à la mode, je ne suis pas mondain. Je dirais que je suis un vrai artisan dans ce boulot ! Je fais mon métier, je ne vis pas dans Paris...

(Je le coupe)... Mais dans l'Isère, dans un tout petit hameau...

Tout à fait. Dans la montagne.

Si j'étais metteur en scène, comment faudrait-il que je m'y prenne pour obtenir le meilleur de vous ?

En me donnant comme partenaire Nicole Kidman ! (Nous rions).

Je cerne mieux vos références ! (Je ris). Et je suppose que c'est uniquement pour ses dons d'actrice ?

Evidemment ! Vous pensez à quoi d'autre ? (Il rit).

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Il paraît que vous êtes un colérique ?

Oui. Faut pas me faire chier !

Mais ça vous vient d'où ?

Je n'en sais rien ! (Il rit).

A vous voir comme ça, on a du mal à l'imaginer...

C'est pourtant comme ça. C'est mon tempérament !

Je voudrais que vous me racontiez votre aventure Hollywoodienne. Vous avez tourné dans "Couvre-feu" d'Edward Zwick, avec Bruce Willis et Denzel Washington. Le travail est-il vraiment différent Outre-atlantique ?

Oh oui !

A quel niveau ?

Comme on l'imagine : à l'américaine ! (Il réfléchit)... Ils sont supers ! Ce sont des pros dans l'âme. Je n'aurai pas les mots pour vous le définir, mais c'est vraiment comme on l'imagine. Ils valorisent chaque poste, tout est très constuit. Il faut dire aussi que les moyens sont tout autres, c'est une vraie industrie... En plus, "Couvre-feu" était un film à énorme budget, avec des stars. Ce qu'ils appellent "L'entertainment", ils en ont fait plus qu'un métier ! Ils le font de manière passionnelle.

Il y a aussi le fait que tous les anglo-saxons ont une autre école d'acteurs. Nous, on vient de la nouvelle vague, où on démystifie un peu le truc... Le naturalisme et le réalisme peuvent prendre le dessus... Aux Etats-Unis, on sacralise le jeu d'une autre façon et ça prend une autre ampleur. En tout cas, cette expérience a été magnifique.

Vous avez tourné plus de drames que de comédies. Est-ce un choix ?

Non. Je ne maîtrise tout simplement pas mes propositions. Après, effectivement, je me suis d'instinct enquillé dans le drame, avec des rôles assez forts dès le départ, du genre "Bye-bye" de Karim Dridi, ou d'autres après... Et j'ai pris mon pied là-dedans ! Alors voilà, il y a un sillon qui est creusé, d'autres peuvent suivre. Mais je m'éclate autant dans les comédies, encore faut-il trouver les bonnes !

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Parlons d'"Omar m'a tuer"...

Sacré comédie ! (Nous rions).

Vous avez interprété le rôle d'Omar Raddad. Ca a été compliqué pour vous ?

Non. Pas du tout ! Ca a été du bonheur ! Pourquoi ? Parce que j'ai tourné avec une équipe (je parle autant du réalisateur que de l'équipe technique) avec laquelle j'ai fait trois films. On était en famille ! Y compris la production ! C'était celle d'"Indigènes" et d'"Hors la loi". On se connaissait donc par coeur. Ensuite, j'ai eu le temps de voir venir le projet parce qu'avec Roschdy Zem, on en parlait depuis un moment. Et lui, me faisait une confiance aveugle, ce qui était d'ailleurs réciproque. J'ai donc pu préparer mon rôle, j'avais mes dates... Je suis arrivé sur le plateau et on s'est enfermés pendant 8 semaines, puis, plus tard, 3 semaines supplémentaires.. C'était un film de troupe.

Vous avez été maintes fois récompensé, que ce soit à Cannes ou aux Césars. Que pensez-vous de ces cérémonies ?

Les Césars ? On est content quand on en a un ! (Il sourit).

J'ai lu quelque part que vous avez déclaré : "Ca ne rend pas bankable"...

Non.

Pourtant, d'autres artistes à qui j'ai posé la question m'ont déclaré le contraire...

Ah ? Peut-être... Ca dépend de qui ! Par exemple, je pense qu'Omar Sy est devenu bankable à partir du moment où il a eu le sien. En même temps, il avait un tel capital sympathie qu'avec ou sans César, il serait devenu ce qu'il est maintenant...

Parce que vous estimez ne pas avoir de capital sympathie ?

Si, mais pas de la même façon que lui parce qu'Omar est rentré chez les gens depuis une vingtaine d'années par l'intermédiaire de la télévision, de manière quotidienne et à travers la comédie. Je commence à être populaire maintenant, et j'ai un capital sympathie, mais de par ma filmographie et de manière différente, simplement à travers les personnages que j'ai pu incarner, ou les messages qu'ont pu véhiculer mes films. Il faudrait peut-être que je fasse un "Indigènes bis", en faisant trois millions et demies d'entrées pour que les choses changent et que je devienne bankable... C'est d'ailleurs ce qui s'est passé pour Omar ! Avant, il n'était que sur des films d'auteur, y compris Toledano et Nakache qui s'inscrivaient, malgré les comédies, dans les films d'auteur.

Je vais attaquer un sujet beaucoup plus sensible... L'islamophobie grandissante en France vous fait-elle peur ?

(Il se ferme, souffle, et se montre très agacé)... Oh là là... Mais par quel bout on la prend cette question ? Non, non...

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Ce qui m'intéresse, c'est votre point de vue et le point de vue de l'artiste. Normalement, les artistes s'engagent... Mais vous pouvez tout aussi bien ne pas me répondre si vous ne le souhaitez pas, il n'y a aucun souci...

(Il se reprend)... Je ne saurais pas quoi vous répondre... (Il réfléchit)... Je vais vous dire un truc : moi, ça me gave quand on me sort ça ! Quand j'étais jeune, à peu près 16 ans, je vivais dans les quartiers et nous avions des éducateurs qui s'occupaient de nous. On l'a vu arriver l'Islam de ce qu'ils appelaient à l'époque "les foyers Sonacotra" ! Les barbus, quoi !! 

Après, j'ai enquillé moults et moults rôles ou films qui dénonçaient le décalage de la société française par rapport à sa communauté et à ses citoyens.

Le temps qu'il nous a fallu à nous pour, un : nous décomplexer de notre ghetto mental, et deux : comprendre qu'on était citoyens français à part entière...

Evidemment !

(Il me coupe et me fixe droit dans les yeux tout en me prenant le bras). Vous dites "Evidemment" avec beaucoup de facilité... Mais si vous écoutez ce qui se dit, ça ne l'est pas encore pour beaucoup de français ! Parce qu'il y a un choc des cultures que la société française et le système n'a pas su, et surtout pas voulu (parce que c'est une volonté politique) assimiler. Il aurait fallu que ce métissage s'assimile de par une volonté politique, avec un outil qui s'appelle l'Education Nationale, qui éduque ses futurs citoyens sur un socle commun, avec une identité commune, et dans laquelle il n'y aurait pas une cission telle qui peut y avoir maintenant ! 

Il n'empêche que, quand bien même et dans le meilleur des cas on aurait fait ça, l'Islam politique fait des ravages partout ! Pas que chez nous, en Occident, mais d'abord, et avant tout, dans les pays arabes ! Il faut donc faire la part des choses ! En revanche, la France, qu'elle le veuille ou non, a réussi à créer un terreau propice à beaucoup de jeunes qui se sentent exclus.

 

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(Il surenchérit en insistant soigneusement sur chaque mot)... Non ! Excusez-moi, ce ne sont pas seulement ces jeunes là qui se sentent exclus, mais leurs pères, leurs grands-pères et leurs arrières-grands-pères avec eux ! Donc, qu'on ne soit pas surpris, après, qu'il y ait des travers qui se passent. Ca s'explique et ça pouvait s'expliquer il y a cinquante ans ! Les sociologues auraient pu en parler ! Plutôt que de stocker les gens dans des cités dortoirs et de faire deux poids deux mesures avec ses concitoyens...

Votre réponse est parfaitement claire.

Voilà. Mais ce n'est pas nouveau...

Pour finir, vous vivez donc dans la montagne iséroise... caché... non ! pas caché...

(Il sourit)... Dans un petit hameau !

Au calme ! Vous allez aux champignons avec votre ami Jules... Pour vous, c'est finalement ça la vraie vie ?

Ah punaise, c'est une bonne question ça ! (Il réfléchit)... J'ai tellement rêvé et été persuadé que ça allait être ça... Et ça l'est mais... (Il hésite et réfléchit encore)... Un acteur, en tout cas en ce qui me concerne, c'est toujours le feu sous la glace... Je ne suis bien que sur un plateau de tournage !

Après, je rentre chez moi. C'est mon havre de paix, bien sûr, mais je ne vis, je ne m'épanouis et je ne m'exprime qu'à travers un plateau. C'est mon métier qui me passionne ! Je ne peux rentrer chez moi serein que quand je sais quand je vais de nouveau tourner !

Ok. Et bien il me reste à vous remercier de m'avoir reçu.

Mais merci à vous. C'était une très bonne interview.

C'est gentil à vous de me le dire.

 

EN LIVE AVEC LES STARS !

Reportage photo réalisé par Erica Lavalle

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L
C'est pour ça que j'aime votre site ! Curieuses, intéressantes, quelquefois impertinentes, jamais négatives, vos interviews ne ressemblent à aucune autre et nous offre un chouette moment de lecture. Enfin un journaliste qui ne se dégonfle pas devant les célébrités ! Et bravo aussi à Vous, Monsieur Bouajila, qui n'avez par reculé devant l'exercice ! On en redemande !
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G
Une interview très interessante. Je découvre cet acteur sous un autre angle. J'en profite pour saluer également le fait que vous ne rechigniez pas à poser les questions sensibles... Bravo et merci !
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P
Mais oui vous l'avez notre capital sympathie et je vous souhaite beaucoup de films. Interessante interview.decidement Corsu tu nous trouves des tresors dans les hameaux caches (d'ou je viens aussi)
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P
Mais oui vous l'avez notre capital sympathie et je vous souhaite beaucoup de films. Interessante interview.decidement Corsu tu nous trouves des tresors dans les hameaux caches (d'ou je viens aussi)
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