EN LIVE AVEC LES STARS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférés, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos commentaires pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
Aujourd'hui :
23 octobre 2015. Le comédien est présent à l'espace culturel de Biguglia afin d'y interpréter la pièce de théâtre "Des gens intelligents", Molière de la meilleure comédie en 2015.
Rendez-vous est pris à son hôtel, à 18 heures. Gérard Loussine arrive pile à l'heure et se montre d'emblée tout à fait charmant et affable. Totalement décontracté et appréciant visiblement le contact humain, il s'installe confortablement près de la piscine afin que nous puissions nous entretenir dans un cadre agréable. Loin du star system et réfractaire à toute prétention, il va se livrer en toute franchise et en toute simplicité...
Mr Loussine, merci de me recevoir,
Mais je vous en prie. C'est également un plaisir pour moi !
Est-il vrai que vous avez choisi le métier de comédien parce qu'on pouvait se lever à partir de dix heures du matin ?
Même plus ! (Il sourit). Je vais vous dire la vérité... Jeune, je me suis retrouvé en pension pendant 7 ans et, tous les matins, on me tirait les draps à 6h30 ! Je me suis donc juré que, plus tard, je ferai un boulot dans lequel on n'a pas d'horaires !
Ca vous a marqué tant que ça ?
Oh que oui !! Et je vais même vous en dire plus... Vous savez ce que je faisais le week-end, quand je rentrais chez mes parents ? Et bien je mettais mon réveil à 6h30 exprès pour pouvoir appuyer dessus quand il sonnait. Et aussitôt après, je me rendormais ! Dans ma tête, j'ai toujours voulu ne pas me lever tôt, ne pas savoir ce que j'allais faire le lendemain. J'ai donc voulu faire le métier de comédien parce qu'il collait bien à l'image que je me faisais de ma vie. Et si, en plus, je pouvais gagner un peu de sous (ce qui est arrivé), c'était encore mieux !
Vous cumulez cinéma, télévision, théâtre. Cela fait de vous un comédien très connu du grand public...
(Il fait la moue)...Très connu je ne sais pas, mais les gens connaissent ma tronche !
Pourtant, très peu savent que vous êtes également compositeur et chanteur...
Oui, mais parce que je n'envoie pas de cartes postales ! (Il sourit). J'ai effectivement fait beaucoup de musiques de films et de séries télé. J'ai toujours fait les deux. J'aime ça. Je n'ai jamais été une vedette dans quoi que ce soit, mais j'ai toujours fait des choses. Par exemple, lorsque je tournais dans un téléfilm, je demandais au metteur en scène "T'as quelqu'un pour faire la musique ?". Il me répondait que non alors je lui proposais de lui faire des maquettes. A l'époque, nous avions un petit studio d'enregistrement, avec un pote. Comme je connaissais bien le scénario du téléfilm, je réfléchissais sur un truc sympa... Et j'ai fait ça pendant des années, jusqu'en 2002, année où j'ai finalement arrêté le studio.
A quel âge avez-vous commencé la musique ?
Jeune. Vers 13-14 ans, j'ai appris la guitare. Et je joue toujours, chez moi. Je ne suis pas un génie, mais je me régale. J'ai d'ailleurs fait des 45 tours !
Je suis au courant. D'ailleurs, je voulais vous demander si c'était vous qui choisissiez le titre de vos chansons...
(Il rit).. Je vous vois venir. Vous voulez parler de "Mieux vaut ses cils que ses seins" ? (Nous rions)... Oui, c'est moi ! Vous l'avez écouté ?
Bien sûr ! C'est pour ça que je vous en parle ! (Je ris)
C'est un peu con... On avait décidé de faire un truc avec des proverbes. Ca n'a pas marché du tout mais on s'est bien marré !! D'ailleurs, mon fils m'a dit qu'on pouvait trouver la chanson sur "Bide et Musique" ! (Nous rions)
Je me suis toujours bien marré à faire les trucs qu'on a fait ! Les treize 45 tours que j'ai fait, j'ai bien rigolé avec ! Après, si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. En 1981, j'ai même fait un 45 tours avec Patrick Bruel ! Un truc qui s'appelait "Le petit pétard", avec en plus les mecs du groupe "Chagrin d'Amour". Patrick produisait et moi je chantais.
Revenons à la comédie. Vous avez joué sous la direction de monstres du théâtre français : Jean Le Poulain, Robert Dhéry...
J'ai fait cinq ou six spectacles avec Robert.
Est-ce que ça s'est toujours bien passé ? On sait que les hommes de cette trempe ont un caractère un peu... spécial...
Ce n'était pas facile, en effet. Mais ça s'est toujours bien passé parce qu'ils étaient droits comme des U ! (Il rit). Le couple Robert Dhéry et Colette Brosset était particulier. Lui était un peu lâche... Par devant, il disait toujours que c'était bien et par derrière, il disait à Colette : "Va lui dire que ça ne va pas !" (Il sourit). Mais j'ai appris énormément avec eux et je leur dois beaucoup. Moi, je suis un comédien qui a appris sur le tas.
Et Jean Le Poulain ?
Ah Jean... Il était particulier. A chaque fois, il me mettait la main au cul avant de monter sur scène. C'était un peu chiant ! (Il rit). Mais on apprend plein de trucs avec ces mecs là ! C'était des gens qui vous mettaient en avant ! Aujourd'hui, tout le monde se fait un peu la guerre...Moi, j'ai 64 ans et...
(Je le coupe) C'est hallucinant comme vous ne faites pas votre âge !
J'ai de la chance. Mais c'est peut-être parce que je ne les aurai que dans un mois ! (Nous rions).
Ce que je veux dire, c'est que maintenant, je n'aspire plus qu'à monter des pièces avec mes potes Marc Fayet et José Paul. On fait nos trucs, et c'est de plus en plus difficile parce qu'aujourd'hui, tout le monde veut des vedettes partout !
Moi, j'aime l'idée de groupe. Avec la troupe des Branquignols et Robert Dhéry, en 1977, il y avait des gens comme Pierre Olaf, Christian Duvaleix, Jacques Legras, Micheline Dax, Roger Cassia, Gérard Calvi... Des gens que j'adorais ! Aujourd'hui, ils sont tous morts. Il n'y a plus personne.
Je ne me considère pas du tout comme une vedette. Les gens connaissent ma tronche, mais c'est tout. Vous savez quoi ? Dans les années 1980, je faisais partie de l'équipe de "L'académie des neuf", avec Jean-Pierre Foucault. Et comme personne ne me connaissait, les vedettes qui me voyaient me prenaient pour le porteur de café !! C'est uniquement quand ils me voyaient dans la grille qu'ils savaient qu'ils s'étaient trompés ! C'est d'ailleurs comme ça que j'ai repéré les enfoirés et les gentils ! Et ça a toujours été comme ça pour moi !
Comme disait Laurent Ruquier, avec lequel j'ai bossé un an sur Europe 1 : "Il n'y a jamais d'articles sur vous, rien. Mais les gens vous reconnaissent quand même dans la rue !". Et c'est vrai. C'est comme ça. Mais ça me plait bien !!
Ca vient du fait que vous avez tourné dans des films populaires...
Oui !
"Pinot simple flic" !
Oh là là. "Pinot", c'était en 1983 et on m'en parle encore !
Et c'est pareil pour "H", la série dans laquelle je jouais un producteur de films pornos... Les mômes m'en parlent encore ! C'est mignon. Ca me fait hyper plaisir.
Sans fausse modestie, je suis content que les gens me reconnaissent, mais sans plus, et je trouve que ma vie est vachement bien comme ça. Etant donné que je suis assez "glandu", j'aime bien vivre tranquille. J'ai toujours bien gagné ma vie, de façon correcte. Je n'ai jamais voulu avoir plus que ce que j'avais. On me connait, c'est bien, on ne me connait pas, ce n'est pas grave...
Vous n'avez jamais connu de traversée du désert ?
Jamais.
Je touche du bois ! Bon, c'est un peu tard parce que je touche ma retraite ! J'ai eu la chance de faire des voix de publicités (j'appelle ça mon loto), à la télévision et à la radio, pendant 25 ans !
(Je le coupe)... Alors justement, j'ai une question sur la publicité ! Etait-ce un choix ou simplement parce que cela mettait "du beurre dans les épinards" ?
C'est tout simplement tombé par hasard ! Et après, ce n'est plus un choix parce que les gens vous appellent ! Vous gagnez vachement bien votre vie en faisant ça. Pourquoi refuser ? Pendant que je faisais ça, je continuais à faire du théâtre, etc... J'ai adoré faire ça ! C'était rigolo.
En fait, j'ai eu de la chance.
La chance ne fait pas durer une carrière pendant plus de 40 ans !
Effectivement. Il faut avoir un peu, non pas de talent, mais de... (Il réfléchit)... Je dis toujours qu'à égalité de boulot avec un autre acteur, le capital sympathie que vous avez auprès du public fait la différence. Je crois beaucoup à ca.
En regardant en arrière, avez-vous des regrets ?
Ne pas avoir poussé plus loin dans la musique, parce que c'est ce que j'aime le plus, finalement. Etre sur scène avec mon groupe et chanter. J'étais assez fainéant et ce qui me plaisait, c'était de faire des disques, sans chercher à vouloir percer.
En 1981, j'étais beaucoup avec Patrick Bruel. Il n'était pas encore connu. Quand on rentrait dans un restaurant, et malgré le fait que personne ne le connaissait, tout le monde le regardait ! Il avait quelque chose, une sorte d'envie. Une vraie envie ! Mais c'est un grand malade ! Vous savez, ces mecs là ont peur de mourir ! Et comme ils ont peur de mourir, il faut qu'ils soient en activité 267 heures sur 24 !! Moi, c'est l'inverse. Moins j'en fait, mieux je me porte ! Mais j'en fait ! C'est comme ça.
Aujourd'hui, tous ces mecs, que ce soit Dany Boon, Richard Anconina (qui était à mon mariage), Florent Pagny (qui faisait des choeurs dans mes disques), je n'envie pas leur vie parce qu'ils bossent comme des fous ! Et je les connais bien, tous ! Moi, je suis bien dans ma vie.
Quel comédien, ou comédienne, vous a le plus impressionné dans votre carrière ?
Il y a un mec que j'aime beaucoup, c'est Vincent Lindon. D'ailleurs, j'ai vu un reportage sur lui et lui aussi est un grand angoissé. Mais c'est un super acteur. J'aime aussi Jacques Gamblin. J'aime les mecs comme ça, discrets, qui tracent leur chemin sans faire de bruit.
Dans les plus anciens, l'acteur que j'aime le plus est Michel Aumont. Pour moi, c'est le plus grand. C'est un acteur génial que j'ai vu jouer au "Français", dans différentes pièces, et aussi dans des rôles qu'il tenait dans les films de Zidi... Il pouvait jouer un beauf, mais aussi des pièces de répertoire énormes, avec des rôles lourds.
Moi, j'ai fait une grosse série de 8 épisodes qui s'appelait "La commanderie", dans laquelle j'interprétais un moine tortionnaire. Ca n'a pas été beaucoup vu parce qu'aujourd'hui, il y a plein de chaînes. J'ai bien aimé faire ça mais on ne me propose pas assez ce genre de choses.
Vous avez récemment déclaré : "Aujourd'hui, c'est hyper difficile de tourner". Pourquoi ?
Parce qu'aujourd'hui, les critères ne sont plus les mêmes. Avant, à mon époque, c'était le metteur en scène qui me choisissait. Il n'y avait pas de casting. Aujourd'hui, il y a des castings et des sous-castings ! On vous fait passer des essais pour ouvrir une porte !! Je n'ai plus envie de faire ça.
En plus, on est dans la période du jetable. Il faut aller vite. C'est dommage. Vous savez, il y a une chose qui m'énerve quand je discute avec des jeunes : quand je leur demande ce qu'ils font dans la vie, certains me répondent : "Je suis intermittent". Mais "intermittent" n'est pas un métier ! Ils sont comédiens et ils ont la chance d'avoir ce statut d"intermittent". Moi, ça m'a beaucoup aidé à une époque.
Je voudrais revenir sur les séries télé. Vous en avez fait beaucoup : "H", "Maison close", "L'instit", "Soeur Thérère.com", "Maigret" etc...
(Il me coupe) Et avant, j'avais fait "Kick, Raoul, la moto, les jeunes et les autres", la première série qui s'intéressait au monde de la moto. C'était en 1979 et les gens de 40-45 ans m'en parlent encore aujourd'hui. C'était avec Mehdi.
Croyez-vous que c'est un avantage, pour un comédien, d'être multi-rediffusé, grâce à la télévision ?
(Il réfléchit) Je ne sais pas... Le seul avantage que j'y vois, c'est que le grand public ne vous oublie pas. Même s'il ne sait pas où il vous a vu... (Il rit).
Et pour les gens du métier ?
Oh, eux, ils s'en foutent ! Ils ne savent même pas que j'existe !
J'en doute... Parlons de quelque chose de plus léger... Comédien, ça aide vraiment pour séduire les filles ?
(Il sourit)... Alors je vais vous dire la vérité. Jeune, j'étais complexé par ma taille. Quand j'ai eu 21 ans, j'ai passé mon permis moto et je n'ai eu que des grosses cylindrées. Je me suis dit qu'avec ça, j'allais les impressionner. Ca n'a servi à rien ! (Nous rions). Par contre, à 13-14 ans, je jouais de la guitare, du Michel Fugain, et les copines étaient autour. Le problème, c'est qu'après, elles se cassaient avec d'autres mecs ! Moi, j'étais le bon copain sympa. Mais j'aimais bien !
J'avais préparé une question pour vous demander après quoi vous courez.... Mais je m'aperçois qu'elle est caduque car vous ne courez après rien. Je vais donc la reformuler... A 64 ans, quel est votre but ultime ?
De continuer à vivre comme je vis actuellement. Je n'ai pas de but artistique. Je sais que ce n'est pas génial de dire ça, mais c'est la vérité !
Mon but ultime, c'est de continuer à faire un peu de théâtre, comme je fais actuellement avec la troupe. On a réussi à monter "Des gens intelligents" et ça a été difficile, mais on y est arrivés. On a eu le Molière de la meilleure comédie ! C'est un vrai plaisir. On a fait "Un petit jeu sans conséquence" et on a eu 9 nominations et 5 Molières. Mon but, c'est finalement de pouvoir continuer à faire ça.
Vous n'en êtes pas à rêver de faire ce qu'on appelle "Le gros coup". Le film qui marque une carrière ?
Non. Je n'en rêve pas. Si ça arrive, tant mieux, mais si ça n'arrive pas, tant pis. Ce n'est pas très important pour moi. J'ai deux enfants qui sont grands, et ce que je veux, c'est qu'ils soient bien, eux. Avec leur mère, qui est photographe, nous sommes séparés depuis 20 ans et nous nous entendons très bien. Je veux donc qu'ils fassent des choses qui les rendent heureux, comme nous le sommes. C'est vraiment ça que je veux.
Et bien merci beaucoup de m'avoir reçu.
Mais je vous en prie. Merci à vous.