A LA RENCONTRE D'UN MAITRE...

Publié le par corsu61

A LA RENCONTRE D'UN MAITRE...

Aujourd'hui, "SOS MOVIES" vous propose une rencontre avec un des plus grands affichistes français : Michel Landi. De renommée mondiale, ce dernier a réalisé plus de 1 000 affiches de cinéma. "Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio Leone, "Predator" de John McTiernan, "La chevauchée fantastique" de John Ford, "Harem" d'Arthur Joffé, "Jamais plus jamais" d'Irvin Kershner, "Bullitt" de Peter Yates, "Duel" de Steven Spielberg, "Pulsions" de Brian de Palma, "Le loup-garou de Londres" de John Landis, "El Dorado" d'Howard Hawks, "Le plus grand cirque du monde" d'Henry Hathaway... et j'en passe... C'est lui !

 

jamais-plus-jamais affiche-fr   el dorado

 

 

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Michel Landi me fait l'amitié de me recevoir au sein de la cinémathèque de Corse par laquelle il est invité. Le rendez-vous est pris à 15h, et l'homme arrive pile à l'heure. D'entrée, il se montre courtois, d'une gentillesse et d'une disponibilité sans égal. De toute l'interview, rares seront les moments pendant lesquels il ne souriera pas. D'un naturel curieux, très ouvert, il ne fait jamais preuve de prétention et nous parle de son travail effectué durant plus de trente ans avec passion...

 

Les cinéphiles du monde entier connaissent vos affiches, mais ne vous connaissent pas. N'est-ce pas frustrant ?

 

Non. Vous savez, ce n'est pas l'affichiste qui fait le film.

 

Mais tout le monde connaît vos affiches !

 

Quand on a la chance d'avoir créé les affiches de films importants, les gens les connaissent et elles leur reviennent toujours en mémoire. D'ailleurs, il y a plusieurs années, une agence de pub m'a contacté pour réaliser une affiche. Les personnes qui s'en occupaient se sont révélées être trois jeunes filles, ce qui était agréable. (Il sourit). Elles m'ont fait venir et m'ont demandé mon book. Mais je n'ai jamais fait de book ! La première fois qu'une agence m'en a demandé un, j'ai répondu aux responsables que par définition, une affiche était sur les murs. S'ils n'en voyaient aucune, c'est que je n'étais pas intéressant !. Tout de même ! Etre une agence de pub, et demander un book à un affichiste...(il fait la moue). Mais pour en revenir aux trois jeunes filles, je me suis fait un petit book vite fait avec quelques affiches, et l'une d'elles m'a dit : "Ah tiens ? Cette affiche-là était au dessus du lit de mon copain !". D'un seul coup, je me suis dit que j'allais travailler avec elle car en plus, elle trouvait toutes mes affiches à son goût...

 

Comment se déroule une commande d'affiche ? Qui vous contacte en premier ?

 

Il y a plusieurs modes opératoires. En principe, c'est le distributeur qui est responsable de la publicité, qui la paie en premier (c'est le producteur qui paie au final mais c'est lui qui avance l'argent). C'est à lui que j'envoie mes honoraires. Mais on discute également avec le producteur, le réalisateur et même avec certains acteurs. 

 

Pourquoi avec certains acteurs ?

 

Ben, quand c'est Alain Delon... Et en plus, quand j'ai fait ses affiches, il était producteur ! Mais même quand il ne l'est pas, il garde un regard sur le travail. J'aime beaucoup travailler avec Alain. D'abord parce qu'il demande conseil. Ce n'est pas : "Moi, je !". On réfléchit ensemble sur l'affiche et c'est très agréable. En ce qui concerne les autres acteurs, c'est pour d'autres raisons. Quand j'ai fait les décors de certains films, car j'ai également cette corde à mon arc, il m'arrivait de faire des trajets en voiture avec des acteurs. Et à chaque fois, une phrase revenait : "Où est-ce que je serai placé sur l'affiche ?"... (Il rit)... Je les comprends, mais ça me fait rire...

 

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Et bien justement, parlons-en. Sur certaines affiches, les acteurs sont dessinés. Sur d'autres, ce sont leurs photos qui apparaissent. Pourquoi ?

 

Dans la plupart des cas, c'est mon choix. Mais je vais prendre le cas de "Harem", film pour lequel j'ai reçu le César du meilleur affichiste en 1985... Contrairement à l'affiche des "Trois mousquetaires" que j'ai faite dans la nuit, j'ai mis un an à faire celle de "Harem" ! Pourquoi ? Et bien au départ, j'avais lu le scénario ...

 

Ah bon ? On vous donne le scénario à lire ?

 

Dans certains cas, oui. Pour que je puisse me faire une idée. Donc pour "Harem", ils m'ont faire lire le scénario, envoyé des photos, mais il y avait surtout une contrainte : il fallait que le portrait des deux acteurs (Nastassja Kinski et Ben Kingsley)  soient surtout de la même grandeur ! C'était très important. Mais, et c'est ce qui se produit actuellement, si l'on met les portraits des acteurs et le titre, il ne reste plus beaucoup de place... Je ne voulais pas tomber dans ce travers et succomber à la banalité. Ça a traîné pendant un an. Je n'en voyais plus la fin et j'en ai eu assez. Je me suis dit qu'il fallait que je leur présente autre chose. Je me suis donc inspiré d'autres affiches avec des fonds très blancs, très clairs, avec des petits sujets... J'ai ensuite adapté l'image du harem. avec le voile... j'avais de l'avance sur mon temps, bien que ce ne soit pas les mêmes maintenant ! (Il rit)... Je suis donc allé à UGC présenter le résultat. Là bas, il y avait Jean-Luc Defait qui s'occupait de tous les films étrangers, Alain Sarde, le producteur, et Georges Cravenne qui passait par là pour une autre affaire. Cravenne et Defait trouvaient l'affiche formidable, mais Sarde n'était pas chaud car le contrat stipulait que les deux visages devaient apparaître...

 

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C'était stipulé par contrat ?

 

Et oui. Alors nous avons défendu la chose en mettant en avant qu'il était impossible de reconnaître Nastassja Kinski en ne distinguant uniquement qu'un oeil et sa bouche. Ce n'est pas l'actrice elle-même que l'on voit, mais plutôt un symbole... Et il a fini par accepter. Manque de chance, le film n'a pas bien marché. Je n'avais pas vu le film !  J'ai passé une année à travailler sur l'affiche d'un film que je n'avais pas vu... Il faut savoir que pour toutes les affiches, il y a des contingences de grandeur d'acteurs par rapport au titre, etc...

 

Selon  les contrats qui sont passés ?

 

Ah oui. Par exemple, pour un film qui s'appelait "La femme aux bottes rouges" de Juan Luis Bunuel, j'avais fait une silhouette de Catherine Deneuve, les bras écartés et chaussée de ses bottes rouges... Il y avait une pleïade d'acteurs au générique. Je les avais mis tous sur le côté, de manière impeccable. Cependant, il y avait un acteur espagnol qui avait un nom à rallonge, à l'espagnole (il rit)... j'ai réduit les lettres de son nom pour que cela rentre dans le canevas et cela n'a pas plu. Ils ont fait retirer l'affiche !

 

Ce qui explique, par exemple pour "Il était une fois dans l'Ouest", le bandeau avec les visages des personnages principaux qui sont tous de même grandeur...

 

Tout à fait. De cette manière, ils sont tous à égalité.

 

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Et c'est également le cas pour "Le désert des tartares". J'avais fait un dessin symbole avec l'épée, et toute la brochette d' acteurs en dessous. Cela faisait trop, on ne voyait plus rien ! (il prend un air désabusé).

 

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Pour un artiste tel que vous, cela doit être frustrant de proposer des choses et de se les voir refuser.

 

Bien sûr. D'ailleurs, j'ai un ami (Jean-Claude Bey qui a sorti le livre "Landi Affiches"), qui est en train de ranger mon atelier...

 

Il doit y avoir des bijoux là-bas... des affiches refusées ?

 

Oui. Il me sort même des choses dont j'avais oublié l'existence. Il a déjà classé toutes mes affiches par ordre alphabétique, et pourtant chez moi, c'est le fouillis ! Il a même les maquettes (je ne les ai pas toutes parce que quelquefois, les imprimeurs ou les maisons de distribution les gardent). Et j'en ai pas mal ! Le plus amusant, c'est que j'ai plus de maquettes d'affiches refusées dans mon atelier que d'affiches acceptées !

 

Cela doit être passionnant de les découvrir. Un véritable trésor pour collectionneurs. Et beaucoup doivent même être meilleures que les affiches officielles...

 

Les 3/4 sont meilleures ! Et souvent, elles ont été refusées pour des raisons aberrantes...

 

C'est un coup à se faire cambrioler...

 

Et bien là vous tombez bien parce qu'on m'a cambriolé la semaine dernière. Ils ont pris quelques babioles sans emporter les maquettes. Sans doute des jeunes qui cherchaient principalement de l'argent liquide ou des bijoux...

 

Je voudrais que l'on s'arrête maintenant sur quelques affiches en particulier... "La chevauchée fantastique" par exemple...

 

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J'ai justement une pré-maquette de "La chevauchée fantastique" que Jacques Tati m'avait commandé. Bizarre hein ?  Il voulait ressortir le film par l'intermédiaire de sa société de distribution. Je lui avais donc réalisé une maquette de l'affiche et la lui avait remise. Quant à moi, j'avais gardé la pré-maquette. Or un jour, l'attaché de presse Jacques Itah, qui était un ami, promenait John Ford qui était à Paris. Quand j'ai su ça, je lui ai demandé de prendre la pré-maquette et de lui faire dédicacer. Plusieurs jours après, je l'ai recroisé et je lui ai demandé s'il avait réussi à lui faire signer. Il m'a répondu que oui et qu'elle était dans sa voiture. Nous sommes donc partis la chercher et nous l'avons retrouvée par terre, devant le siège avant. Le réalisateur américain avait dû la laisser tomber après l'avoir signée et il a marché dessus ! Les traces que l'on voit donc sur l'affiche signée par John Ford sont les marques de ses pieds !!! (Il rit de bon coeur). (La trace est indiquée d'une flèche sur l'affiche ci-dessous). C'est une drôle d'anecdote !

 

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Et pour l'affiche du film "Le plus grand cirque du monde" ?

 

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Je l'ai réalisée sur une toile très large. J'ai fait un tempera. C'est un genre de gouache avec du jaune d'oeuf. Cela permet d'avoir des couleurs plus vibrantes. Pour cette affiche, je voulais un beau rouge vif...

 

Vous parliez tout à l'heure des souvenirs de la jeune fille qui revoyait l'affiche dans la chambre de son petit ami. Mais savez-vous que j'ai gardé pendant toute mon adolescence une de vos affiches au dessus de mon lit moi aussi ? Il s'agissait de l'affiche du film "Wolfen" avec Albert Finney...

 

C'était ma période "films d'horreur" ! (Il rit). Et j'ai vu le film avant !  Contrairement à "Fog"...

 

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Ah bon ? Celui-là non plus, vous le l'avez pas vu ?

 

Et non. Je ne l'ai jamais vu. Je ne devrais pas dire ça hein ? (Il sourit). Pour ma part, je fais une affiche pour qu'elle soit la plus attirante possible et qu'elle donne ainsi l'envie au spectateur d'aller voir le film. Il faut bien évidemment ne pas être trop éloigné du sujet, mais mes affiches ne sont pas faites pour expliquer tout ce qu'il y a dans le film ! Pour "Fog", je cherchais une idée... Et quelquefois, pour m'inspirer, je feuillette des magazines, des bouquins, etc... Et soudain je tombe sur une publicité pour un produit à cheveux ! (Il rit). La fille avait des cheveux hérissés sur la tête et je me suis dit que ça pourrait coller pour un film comme ça ! J'ai donc tout redessiné, adapté à partir de cette idée et cela a donné le résultat que vous connaissez.

 

J'ai remarqué que vous aviez fait les affiches de suites telles que "Aliens le retour" ou "Halloween II". Pourquoi ne pas avoir réalisé les affiches des premiers opus ?

 

 

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Je ne sais pas du tout. Pour "Alien le 8ème passager", c'est vrai que l'affiche est splendide. L'idée de l'oeuf est une excellente idée. Quand on voit ça, on se dit "Merde, j'aurais vraiment voulu la faire celle-là !"... (Il rit de bon coeur)

 

Une autre qui m'a interpelée, c'est celle de "Predator" !

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Ah j'aime bien "Predator" !

 

Elle me fait penser aux portraits que faisait Andy Warhol...

 

Ce n'est pas faux ! Quand je l'ai faite, j'avais vu le film. Et je me suis inspiré de la vision qu'avait l'extra-terrestre... A l'époque, je ne travaillais pas du tout l'informatique. J'ai alors dit à un copain qui commencait à s'y mettre : "Je voudrais transformer le visage de Schwarzenegger de manière à ce qu'il soit informatisé". Je comptais voir un résultat fortement pixelisé, mais cela n'a pas donné l'effet escompté. Je me suis donc appuyé sur la photo qu'il m'avait donné et j'ai tout refait à la gouache pour donner une image pixelisée...

 

Jusqu'à quand avez-vous  travaillé uniquement à la gouache ? En sachant que vous avez réalisé votre première affiche en 1962...

 

(Il réfléchit)... jusqu'à l'affiche du "Provincial" en 1990.

 

Vous en faites encore à la gouache ?

 

Non. C'est fini. Maintenant, je vais me mettre à la peinture...

 

Ah bon ? Un rêve de jeunesse ?

 

Oh vous savez, tous les affichistes veulent devenir peintres à la fin de leur vie. Mais ce n'est pas possible... Le résultat est  très mauvais parce qu'on n'a pas le même état d'esprit... Il faut vraiment se laver le cerveau et je ne sais pas si j'y arriverais. Vous savez, nous affichistes, sommes des peintres frustrés. On fait de l'art appliqué, ce n'est pas de l'art ! Et quand on fait des affiches, on a un but, un support. Alors que quand on est peintre, on n'a pas de but, pas de support. Il faut choisir son sujet soi-même... Il faut faire de l'abstrait et c'est ce qu'il y a de plus dur à faire. Mais je vais essayer quand même ! (Il rit).

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J'ai lu dans votre ouvrage que vous aviez eu un parrain de confirmation dans l'affiche de film. Qu'est ce que c'est ?

 

Ah... Roger Soubie. Cela montre bien l'évolution qu'il y a eu depuis des années. A mes débuts, affichiste de cinéma, c'était ou une mafia ou une maçonnerie, au choix de l'appellation. Il fallait donc être reconnu par ses pairs. A l'époque, il y avait une histoire de droits de reproduction. Rojac, notamment, avait fusillé sa carrière car il avait imposé à ses clients des droits de reproduction. Les affichistes se sont donc regroupés pour se défendre parce qu'effectivement, leurs oeuvres se trouvaient reproduites à toutes occasions, sans qu'ils ne touchent un seul centime. Ils se réunissaient donc régulièrement (dans un restaurant bien sûr... il sourit) et les vieux affichistes en profitaient pour présenter des jeunes qui leur semblaient pouvoir intégrer la profession. Ils étaient donc leurs parrains. Pour ma part, je connaissais Roger Soubie parce qu'on se croisait à la Paramount, et au fur et à mesure, nous nous sommes pris de sympathie. Mais vous savez, il faut aussi un facteur chance dans la vie... Il ne faut pas oublier que j'ai commencé grouillot, à balayer et laver l'atelier de panneaux de cinéma. J'allais aux cours du soir aux Arts appliqués, et j'avais fait une année à l'Académie des Arts modernes. D'ailleurs, ils sont très fiers de m'inviter parmi les anciens car c'est moi le plus vieux désormais...Je suis donc l'Ancêtre de l'Académie des Arts Modernes ! 1949 ! (il rit).

 

Revenons aux affiches célèbres : "Duel" de Steven Spielberg...

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J'ai beaucoup travaillé avec les studios américains. En ce qui concerne "Duel", j'ai vu le film. A la Paramount, Claude Venin, l'homme grâce à qui j'ai commencé à travailler, me dit : "il faut que tu viennes. Il y a un film de télévision fait par un jeune réalisateur. Il faut que tu le voies. Pour notre part, on va peut-être le prendre...". Je le visionne et je le trouve extraordinaire. Avec trois fois rien, il fait des choses incroyables. Pour moi, "Duel" est le meilleur film de Spielberg. J'étais donc totalement emballé par le projet. On me dit de créer un projet d'affiche et je propose donc cette création, qui recrée bien, à mon avis, cette ambiance de monstre métallique qui règne sur l'ensemble du film. J'avais également fait une autre proposition qui montrait un tunnel noir avec uniquement deux phares au milieu. Mais c'est la première qui a été retenue.

 

L'affiche d'"Amityville" est également célèbre...

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Oui, mais "Amityville", c'était simple... Il n'y a que la maison... Ceci dit, à tous les coups, si vous faites une affiche et que le film ne marche pas, ce sera de votre faute ! Le producteur ou le distributeur vous appelle et vous dit : "Tu sais, c'est normal. Avec cette affiche..."...

C'est également valable pour le titre !

 

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Parfois, les distributeurs veulent surfer sur le succès d'une affiche en tentant d'en sortir une autre similaire, pour un film différent...

 

Comme pour "Blow out" et "Pulsions", les deux films de Brian de Palma ?

 

Ah pour ces deux là, c'est moi qui l'ai voulu ! En effet, après "Pulsions", je voulais qu'il y ait une continuité et garder le même état d'esprit. C'est pour cela que les deux affiches montrent les pieds féminins...

 

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Dans toutes vos rencontres, quelle est la personnalité qui vous a la plus impressionné ?

 

(Il réfléchit longuement)... JacquesTati, pour qui j'ai réalisé l'affiche de "Jour de fête". Quand je venais présenter un projet, il discutait et mimait ce qu'il voulait. J'en restais admiratif.

 

Et le plus difficile à accepter un projet ?

 

Là, il y en a beaucoup... (il sourit)... Le plus difficile n'est pas une personne, mais une situation. Quand les gens sentent que le film n'est pas bon et que quoi qu'on fasse, il fera un flop, l'ambiance est tendue. L'argent est engagé, alors ça ne simplifie pas les choses... Ca m'est arrivé deux fois. Avec Sergio Gobbi pour un film qui s'appelait "La rivale". J'avais fait un projet, en collant plusieurs éléments photos sur un support, afin de donner une idée de l'affiche finale. L'idée était une silhouette sur laquelle on ne voyait que les lèvres (idée qui m'a resservi plus tard pour le festival de Cannes)... Une rivale est quelqu'un qui est dans l'ombre et qu'on ne connait pas toujours... Alors tout le monde était là à essayer de changer les éléments de place sur l'affiche... C'était l'époque où il y avait encore la zone bleue pour les véhicules. Au bout d'un moment, étant donné que cela prenait un temps fou, je leur ai dit que je descendais me mettre en règle avec mon véhicule et que je revenais. A mon retour, ils avaient démonté ma maquette et essayaient de la remonter comme un puzzle. J'ai alors pris ma maquette sous le bras et je suis parti... Plus tard, Sergio Gobbi, qui est un type formidable, m'a rappelé et m'a dit que j'avais eu raison...

La seconde fois, à UGC, un producteur a essayé de me faire changer totalement une affiche que je lui avais apportée. Cela a duré tout un après-midi pour finir par revenir à l'idée initiale... Que de temps perdu !

 

Vous dites souvent que le style de film qui ne vous inspire pas, c'est la comédie...

 

En effet. Je pense notamment à des films comme "Les bronzés", des trucs comme ça. J'adore ce genre de films, mais je ne suis pas doué pour ça.

 

Quel est votre genre de prédilection ?

 

L'aventure, le policier, le western. J'ai commencé avec beaucoup de westerns.

 

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Vous avez une anecdote amusante avec Gérard Depardieu...

 

Oui. Il avait fait "Tartuffe" au théâtre. Tout avait été filmé et j'avais fait l'affiche. Et je ne sais pas pourquoi, j'avais retourné son visage. Quelques temps plus tard, je fais "Rive droite, rive gauche" de Labro, avec Nathalie Baye, et on me demande d'aller présenter l'affiche à Depardieu, dans sa loge située sur le lieu de tournage. Je lui montre et il me dit immédiatement : "Dis donc, tu m'as retourné la gueule sur Tartuffe !!". (Il rit).

Ils se connaissent tellement, les acteurs...

 

Pour finir, parlons de "La fiancée du pirate" et de la réalisatrice Nelly Kaplan...

 

Ah... Cela fait partie de ce qui m'a lancé. Sur la" fiancée du pirate", je n'ai pas fait que l'affiche. J'ai fait également les décors. C'est pour moi un film très important. Nelly est comme une soeur...

J'ai rencontré Claude Makovski qui avait une salle qui s'appelait "Le passy" et dans laquelle je travaillais comme décorateur de salle. En 1968, Nelly et Claude se sont mis à projeter de faire un film et me demandent d'y participer. Grâce à quelques pages de son scénario, j'ai donc dessiné les personnages de Marie et son bouc sur la couverture, afin qu'ils puissent le présenter. Puis, le film se faisant, il se trouve qu'ils ne s'entendaient pas avec le décorateur et ils m'ont donc appelé avec mon frère, pour faire les décors. Le film s'est tourné chez Michel Magne, dans un petit château. Ensuite, ils m'ont demandé de faire l'affiche, que j'ai faite dans la journée. Cette affiche m'a lancé dans l'esprit des gens de cinéma... Et pour finir, j'ai même fait la promotion du film avec toute l'équipe.

De plus, il y a eu ce problème de censure. A l'époque, on ne pouvait  mettre sur une affiche ni une jambe nue, ni une cigarette... Sur l'affiche originale de "La fiancée du pirate", j'avais habillé Bernadette Lafont d'une paire de bas violets. La censure a refusé l'affiche et m'a forcé à l'habiller complètement ! A l'époque, dans les bureaux de la censure, c'était une femme qui faisait le cerbère !

 

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Tout à l'heure, nous parlions de chance... Et bien j'ai eu la chance de tomber au bon moment, de faire du bon boulot, et de rencontrer les bonnes personnes...

 

En tout cas, merci beaucoup de votre gentillesse et de votre disponibilité.

 

Mais je vous en prie.

 

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* Reportage photo réalisé par Candice Obron-Vattaire

Publié dans INTERVIEWS DIVERSES

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D
Rncontre Vendeuse à Couleurs du Temps. Pour de nouvelles aventures cinématographiques !<br /> A bientôt Michel et merci pour votre l'interview très intéressant. <br /> Françoise Dubost voir Facebookblog
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P
<br /> Je connais la plupart de ces films et de ces affiches et ce M. LANDI est bien souriant, ça fait plaisir de le voir "à l'affiche". Bon article (Lol, comme tu dis tout le temps... hum...).<br /> M. LANDI, j'ai cru mourir de peur en voyant Amytiville et je n'ai jamais plus séché de cours depuis que j'ai vu ce film en le faisant : rien qu'à voir l'affiche ça me flanque la chair de poule.<br /> Et... Corsu en a profité pour sortir toutes celles de John Wayne son préféré...<br /> Corsu tu aurais dû te montrer de face avec tes lunettes au lieu de tricher mais je te pardonne car j'ai bien aimé cet article qui change des interviews classiques.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Très intéressant cet interview ! Merci !!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci beaucoup. J'apprécie. Le livre sur Michel Landi est paru aux Editions d'ASSALIT et son auteur est Jean-Claude Bey. Le titre est simple : LANDI affiches<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je me suis régalé à vous lire, comme d'habitude. Par contre, j'aurais une petite question : Où peut-on se procurer son livre ? Je vous remercie de votre réponse. Et longue vie à votre site !<br /> <br /> <br />
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