EN LIVE AVEC LES STARS !

Publié le par corsu61

Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.

Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.

Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.

N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...

 

AUJOURD'HUI

EN LIVE AVEC LES STARS !

Samedi 08 décembre 2012. Le théâtre municipal de Bastia accueille l'acteur, venu interpréter la pièce "Le songe d'une nuit d'été" de William Shakespeare.

Après avoir pris contact auprès de son directeur de tournée, rendez-vous est pris à 18h, près de l'entrée des artistes. L'acteur arrive vers 19h15 et n'est visiblement pas au courant de notre entrevue. Cependant, il réagit de la manière la plus naturelle qui soit, me demande où je désire l'interviewer, se montre très conciliant et charmant.
Nous nous installons donc dans une loge, juste à côté de l'actrice Carole Richert qui est en plein maquillage (Son interview paraîtra dans quelques jours).
Blagueur et d'un naturel désarmant, Lorant Deutsch se révèle être l'anti-star par excellence. Il est courtois, détendu, souriant et d'une disponibilité totale. Un grand artiste qui ne se prend pas la tête...
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  (Il déguste une clémentine et blague en s'adressant à Carole Richert) Prends des notes ! C'est super intéressant ce que je vais dire !
 
Au départ, vous deviez être footballeur professionnel (NDLR : Il a fait sport-études au FC Nantes). Pourquoi avoir abandonné si tôt ?

Il faut demander à ceux qui m'ont dit d'arrêter ! (Il sourit). Faut demander à Monsieur Baudoin pourquoi ils m'ont viré ! Ils m'ont fait comprendre, à l'âge de 15 ans, que j'aurais tout intérêt à regagner une filière classique !

 

C'est un regret ?
Plus maintenant. Cela fait 20 ans... Maintenant, je m'amuse avec une équipe amateur. Vous savez, celui avec lequel j'étais en concurrence au FC Nantes, et qui a eu raison de mon poste, s'appelait Olivier Monterrubio. Et il vient d'arrêter sa carrière... alors que la mienne continue !
 
Vous touchez à tout : acteur, écrivain, doubleur... Laquelle de ces activités vous plaît le plus ?
Toutes. Quel que soit le support, que ce soit le langage écrit ou oral, je raconte des histoires. Je suis finalement un colporteur des temps modernes, avec des outils de notre temps, mais je ne suis qu'un passeur d'histoires.
Je raconte des histoires à la veillée.   
 
Le doublage, ce n'est pas raconter des histoires !
  (Il fait la moue) Si, c'est pareil. On se concentre sur la voix... On fait donc abstraction de notre corps pour mieux se glisser dans la peau d'un autre, que ce soit un personnage animé ou un personnage existant.
 
En fait, tout vous amuse ?
  Ce qui me plaît surtout, c'est faire semblant tout d'un coup d'enfiler un costume parfois très grand, parfois trop grand, de me prendre pour un autre et toucher du doigt une autre hypothèse, une autre destinée... Envisager une autre image, une autre enveloppe... C'est ça être un acteur ! Prendre des carapaces différentes, les enlever, les retourner, conserver ce qui a été bon et jeter ce qui a été mauvais et s'habiller avec tant de costumes que, nous mêmes, nous enrichissons de toutes ces expériences là ! On a mille vies en une seule ! 
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Vous bénéficiez.. (Il me coupe soudainement)
...d'une grande cote de popularité ! Ouh là !!! (Il tombe dans l'auto-dérision). Depuis que j'ai débarqué en Corse, le temps a changé ! Et maintenant que je suis là, sans vouloir parler de sujets trop graves, vous allez voir que ça va se pacifier ! Si je reste, ça se pacifie !!
 
Comment expliquez-vous la bonne image que le public a de vous ?
(Il redevient sérieux) Je n'en sais rien. Je ne peux pas vous dire. Ce serait orgueilleux de vous dire que j'ai la recette pour plaire. (Il réfléchit et redevient blagueur) Peut-être qu'ils ont tous reçu leur enveloppe !
Plaisanterie mise à part, j'en suis très heureux mais c'est comme toutes les choses qui ne s'expliquent pas. J'ai envie d'appeler ça un miracle. Ça m'est tombé dessus, j'en suis heureux, mais ça aurait pu tomber sur quelqu'un d'autre, et là, j'aurais rencontré l'indifférence. On ne fait pas ce métier pour être isolé, seul. Je ne suis pas acteur dans ma salle de bains ! Je suis acteur pour essayer de plaire, non pas au plus grand nombre, mais d'éveiller la curiosité, d'alimenter l'imaginaire, faire plaisir, faire du bien, faire des rencontres... C'est con à dire, mais c'est un métier altruiste, tourné vers les autres.
 
Je me permets un petit aparté pendant qu'on parle de ça. En préparant mon interview, j'ai visionné "Tu seras mon fils" que vous avez tourné avec Niels Arestrup, et je me suis tout simplement régalé ! Je tenais à vous le dire.
Je vous remercie. Ça fait du bien d'entendre que son travail a rencontré l'adhésion.
 
Niels Arestrup a la réputation d'être un acteur difficile. Ça n'a pas été trop dur de lui donner la réplique ?

Il est dur, mais en même temps, c'est génial parce qu'il vous renvoie la balle constamment. C'est comme jouer contre quelqu'un qui est plus fort que vous... Il vous fait bien jouer ! Il vous renvoie la balle tellement fort, tellement droite, tellement brutalement, que ça vous concentre, ça vous met dans les rails. Et comme, dans ce film, il s'agissait de jouer quelqu'un de torturé, étouffé, démoli, et bien ce n'était pas trop dur ! Je n'avais qu'à recevoir...

 

Ah ça, pour recevoir, vous avez reçu ! (je ris)
(Il sourit) Il m'a bien mis sur la voie !
 
Je voudrais maintenant vous parler de votre livre "Métronome, l'histoire de France au rythme du métro parisien", qui a reçu un très bon accueil du public mais qui a été vilipendé par certains historiens et hommes politiques.
(Il sourit) Qui a dit ça ?
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Inutile pour moi de vous donner les noms, vous les connaissez mieux que moi...

Tout d'abord, concernant ceux qui m'ont vilipendé, vous pouvez réunir "hommes politiques et historiens". Ce sont des gens qui ont une certaine orientation, que je respecte, mais qui instrumentalisent l'Histoire pour rendre service et surtout donner raison à leur cause. Ce sont des juges. Ils ne jugent pas que mon travail, mais aussi l'Histoire. Mais je crois que la juger avec les yeux de l'homme moderne, c'est faire une énorme faute. C'est se tromper sur l'Histoire et lui faire des procès, alors qu'elle n'en a pas besoin et qu'elle n'a pas à recevoir de leçons de l'homme moderne. Ces gens se trompent donc lourdement. D'abord en m'attaquant et en me suspectant d'avoir une vision orientée de l'Histoire, alors que contrairement à eux, je n'en ai pas, et en donnant eux-mêmes des leçons à l'Histoire. Finalement, je n'ai pas voulu rentrer dans ce débat là, mais je m'y retrouve tout de même confronté parce que tout le monde me demande ce que j'en ai pensé.

 

Vous n'avez pas fait de scandale en répondant par voie de presse, interviews télé, etc...

Au début, j'ai voulu répondre et me justifier, mais je me suis rendu compte que c'était peine perdue parce qu'il ont réussi à me faire perdre ma crédulité par rapport à l'Histoire. Moi, je pensais que simplement armé d'une espèce de gourmandise enthousiaste, d'une passion et d'une envie de transmettre, ça suffirait pour gagner l'adhésion de tous et que ce soit gagnant/gagnant  pour l'Histoire, mais ce n'est pas ce qu'ils veulent. Ce qu'ils veulent eux, c'est faire triompher une cause ! (Il s'enflamme) Et donc, pour cela, il faut casser des têtes ! Il faut marcher sur des têtes et surtout  faire disparaître les causes qui ne sont pas les leurs. Or, l'Histoire, c'est un débat permanent.

Vous me parlez des historiens et hommes politiques qui m'ont vilipendés... Il y a des historiens qui ont débattu sur mon travail, qui ont accepté mon éclairage et qui m'ont expliqué que le leur était un peu différent. Ça, évidemment, ça fait avancer les choses ! Je crois que la vérité historique triomphe et surgit de par ce faisceau d'éclairages pour arriver vers un faisceau de plus en plus aigu. Mes détracteurs ont voulu annuler mon éclairage ! On n'est donc plus dans la démarche historique, mais simplement dans le parti pris militant, combatif, d'hommes d'action et de terrain qui sont finalement orientés et guidés par une idéologie. Encore une fois, je la respecte ! Mais l'Histoire n'a rien à voir, et ne doit pas avoir à faire avec ces gens là. Ces gens là, par exemple, dont un qui s'appelle Alexis Corbière, militant du front de gauche, avec autour de lui des gens d'obédience trotskiste...que je respecte ! Mais ne me donnez pas de leçons quand vous êtes trotskistes !! Plus récemment, quelqu'un comme Guy Konopnicki, qui a fait une tribune hyper farouche contre moi, parce que je ne réponds pas aux canons et au livre rouge de Moscou !...

 

Vous vous revendiquez royaliste !
Ouais !
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Ça vous a valu des inimitiés ?
Tout est parti de là ! En fait ce qui est marrant, c'est que le procès que me font ces gens là arrive maintenant, 4 ans après la sortie de mon livre et simplement parce qu'il y a 2 ans, j'ai osé dire que j'étais royaliste.
Royaliste, c'est par rapport à des institutions ! Ce n'est pas par rapport à mon attachement à la liberté, la démocratie ou l'égalité pour tous. D'ailleurs, le frontispice de notre pays : "liberté, égalité, fraternité", contient des mots pétris d'humanité et humanisme, qui datent d'une monarchie constitutionnelle ! A savoir, les 3 années 1789, 1790 et 1791, avant que le pays ne tombe dans quelque chose qui ira vers des dérives absolues auxquelles seul un corse pourra y mettre un terme ! Mais on ne parlait plus du tout de République là ! On parlait d'un pays qui sombrait dans la terreur et qui n'avait plus rien à voir avec ces trois beaux mots là qui, finalement, peuvent très bien s'accrocher à une monarchie parlementaire.
 
Mais justement, ce qui a gêné les gens, c'est cette petite phrase que vous avez prononcé. Je vous cite "L'histoire de notre pays s'est arrêtée en 1793, mort de Louis XVI"...
(Il s'enflamme) Mais ça, ce n'est pas un phrase, c'est un bon mot ! Pourquoi je suis invité dans les émissions télévisées ? C'est parce que je suis bon client ! Parce que je fais des vannes, que j'essaie de trouver des punch-lines pour être un peu drôle. Ce sont des effets, de l'humour et de l'humeur. Il ne faut pas prendre ça pour argent comptant. Tous les gens qui sortent ces phrases là de leur contexte sont très heureux tout d'un coup de dire "Voilà ! Il le pense vraiment, il est sérieux !". Mais je ne me prends pas au sérieux, bien que tout soit authentifié ! Et même quand je raconte l'Histoire, il n'y a rien de nouveau !  Toutes mes sources viennent d'auteurs qui sont plus grands que moi, qui sont de vrais auteurs historiques. Je n'invente rien dans ce que je raconte ! Justement parce que je ne suis pas quelqu'un qui se prend au sérieux. Je ne suis pas homme à vous dire "attention, je vais vous faire une grande révélation. L'Histoire, c'est ça !...". Il n'y a rien d'original dans mon livre ! On peut le taxer d'ouvrage de seconde main, il n'y a aucun problème, c'est vrai. Tout sort de sources qui sont celles d'auteurs que je respecte et auxquels je ne me compare pas. Je ne raconte donc pas de choses nouvelles, mais je les montre sous un éclairage nouveau qui est celui de les ancrer dans une réalité qui est celle de nos parcours quotidiens. J'essaie de faire l'inventaire de ce qui est encore accessible. Je veux rendre le passé proche du lecteur.
Alors pour répondre à votre question, évidemment que l'Histoire ne s'arrête pas en 1793 ! C'était une vanne ! Mais mes détracteurs sont trop heureux de prendre ça au pied de la lettre !
 
Vous aimez tourner également dans des séries télévisées. En demandant aux gens autour de moi, deux rôles reviennent constamment : le jeune stagiaire dans "H" et le traducteur burgonde dans "Kaamelott"...
Parce que je travaille avec des copains ! Ils me proposent de faire un petit clin d'oeil et j'accepte. Moi, dans le métier,  j'ai du mal à être ami avec des gens avec lesquels je n'ai pas travaillé ! C'est un métier dans lequel les rapports sont peut-être plus complexes qu'ailleurs, parce qu'on est constamment en concurrence les uns avec les autres. C'est comme au foot ! C'est pour cela que quand on travaille ensemble, la notion de rivalité n'existe plus et les masques tombent. On est dans l'énergie du boulot et on ne pense plus à tout ça. Qu'ils s'appellent Niels Arestrup, Philippe Noiret ou Jacques Villeret, je les considère comme mes égaux parce que j'ai gagné ma place sur le tournage. Il n'y a donc plus de rapports obséquieux, ni de flatteries. On est dans le boulot, dans le dur ! Il faut attaquer et on travaille tous ensemble pour la réussite du film. 
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Et vos relations avec les réalisateurs ?
Elles sont plutôt bonnes. C'est un métier qui n'est pas du tout le mien, je suis donc très heureux d'être pris par la main et d'aller vers quelque chose que je ne maîtriserais pas moi-même.
 
Ça ne vous tente pas d'essayer ?
Non, pas du tout ! Je préfère être auteur que réalisateur. 
 
Vous avez été nominé une fois aux Césars pour "3 zéros". Que pensez-vous des récompenses attribuées dans le milieu ?
(Il réfléchit) J'y suis favorable, mais il ne faut pas trop se prendre au sérieux avec ces trucs là. Je trouve que les américains qui transforment ça en un show ont tout compris ! Nous, on a un peu trop tendance certaines fois à croire qu'on est vraiment le meilleur quand on reçoit un César...
Je crois qu'il faut accepter l'idée que c'est un beau clin d'oeil de la profession, une distinction vraiment honorifique, mais qui doit rester simplement dans une fête et dans un témoignage d'affection qui aurait pu être donné à un autre. C'est quelque chose qui donne l'occasion de faire la fête et de faire une bonne performance sur scène par le biais d'un beau discours, plutôt qu'un truc militant et engagé que moi, je ne supporte pas !
 
Ah bon ?
Non. Kidnapper une cérémonie pour transformer ça en une cellule politique... Je n'apprécie pas du tout. Il faut rester à nos places ! Ça traduit ce que je pense en général des comédiens, et de moi-même d'ailleurs... On est des clowns ! Il faut rester à nos places !
 
En tout cas, merci beaucoup de m'avoir reçu.
C'est moi qui vous remercie.
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Reportage photo réalisé par Candice Obron-Vattaire
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P
Un acteur vif et malicieux que j'adore, j'ai aussi, parce qu'on me l'a offert son livre en petit et en grand mais aussi parce que j'adore l'histoire et surtout à Paris..
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