EN LIVE AVEC LES STARS !!
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
AUJOURD'HUI :
Je l'attends tranquillement dans le hall d'entrée en compagnie de la charmante responsable de la communication de l'établissement lorsqu'il arrive avec son équipe. Nous nous rendons donc dans une salle tranquille afin de réaliser l'interview. Comme vous pourrez le constater, cette dernière sera spéciale dans plusieurs domaines... En effet, elle va prendre, à un certain moment, un tournant totalement surréaliste et elle va contenir la première bourde de la carrière de.... votre serviteur ! ("En live avec les stars" ne vous cache rien en ce qui concerne les acteurs, il n'y a donc aucune raison qu'elle le fasse pour leur intervieweur)...
Mais parlons un peu des premières impressions. Contrairement à son image à l'écran (cynique, méchant, glacial), l'acteur se révèle très agréable, calme, particulièrement courtois, très amusant et d'un charisme indéniable. Son regard bleu lagon est profond, et il se montre attentif, totalement ouvert à n'importe quel type de question. Véritablement passionné par son métier, on sent l'envie de travailler qui le tenaille, malgré une légère crainte qu'un jour, tout ne s'arrête. François Berléand, et il le reconnaît lui-même dans certaines interviews, sait d'où il vient et refuse de tomber dans le star system. En ce qui me concerne, cette rencontre fut plus qu'agréable, bien que je n'ai pas eu le temps de lui poser toutes mes questions.
l'interview peut commencer :
Bonsoir.
Ah zut. J'ai oublié mes lunettes. Depuis très peu de temps, j'en ai besoin et comme je veux faire le beau, je ne les porte pas...(je ris). J'espère que je vais réussir à lire mes questions...
On est tous pareils (il ne les porte pas non plus). Remarquez, d'ici j'arriverai à lire vos questions (il regarde mes notes). Mais encore faut-il que je déchiffre votre écriture.
Dites tout de suite que j'écris comme un cochon ! (je ris)
Non, non ! Je n'ai pas dit ça ! (il rit)... (Il se penche alors sur mes notes et lit) Alors... "En fouinant dans les archives, j'ai découvert que vous avez fait partie de l'équipe du Splendid... Racontez moi ça...
Non... je ne sais pas pourquoi on a raconté ça...
Alors justement... Je vais vous dire tout de suite : je suis fan du personnage François Berléand parce que vous avez votre franc parler et vous avez cette réputation là.
C'est vrai.
J'ai donc découvert qu'on vous taxait d'avoir fait partie de l'équipe du Splendid. J'ai trouvé une interview de vous, faite par Thierry Ardisson, dans laquelle je vous ai senti un peu agaçé par cette question... Et aussi par Laurent Baffie que vous avez fait taire avec une répartie bien sentie... Alors où est la vérité ? Vous avez fait partie du Splendid ou pas ?
(Il fait la moue). Non. Je n'en ai pas fait partie. J'étais chez Balachova, qui était un cours de théâtre, et dans ce dernier, il y avait Thierry Lhermitte, Martin Lamotte et Josiane Balasko. Donc, je les connaissais, et moi (eux ont commencé un peu plus tard que moi le Splendid) je suis rentré directement dans une troupe dans laquelle j'ai tout de suite travaillé et fait des pièces. Un jour, au bout de deux ans, Josiane m'a appelé et m'a dit : "voilà, on fait le Splendid, on fait des travaux, il faut mettre la main à la pâte et ceux qui arrangent le théâtre font partie de l'équipe".J'ai dit non. Mais après dans une interview, j'ai dit que si j'avais dit oui, j'aurais fait partie de la bande du Splendid et peut-être que ma carrière aurait démarré avant. Mais bon...c'est tout ! Simplement ça... Après, le problème, c'est qu'on dit quelque chose à un journaliste, et souvent c'est déformé... D'ailleurs, je vais vous dire... Un jour, je fais une interview pour le nouvel Obs. On parle, et à l'époque je fumais des gitanes. J'avais donc mon paquet sur la table et je lis plus tard sur l'article : Né d'un père arménien et d'une mère gitane (Il prend un air effaré)...C'est extraordinaire !! Mon frère m'appelle et me dit "mais qu'est ce que tu as été raconter ?, Maman était gitane ??"... (Il prend un air désemparé)... Déjà, souche arménienne...Certainement que j'avais un arrière-arrière-arrière grand-père qui était arménien, mais bon... de là à dire que je suis arménien...Je ne suis par arménien du tout ! On pense que...! Mais il n'y a rien de sûr du tout !
Tout à fait. Mais "Mon idole", ce n'était pas Nicole. C'était Guillaume Canet.
. (je ris, gêné)
(Il sourit et a la délicatesse de ne pas relever)
Je reste donc sur "Mon idole"... Cela a-t-il été difficile de sortir de l'image du méchant cynique qui vous collait à la peau ?
Non. A vrai dire, le cinéma c'est une chose, et le théâtre c'en est une autre. Moi, j'ai vraiment une longue carrière de théâtre et dans ce métier, on passe d'un personnage à un autre sans aucun problème. Après au cinéma, c'est vrai que souvent, si vous réussissez un rôle, on vous colle une étiquette soit de gentil, soit de méchant. Il se trouve que les premiers films que j'ai faits qui ont marché, dans lesquels j'avais des rôles assez conséquents, c'était des films où j'étais veule, lâche, fou... Et donc, j'ai rapidement fait beaucoup de rôles de méchants, de fous, de veules, lâches ou cyniques... Bon voilà. Moi, c'est mon métier, je fais ça. Pendant toute la durée du film, je suis cynique à la maison, j'essaie le plus possible d'être imprégné de mon personnage... Et puis dès que c'est fini, et bien je passe à autre chose et je reste normal. Vous savez, tous les comédiens, que ce soit aux Etats-Unis, en France, ou en passant par tous les pays du monde, ont très vite une étiquette. Alors, si vous avez réussi des interprétations, on vous mettra tout de suite dans des rôles dans lesquels vous avez brillé. Donc, c'est vrai qu'on est un peu prisonnier de ces rôles là, mais en même temps, mon grand plaisir c'est d'essayer de jouer tous les personnages possibles. Évidemment, il y en a plein qui me sont interdits, notamment les jeunes premiers, mais ça, ça m'a toujours été interdit ! (il sourit d'un regard complice). En tout cas, j'essaie de faire de la comédie, des choses dramatiques, de ne pas être catalogué dans une seule chose.
Vous avez beaucoup interprété de rôles dans lesquels vous campiez un inspecteur de police...
C'est exact.
C'est une vocation contrariée ? (Je souris)
C'est à dire qu'au départ, on ne me proposait que ça.
Parce que, quand j'ai commencé, j'avais un physique très très banal, et souvent les flics ont un physique banal... sauf les gros costauds bien sûr... mais il y a des mecs qui doivent se fondre dans la foule... Enfin, ce sont des gens comme tout le monde, les flics...Quelquefois ils doivent se noyer dans la masse, on ne doit pas les remarquer, et ils sont d'ailleurs habillés de telle manière qu'on ne les remarque pas. D'ailleurs, en ce moment le grand truc, c'est les flics dans les manifs ! S'il y a un jeune flic, on lui dit "toi tu vas te raser le crâne et tu vas aller avec les casseurs"...Donc, c'est comme ça. Moi, comme je n'avais pas un physique très avantageux, on me disait "bon ben tiens, tu vas jouer un flic "!. Et je trouve ça passionnant, parce qu'à chaque fois qu'on joue un rôle de flic, on va dans les commissariats et on rencontre d'autres flics, on discute "comment vous faites ? etc...". Et moi, en 68, j'avais 16 ans et il ne fallait pas qu'on me parle des flics ! Et puis maintenant voilà... Et comme je n'ai rien à me reprocher en plus, tout se passe très bien... Mais c'est vrai que les bons rôles de flics, c'est formidable parce que, notamment dans celui que j'interprète dans "Main basse sur une île", c'est un ancien flic qui a abandonné sa carrière, enfin... qui a démissionné. C'est formidable parce que ce sont des gens qui ont une grande intuition psychologique, je parle des flics en civils hein...(il précise) les inspecteurs etc... C'est complètement passionnant. Moi, j'ai fait plusieurs fois le festival de Cognac, dans le jury, et je me retrouvais toujours à diner avec les flics (c'était en plus tous des commissaires), il y avait des criminologues, des profileurs... C'est passionnant. Mener une enquête, arriver à retrouver l'auteur des faits grâce aux indices, etc...toute cette police scientifique... C'est vrai que ça me passionne, j'adore jouer les flics ! En plus si le rôle est bien, c'est le top !
Vous avez sorti un livre "Le fils de l'homme invisible"; qui relate un sérieux traumatisme de votre enfance. Vous pouvez nous en parler un peu ?
La série ?
Suite à cet incident, elle m'a dit d'aller dans le bureau de la directrice ! Donc, je suis allé la voir (il rit), elle m'a demandé ce qui s'était passé et moi je ne comprenais pas... Pourtant, pour moi, c'était clair ! Et je me demandais si elle savait que j'étais invisible ou pas, et si je lui disais que j'étais invisible mais qu'en réalité je ne l'étais pas, elle allait me prendre pour un fou...Donc, je n'ai rien dit. Alors après, évidemment, cette directrice a appelé ma mère qui m'a dit "pourquoi tu fais ça ?". Je lui répondais "Mais tu le sais bien..."... "Mais non"..."Très bien, demande donc à papa"...Alors mon père, trois ou quatre jours après sa phrase traumatisante, m'a dit "mais de quoi tu me parles ?"...Et jamais je n'ai reparlé de ça. Mais comme il y avait eu quand même quelque chose de très fort et que je ne voulais pas dire les choses, on m'a emmené voir un pédopsychiatre. Ce dernier (et il y a une scène dans le livre là dessus qui est vraie) a décidé du fait que j'étais anormal. Et c'est ça qui est drôle parce que j'avais eu une construction tout à fait normale avant que mon père me dise ça, et puis au fur et à mesure, il y a eu tellement de problèmes qui se sont greffés dans ma vie à cause de cette phrase idiote, que je suis allé voir ce pédopsychiatre... Dans son cabinet, ce dernier n'a rien dit pendant 5 minutes (et 5 minutes c'est très long) et puis au bout de ce temps m'a dit "levez-vous"..."mettez votre main droite sur votre jambe gauche". (silence)... Je me suis dit "mais pourquoi il me demande ça ?"...Et comme ma mère juste avant m'avait dit "tu verras, ça va être très amusant, tu vas passer des tests, il va te faire jouer..." (comme une mère peut dire à un enfant de 11 ans pour le rassurer), je me suis dit "ok, il joue" (il rit)... Et à ce moment là, dans ma tête, je me suis dit "ah d'accord, il joue à jacques à dit". Et donc j'attends ! (Tout le monde rit). Il me regarde..."Vous avez compris ce que je vous ai dit ?"... Et moi je me dis "Ah merde, il doit jouer en plus au ni oui, ni non ! Ça se corse !"... J'imagine à postériori ce médecin qui devait se dire "mais il est fou ce gamin !"... Alors, bien sûr, il me disait "Pourquoi vous ne faites pas ce que je vous dit ?". Forcément, comme, pour moi, je devais jouer au ni oui ni non et à jacques à dit, je prenais des temps énormes à réfléchir...Et il me répétait "Mettez votre main droite sur votre jambe gauche". Et moi, je me disais toujours dans ma tête "mais il n'a pas dit jacques à dit, alors je ne peux pas le faire, sinon je perds !"... Et puis, au bout d'un moment, il me disait "vous avez compris ? oui ou non ?"... Et je lui répondais "Bien sûr"... "Alors faites le !!!!" (il imite le pédopsychiatre en train de s'énerver). Au bout d'un moment, je me suis dit "tant pis, j'ai perdu, je le fais". Il a paru soulagé et m'a demandé d'autres choses : "mettez votre main droite sur votre tête". Je l'ai fait, puis je suis sorti et ma mère est rentrée dans son bureau pour en ressortir un peu plus tard en pleurs. Et moi, j'étais toujours dans le jeu ! Alors je me disais "c'est normal parce que j'ai perdu"... Mais je n'ai pas pu dire à ma mère les raisons pour lesquelles j'avais perdu. La situation était totalement absurde ! Alors finalement, le pédopsychiatre a dit de moi que j'avais énormément de problèmes de latéralité, de machins, de trucs dans l'espace, et tout s'est enchaîné après dans des cours spéciaux, dans lesquels il y avait plein d'enfants à problèmes, ce qui fait qu'au fur et à mesure, je me suis construit une schizophrénie jusqu'à l'âge de 17 ans, jusqu'en terminale. Après être passé de classe supérieure en classe supérieure jusqu'à la terminale, je suis tombé sur un psy formidable, à qui j'ai pu tout dire...J'ai donc vécu de la 6ème à la terminale un enfermement incroyable au niveau psychologique... J'étais assez atteint ! Mais maintenant tout va très bien !........ (silence)...... BOUUUH !!! (il bondit vers moi et l'on rit ensemble).
Écoutez, le problème de cette soirée, c'est que tout le monde fait la tête. Celui qui le reçoit sait que les autres vont faire la gueule parce que pour 5 nommés, il n'y en a qu'un qui l'a. Alors on assiste à un truc incroyable, les gens se disent bonjour, c'est une grande famille etc... Ils sont plutôt souriants en s'installant, et une fois que la cérémonie commence, c'est une punition ! Une punition parce qu'il y a un type, en général plutôt drôle, qui ne fait rire personne parce que tout le monde est tendu, donc c'est une tannée pour lui... et j'en connais pleins qui l'ont fait et qui m'ont dit "c'est le pire jour de l'année". Sauf Valérie Lemercier qui arrive à faire rire, le reste euh.... Antoine de Caunes, c'est un punition. Tout est une punition parce qu'ils ne rient pas. Ils sont tous tendus. Alors quand on voit la cérémonie des Oscars, où ils ont tous la banane, même s'ils ne le pensent pas, ils jouent à ce qu'Hollywood soit la machine à faire rêver, à rire, à pleurer...
Oui, oui, tout à fait, mais je parle tellement mal que ce serait une catastrophe...
Mais, pour en revenir à votre question, si la cérémonie est très ennuyeuse, par contre le fait d'être récompensé d'un César, et je sais de quoi je parle, est vraiment important parce que pour un acteur ou un metteur en scène, c'est une façon de savoir que vous allez continuer au moins pendant 10 ans.
Vous êtes "bankable" comme on dit...
Oui, c'est ça. Absolument. Une nomination, ça fait un peu moins, mais c'est important. Et puis, vous vous dites que le métier vous aime, et à partir du moment où le métier vous aime, vous êtes sûr de travailler ! Parce que malheureusement, ce ne sont pas les spectateurs qui font venir les propositions... On a vu l'exemple avec Annie Girardot, qui était une actrice plus que "bankable". Elle faisait un film, et il y avait plus de 3 millions de spectateurs qui allaient la voir ! Et puis un jour, il y a eu un problème sur un tournage, et la société Gaumont a dit "Vous, vous ne travaillerez plus jamais de votre vie !". Et c'est vrai, qu'effectivement, elle a mis 10, 15 ans à remonter la pente, et puis malheureusement après, elle est tombée malade... Mais elle était sur une liste noire ! Plus personne ne pouvait engager Annie Girardot. Et 10 ans après ce fameux incident, je me souviens avoir lu un article, je crois dans "Paris Match", dans lequel on demandait au public quelle était l'actrice préférée des français, et c'était toujours Annie Girardot, alors qu'elle n'était plus dans le circuit depuis 10 ans... Et même en télé !! Elle ne faisait plus de télé, rien !! C'était dramatique.
Beaucoup d'acteurs sont engagés au niveau politique. Je sais qu'il y a quelques années, vous vous êtes prononcé en faveur de François Bayrou...
A l'époque oui...Pour la bonne raison que je ne voulais ni de Sarkozy, ni de Ségolène Royal. Donc, j'étais embêté. J'avais toujours voté à gauche, et puis tout à coup Ségolène Royal... Non. Ça ne me convenait pas, alors je me suis dit : pour avoir la paix... Mais en plus, quand j'ai dit ça, c'était hors interview alors c'était assez drôle parce qu'on me demandait ça (c'était au mois de février et les élections étaient au mois de mai) et je me souvenais du dernier sondage...Je me suis dit que Bayrou était à 8 % alors allez hop !! Bayrou ! Intérieurement, je pensais "On s'en fout, c'est un non évènement, comme ça j'aurai la paix"...Et en plus, j'avais rajouté : "il a le charisme d'une nouille, mais je vais voter pour lui"... Du coup, j'ai fait je ne sais combien d'émissions alors que je ne savais même pas ce qu'il défendait ! Par la suite, j'ai eu sa directrice de campagne au téléphone, on a discuté de son programme, mais on me demandait sur tous les plateaux télé. Forcément, personne ne soutenait Bayrou ! (Il rit). Mais sinon, j'étais plutôt à gauche... De toute façon, en ce moment, c'est une belle catastrophe la politique...plus personne ne m'intéresse, que ce soit les socialistes ou la droite...
Je vous remercie beaucoup mais malheureusement je vais être obligé de vous libérer car je suis pris par des impératifs de temps (je n'avais que 20 minutes). J'avais des questions sur le théâtre notamment...
(Il me retient et on voit qu'il prend plaisir à l'interview) Vous pouvez encore un peu tout de même... Allez, encore 5 minutes...
Oui ? Ok. Vous avez tourné dans les 3 médias : cinéma, télévision, théâtre. Tout le monde sait que François Berléand est un amoureux fou du théâtre, et en fouillant un peu dans toutes les pièces que vous avez interprétées, je n'ai pas réussi à trouver un quelconque fil conducteur. Vous avez autant joué dans des grands classiques que dans du vaudeville ou des pièces d'auteurs... D'où vient cette passion dévorante ?
J'ai commencé par le théâtre. Moi, je suis vraiment un comédien de théâtre, c'est ce qui me passionne le plus dans ce métier. Et puis j'étais en troupe, dans la décentralisation. Et après cette dernière, j'ai travaillé à Paris dans le théâtre public pendant 15, 20 ans. De 1972 à 1990, environ...Dans le théâtre public, en général, on s'attaque aux grands textes classiques ou aux grands textes modernes, mais toujours un peu difficiles. Le dernier spectacle que j'ai fait dans le public était "La dame de chez Maxim's" de Feydeau monté par Françon. Ç'a été un grand évènement. On jouait tout dans une espèce de chose très dramatique et en fin de compte c'était très très drôle, les gens étaient morts de rire, mais on jouait tout dans une situation d'urgence et de drame. Vraiment, le décalage était formidable et je me demande d'ailleurs si ce n'est finalement pas comme ça qu'il faut jouer du vaudeville... Enfin bon... Ensuite, on m'a demandé dans le théâtre privé, j'y suis allé pour faire "Partage de midi" de Claudel avec Nicole Garcia, Jean-Pierre Marielle et Didier Sandre, et puis là, tout d'un coup, dans le théâtre privé (personne ne me connaissait parce que ça faisait 20 ans que j'étais dans le théâtre public, et comme il y a une vraie rivalité entre les deux et que personne ne veut voir ni les uns ni les autres...), j'étais donc une espèce d'inconnu. Finalement, comme ils ne m'ont pas trouvé trop mauvais, on m'a proposé plein de pièces dans le privé. La famille du public était, à l'époque (je vous parle de ça il y a 20 ans), un schisme. Il y avait beaucoup d'inimitiés entre les différents metteurs en scène. Et il y avait également, en plus, un schisme entre le privé et le public... Donc je me suis dit "Bon, ben après tout c'est une famille que je quitte sans regrets, et puis je vais dans le théâtre privé où les gens sont accueillants, sympathiques". Et là, effectivement, dans le privé, il faut des noms (moi, à l'époque je n'en étais pas un du tout), et puis il faut remplir la salle quoi ! Parce que ce n'est pas l'argent du contribuable, c'est de l'argent privé, donc on va dans des spectacles plus faciles d'accès, pas moins bien, mais plus faciles d'accès, et là j'ai rencontré une nouvelle famille. C'est comme ça que j'ai éclaté. Tout à coup, les metteurs en scène qui ne venaient pas au théâtre public sont venus et ils ont fait leur marché...Même si je connaissais Pierre Jolivet depuis longtemps (j'ai beaucoup tourné avec lui), c'est vrai qu'il y a plein de gens que j'ai rencontrés grâce au théâtre privé que je n'aurais pas rencontrés avec le théâtre public.
Merci beaucoup de m'avoir reçu.
Mais c'est vous qui m'avez reçu et c'est moi qui vous remercie !