EN LIVE AVEC LES STARS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
AUJOURD'HUI :
L'acteur se montre immédiatement chaleureux, très souriant et apparemment décontracté. Ce qui choque au premier abord est la formidable énergie qui émane de sa personne, et surtout la passion dont il parle de son métier. Attentif à tout, il est de plus curieux des autres et la réelle simplicité qui l'anime devrait servir d'exemple à bien d'autres comédiens...
Pas du tout parce que je la connais... ! (Nous rions ensemble). Je vous dis cela parce que j'ai trouvé cela étonnant de la part d'un acteur. C'est plus courant pour une actrice, ce qui peut se comprendre...
Acteur, chanteur, metteur en scène, d'où vous vient ce goût de la diversité ?
C'est venu au fur et à mesure. Au début, j'étais acteur. A 13 ans, c'était flagrant. Je suis rentré au Conservatoire de Nice, où j'habitais à l'époque, dans la section art dramatique. Et je m'amusais. J'ai été piqué immédiatement et énormément. J'ai eu un retour comme quoi apparemment, ce n'était peut-être pas un hasard si j'étais là et que c'était peut être là ma place. J'ai donc fait le parcours du Conservatoire de Nice et à 16 ans, je suis arrivé au bout. Après avoir obtenu le prix, je me suis retrouvé dehors parce que c'était fini, il n'y avait plus rien à faire. Avec mes parents, nous étions bien embêtés et on s'est demandés qu'elle était la suite à donner. Je voulais continuer et je suis parti à Paris. A 16 ans ! Ce qui a été un déchirement, un moment terrible pour mes parents. Ce fut pour eux un sacrifice généreux et une preuve de confiance incroyable en moi. Je me suis retrouvé tout seul à Paris avec la condition que je passe le BAC. Je me suis donc inscrit au lycée, j'ai passé mon BAC, je me suis battu pour l'avoir et m'en débarrasser, je l'ai eu avec 10,1 de moyenne mais je l'ai eu ! (Il rit). J'ai fait beaucoup de théâtre... mais à ce moment là, je ne pensais jamais tourner, ça ne me venait même pas à l'esprit. Je ne pensais que théâtre : art dramatique, conservatoire, etc... Je me suis donc inscrit au cours Florent, au cours Jean-Laurent Cochet, et tout doucement, j'ai commencé à jouer au théâtre. Un petit peu, et puis beaucoup, beaucoup, beaucoup.... Je ne pensais vraiment pas tourner. Je n'avais même pas d'agent. Pendant 5, 6 ans, je n'en avais toujours pas. Et mes confrères un peu plus vieux me disaient "Mais tu n'as pas d'agent ? Tu es fou. Tu ne t'en sortiras jamais !". Venant de Province, je découvrais !... Oui, j'étais un provincial avec ce que cela comporte de naïveté et surtout d'ignorance du métier. Je ne faisais donc que du théâtre. J'ai fait une soixantaine de pièces. Des belles choses, des choses lourdes, que ce soit à Paris ou en tournée, et j'ai enchaîné énormément de pièces. J'ai fini par rentrer chez un agent et ce dernier m'a fait passer un casting. C'était pour un téléfilm de prestige sur France 2 en prime time, et il cherchaient quelqu'un pour le rôle principal...
D'entrée ?
Vous aviez quel âge ? En gros... (je souris)
En gros ? (Il réfléchit) j'avais 25 ans.
(Il rit). Je comprends tout à fait ce que vous voulez dire... et je le dis sans aucune critique. En plus, c'est une amie ! Macha est connue pour aimer les hommes jeunes, et elle aime la jeunesse. Je pense que c'est une façon pour elle de rester éternellement jeune. C'est vrai qu'elle est incroyablement jolie, c'est fou. Moi-même, je ne sais même pas l'âge qu'elle a ! Mais je suis épaté de la jeunesse qu'elle dégage, du contact qu'elle a avec les jeunes... Quand je l'ai rencontrée, elle vivait avec Stéphane Freiss qui était beaucoup plus jeune qu'elle. Une amitié s'est tissée entre nous. Pour ma part, j'étais marié à ce moment là avec Stéphanie Cotta qui était actrice et fille de Michèle Cotta. Un soir très tard, nous étions chez cette dernière et le téléphone sonne. C'était mon agent qui n'arrivait pas à me joindre et qui se doutait que j'étais chez elle. Il lui a demandé si j'étais là, elle lui a répondu que oui et il lui a immédiatement dit : "il a le rôle !!". On est tous tombés par terre... C'était un des plus beaux jours de ma vie... J'avais obtenu le rôle principal parmi un casting de 400 personnes ! Et j'ai donc fait ce téléfilm. Vous savez, la vie est tellement bizarre... Je me suis marié la même semaine que la diffusion du téléfilm. Il est sorti le 23 juin et je me suis marié le 26 juin. Dans les journaux, pour moi, c'était extraordinaire... J'ai soudainement eu une nouvelle vie, qui a eu des creux, puis des hauts, puis des creux... Mais là, j'ai eu une semaine de star ! Je me mariais avec la fille de Michèle Cotta et j'avais un téléfilm énorme qui sortait, avec moi dans le rôle principal... J'étais dans tous les journaux, tous les magazines, j'ai vécu une semaine fabuleuse. Et à partir de ce moment là, tout s'est enchaîné... Depuis que j'ai commencé à tourner, en 1993, je n'ai plus fait que 5 à 6 pièces de théâtre. Et pourtant, c'est ma première passion. La caméra ne me manque jamais mais la scène me manque tout le temps. Quand je ne tourne pas, je suis juste un peu angoissé parce que je me pose toujours beaucoup de questions, mais quand je ne joue pas au théâtre, ça me manque !! Quand je vais voir quelqu'un au théâtre pour une raison quelconque, je monte sur la scène, je regarde la salle...
Alors pourquoi ce changement d'orientation ? Ce que je vais vous dire va peut être vous paraître prétentieux, mais c'est bêtement technique. Au début, je n'avais plus le temps, et puis j'ai fini par ressentir le filon opportun d'aller tourner, faire des films, gagner un peu de popularité, un peu d'importance... Pour être honnête avec vous, je pensais en gagner un peu plus vite et un peu plus...mais c'est déjà suffisant pour l'instant. Finalement, la télévision n'amène pas si vite que cela au firmament...
Pour ma part, j'ai été très prisonnier d'un rôle ! Après ce téléfilm avec Macha Méryl qui s'appelait "Le don", j'en ai enchaîné d'autres, super beaux, avec de très jolis rôles, alors que la mode des séries policières commençait à montrer le bout de son nez. Il n'y avait que "Julie Lescaut" et quelques séries de TF1 d'une heure et demie, mais les séries télévisées très fleuves que l'on voit maintenant sur toutes les chaînes n'existaient pas. Je me souviens que je me disais : "En tout cas, ce que je ne ferais jamais, c'est une série policière. Jouer un flic à la télé. C'est ringard, c'est ridicule, il n'y a qu'aux Etats-Unis qu'ils savent le faire, en France on ne sait pas, etc...". Et puis un jour, un metteur en scène pour lequel j'avais joué le rôle d'un militaire dans un thriller très fort m'appelle et me dit : "voilà, je monte une série pour France 2, une grosse série policière, à la façon de "NYPD Blue", filmé à l'américaine avec des longues focales, des caméras qui tournent tout le temps, des mecs super beaux avec des lunettes de soleil, des flics en costumes...". C'était les seigneurs de "La Crim'" (les flics de la Crim', on les appelle les seigneurs)... Je lui ai répondu que je ne voulais pas, que c'était hors de question. Et finalement, j'ai fini par accepter. Pas du tout pour l'argent. J'ai simplement réfléchi. Il m'a dit : "Écoute, il n'y a que 12 épisodes à tourner. Je t'envoies le scénario. Tu verras, c'est une brigade de 5, et en plus tu joues le beau gosse. C'est un rôle super intéressant". 12 épisodes... J'en ai fait 81 !! Et en plus, j'ai fini par en réaliser...C'est là que j'ai découvert la réalisation.
Ah ça, j'ai toujours voulu ! Mais j'ai simplement loupé le train.
Loupé le train ?? Le train n'est déjà pas si mal...
Oui, il y a des petits trucs pas mal... Mais la chanson m'a rattrapé par moments et un peu par hasard. A chaque fois, je l'ai vécue à fond. Comme l'aventure de "Mégalopolis" avec Francis Lalanne au Bataclan en 1999. C'est le plus beau souvenir de toute ma carrière, et de tous les registres confondus ! Mon plus grand kif !! Quand je suis sorti de scène, le soir de la première, je suis arrivé dans le café d'à côté, je me suis assis et j'ai dit à mes parents qui étaient monté à Paris assister à la première : "Il n'y a rien de mieux que ce qui vient de m'arriver !". Deux heures sur scène à chanter, c'était une des premières comédies musicales qui se montaient. Contemporaine de "Notre Dame de Paris". (Il s'enflamme) Beaucoup de musique, beaucoup de lumière, j'entendais ma voix... J'ai pris un pied que je ne pouvais pas soupçonner et je me suis dit que je comprenais pourquoi la chanson m'intéressait à ce point là. Mais je comprends la difficulté du parcours de chanteur. J'ai des copains qui ont bien réussis, d'autres moins bien, d'autres encore pour qui ça n'a pas marché du tout, et pour ces derniers, à plus de 40 balais... Si vous n'avez rien fait dans la chanson, c'est très mauvais...
Je garde donc dans un coin de ma tête qu'il faut que je le refasse, que même si je ne gagne pas d'argent dessus, même si ça me fait perdre un film, je ferais plus tard un choix de chanson. C'est trop énorme. Vous savez, c'est complet la chanson. La musique ! la musique ! (Il s'emporte)... C'est la même chose que ce qu'on fait, jouer la comédie, mais avec de la musique ! J'ai baigné dans la musique dès mon plus jeune âge parce que ma sur est concertiste, pianiste. Elle a 5 ans de plus que moi et donc, depuis tout petit, j'ai entendu des airs de piano tous les jours, toute ma vie. Et cela m'a formé une oreille musicale. La musique + jouer... C'est complet. C'est beaucoup plus fort que la comédie. Meryl Streep vous dira la même chose ! Elle a découvert ça quand elle a tourné "Mamma Mia"... L'effet de la musique ! Elle vous renvoie un truc fort, ça vous fait vibrer vous même ! Il y a quelque chose dans la musique qui vous rend hystérique ! C'est rare qu'au théâtre, le public soit hystérique à hurler... Vous chantez, les gens hurlent ! Ça électrise les gens !
Le 02 février 2012 à Bobino. Ce projet a nécessité 4 ans de travail, de guerre. C'est très très lourd et pour ma première vraie mise en scène au théâtre, je m'attaque à une comédie musicale, ce qui est la chose la plus difficile au monde. Il y a beaucoup de paramètres... Je l'ai ramenée de Broadway... Elle est venue plusieurs fois frapper à ma porte... Elle m'a d'abord été amenée par une amie qui m'a proposé de la faire. Cela me semblait très lourd, mais j'ai cherché un producteur. C'est ce qu'il fallait faire parce que ça coûte très, très cher. Le budget coûte actuellement 30 fois plus que le prix qui était calculé au départ.
Le principe... Cela se passe sur une avenue, "l'avenue Q". Chez nous, ça sonne "avenue Cul"... C'est un hasard parce que pour les américains, cela se prononce avenue "Quiou". Si vous l'ignorez, chez eux, on appelle cela les "Alphabetical avenues". Les rues de New-York sont rangées en fonction de l'alphabet. Plus on s'éloigne de la ville, plus c'est pauvre et plus ça craint. Et donc, "Avenue Q" sous-entend que c'est vraiment dans les quartiers les plus déshérités, où les maisons sont toutes cassées, et où la délinquance est importante. Le fond de Brooklyn...
Dans la forme, c'est un mélange de "Rue Sésame", des "Simpson" et du "Muppet Show". Et cela ressemble beaucoup à ce dernier. Il y a un mélange de marionnettes grandeur nature, avec des visages qui ont la forme et la taille de nos visages, et d'humains. Ça donne un côté exotique, joyeux. C'est la comédie musicale la plus joyeuse que j'ai vue de ma vie. Je suis passionné de comédies musicales et à chaque fois que j'ai pu aller à New-York ou à Londres, je m'en suis gavé. Pour "Avenue Q", je suis resté scotché parce que ça ne ressemble à rien d'autre. Attention, il y en a des sublimes ! Je ne peux pas dire que c'est mieux que "Le fantôme de l'opéra" ou d'autres, mais ce n'est tout simplement pas comparable. C'est tellement à part. (Il mime) Le comédien rentre en scène avec une marionnette chaussée sur son bras, qui a un visage très "Muppet Show"... Ils sont tous très différents, très colorés, très dans la comédie, et on les sent vraiment dérivés du "Muppet Show". On retrouve les parallèles : il y a un personnage qui s'appelle Nicky, qui est tout vert et ressemble à Kermit la grenouille, un gros monstre qui s'appelle Trekkie Monster, inspiré de Cookie Monster de "Rue Sésame" qui mangeait tout le temps des gâteaux. Lui, il s'appelle Trekkie Monster parce qu'il est passionné d'internet et plus particulièrement de pornos...
Le propos d'"Avenue Q", c'est la vie de personnages qui ont tous à peu près entre 30 et 40 ans, et qui sont tous un peu paumés pour diverses raisons. L'un est complètement accro au porno et à internet et il en souffre car il en tellement addict qu'il reste enfermé chez lui à ne faire que ça et qu'il se coupe de ses amis, l'une est une humaine psy, japonaise, qui n'arrive pas communiquer avec les gens sans être agressive... Dans le spectacle, il y a 3 humains et 16 marionnettes. C'est très coloré, très vivant.
Le principe général part d'une phrase en anglais : "It suck's to be me" qui veut dire "Ça craint d'être moi". La première chanson permet de découvrir tous les personnages, et chacun se dit "It sucks to be me !" "No, it sucks to be you !", No, it sucks to be me !"...Puis soudain, ils se retournent vers la salle en disant : "Il y en a un dont la vie ne craint pas ? Est-ce que votre vie ne craint pas, tous, quelque part ?"... "Toutes nos vies craignent !"... (Il s'enflamme) Mais il y a obligatoirement la clé, la bonne facette de la vie, la facette comédie, la facette optimiste, la facette battante, et c'est une leçon de lutte pour s'en sortir dans la vie. C'est donc très positif ! De plus, cette comédie est très "Broadway", très entraînante... Les gens sortent tous avec la banane... Les musiques sont tellement enchaînées et joyeuses, en traitant des sujets qui sont un petit peu graves et transgressifs... Pas transgressifs gratuitement, pour dire des gros mots (parce qu'il y en a), mais c'est juste que c'est comme dans la vie. On parle de choses très concrètes : du racisme, du sexe, de l'homosexualité, du regard des autres, des addictions, de chômage... C'est un spectacle qui parle vraiment aux gens. Pourtant, il a été créé il y a 11 ans à Broadway par deux auteurs de télévision qui étaient au chômage, sans le sou, et qui s'étaient installés dans Manhattan, dans une Alphabetical avenue. Et ils se sont dit : "Ce n'est plus possible, qu'est ce qu'on peut faire ?"... Ils se sont rappelés que quand ils étaient enfants, il regardaient "Sésame street", une émission dans laquelle on leur apprenait à compter, lire, etc... Et ils se sont dit : "Refaisons cela pour des personnes de 40 ans qui sont paumées, donnons leurs des conseils...". Et ils se sont mis à écrire des petits sketchs, des petits modules de 7, 8 minutes qui en fin de compte étaient des chansons, pour essayer de vendre ça à la télévision. Ils ont donc fait une espèce de Show Case dans New-York en essayant de faire venir tous les producteurs de télévision. Aucun ne s'est déplacé mais plein de producteurs de théâtre sont venus. Et un particulièrement leur a demandé de rassembler toutes leurs idées, d'en faire un spectacle, de faire un fil rouge, et leur a proposé de le monter. Et depuis, ce spectacle se joue dans des théâtres de 1500 places ! Et à Londres, cela a rencontré le même succès.
Il faut l'espérer. La culture anglo-saxonne et la culture française sont un petit peu différentes. J'espère que ça va passer. L'aspect marionnette, quelquefois, m'inquiète un petit peu. J'anticipe le scepticisme du public...
Je développais mes projets personnels. Je n'avais plus d'argent, c'est très particulier ça ! En développant nos projets personnels, on est généralement récompensés. Ce sont des moments pendant lesquels vous apprenez... J'ai eu deux creux de vague. Le premier, je ne l'ai pas compris et je l'ai mal vécu. J'ai déprimé, je voulais tout arrêter. Je n'avais plus d'argent, j'ai vendu mon appartement, je remettais en cause tous mes choix...
La seconde fois, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas ne dépendre que du désir de l'autre. Dans ce métier, vous ne dépendez que du désir de l'autre, pour qu'on vous engage. Les metteurs en scène, je les rencontre comme vous en ce moment, ils écoutent, ils regardent tout, ils regardent vos mains, vos attitudes... et là, ou bien cela inspire du désir ou cela n'en inspire pas. Et nous, plus encore que les autres artistes ! Je ne minimise pas du tout la douleur de l'artiste manuel qui n'arrive pas à vendre ses uvres, pas du tout ! Pour lui aussi, c'est la même implication. C'est simplement que quand on refuse une uvre, une peinture, c'est l'uvre par elle même que l'on refuse. Dans notre métier, c'est vous ! Et c'est très dur à vivre. Et ça marche aussi dans le sens contraire...
C'est pour cela que j'ai toujours eu de l'indulgence pour les acteurs qui se la pètent un tout petit peu parce que ça déforme quelque part. Quand on vous engage tout le temps, quand on vous fait tourner tout le temps, quand on vous répète que vous êtes formidable, quand on vous donne de l'argent pour travailler, c'est vraiment vous, votre visage, votre voix qu'on recherche. On finit par se dire "c'est moi qu'on aime !". C'est vrai qu'on a besoin d'être aimé pour travailler.
Francis Huster nous a appris à nous accrocher à notre conviction. D'être conscient qu'on ne peut pas plaire à tout le monde et qu'il y a des gens qui vous adorent comme des gens qui vous détestent. Il n'y a pas de logique...
En plus. Et ça, ça vous ramène à une réalité.
C'est vrai que la dernière saison, j'avais prévenu le producteur que j'arrêtais. Et la série s'est arrêtée simultanément. J'ai eu de la chance, parce qu'en disant que j'arrêtais, j'ai eu très peur. Tout le monde me déconseillait de le faire. On me disait : "Attention, après avoir arrêté une série, tu risques d'avoir un gros creux !"... J'étais quand même marqué par mon personnage. Et puis, il n'y a pas tant de travail que ça aujourd'hui...(c'était il y a trois ou quatre ans). Il faut dire que mon rôle de Siskowski demandait beaucoup de travail. On tournait 6 mois par an, tous les jours ! Que demande de plus un acteur ? Je savais qu'après ces 6 mois, je m'arrêtais les 6 autres mois le temps que les scénaristes écrivent, et qu'après je re-tournais 6 autres mois... D'abord, c'était très confortable à plein de niveaux, mais par rapport à l'acteur que je suis, j'étais sur-nourri. Puis j'ai eu l'espoir de passer à autre chose... Je me disais que finalement, un jour, la série s'arrêterait et que je vivrais cela comme un couperet, alors autant que je stoppe avant. Je me sentais enfermé alors je me suis dit qu'il fallait que je sorte de là. Par chance (et je ne saurai jamais si je me serais mordu les doigts jusqu'au coude), la série s'est arrêtée en même temps que je suis parti. Tant mieux.
J'ai eu après un grand trou de deux ans pendant lequel je n'ai plus eu de propositions, du tout ! Vous passez d'un seul coup de quelqu'un de très connu, visible sur un prime-time pendant 8 ans, avec une moyenne de 6,5 millions de spectateurs, à plus rien. Vous traînez l'image de Siskowski derrière vous. Les réalisateurs vous disent que vous faites trop Siskowski pour eux. Alors, je n'ai plus travaillé, et c'est là que je me suis dit : "il faut que je développe mes projets !". Je me suis donc mis un peu en retrait en tant qu'acteur, et j'ai réalisé. J'ai réalisé l'adaptation française de "Starsky et Hutch", "Duval et Moretti", sur M6. Une série qui n'a pas beaucoup marché, voire pas marché du tout et dont ils ont arrêté la diffusion. Puis, j'ai développé "Avenue Q"...
Et on retombe en février 2012... Il m'aura fallu 4 ans. C'était en 2008, quand j'étais dans le creux de la vague. Ou vous tombez dans la déprime totale et vous ne remontez pas parce que personne ne vient vous chercher quand vous êtes dans la déprime, ou vous dégagez la chose contraire à savoir : "je comprends tout à fait ce qui m'est arrivé, je comprends qu'on n'ait pas envie de moi, je comprends pourquoi, je vais donc changer de forme, je vais changer la couleur"... Et ça, ça peut fonctionner... ou pas. J'ai eu beaucoup de chance parce qu'avec "Avenue Q", j'avais une chance sur un million d'arriver à concrétiser. C'est tellement lourd ... Autant une petite pièce, je serais arrivé à la monter, autant "Avenue Q"... Ce n'était presque pas crédible.
Tiens, quel hasard... (je ris)
Vous savez, pour qu'un metteur en scène les engagent en faisant le pari que le spectateur oublie "Julie Lescaut" ou "Une femme d'honneur", c'est quasi-impossible. C'est un fait. Je serais producteur, je me poserais vraiment la question.
Rebecca Hampton, elle, est une fille qui aime tourner, qui s'amuse, qui ne se pose pas du tout le problème du plan de carrière. C'est une fille de très bonne composition qui est tout le temps de bonne humeur. Elle est ravie de cette boulimie là. Je ne la vois pas arrêter. Quant à Véronique, je pense qu'elle attend maintenant autre chose. En tout cas, je vous assure que ce sont des personnes qui aiment leur métier, qui sont très conscientes que dans la brèche dans laquelle elles sont rentrées, il y a une forme évidente de confort, de popularité, de revenus...
Je crois savoir que Véronique Genest est la mieux payée de la télévision française...
Oui. C'est la première grande flic ! C'est Julie Lescaut, celle qui a commencé ! Elle et Navarro. Quand on m'a proposé "La Crim'" au tout début et que je disais que je ne voulais pas faire de série française, je pensais à "Julie Lescaut" ! Je me disais : "Oh là là, faire le flic tous les jours, dire "alors, il est mort comment ?"..."retournez le corps";...(il prend une attitude blasée)... ça ne va pas être très marrant."
Elle s'est beaucoup investie, dans l'écriture etc... J'ai tourné un épisode en guest, avec elle, dans lequel je jouais le méchant (en fait deux méchants car je jouais des jumeaux), et je me souviens que malgré un metteur en scène très précis et exigeant, elle était très intervenante sur les plans, sur le jeu... Ça comptait beaucoup pour elle. Elle n'était pas du tout là juste pour gagner de l'argent et pour cacheter. Elle adorait sa série.
Corinne Touzet aussi. Franchement, je salue son courage. Je l'ai moins salué pendant un moment, notamment pendant qu'elle tournait "Interpol" parce que je ne comprenais pas ce qu'elle faisait là dedans, mais Corinne maintenant... Je la trouve deux fois plus belle qu'avant ! Je l'ai croisé à France Télévision il y a trois semaines, je ne l'ai pas reconnue. On aurait dit qu'elle avait 20 ans de moins parce qu'elle se maquille moins, elle s'était brossée les cheveux en arrière, elle avait un jean, un tee shirt et une veste en jean, elle était sublime. On aurait dit qu'elle avait 25 ans. Elle était épanouie...
Non, on a fini ! On a tourné 3 épisodes. La nouvelle est tombée hier à Europe 1 et chez Morandini. La série est arrêtée faute d'audience sur le dernier épisode qui est passé il y a à peu près un mois. On n'a pas fait un score suffisant pour que TF1 reconduise. Cela nous a surpris parce que Jean-Luc est énormément populaire. Les gens l'adorent. Dans les stars que je connais, je crois que c'est celui qui est le plus sollicité par le public. Il ne fait pas un mètre dans la rue sans qu'on l'arrête. Je n'ai jamais vu ça. Tout le monde le connait !
Les téléspectateurs le voient tous les midis ! Et de plus, il dégage l'image d'un homme très proche des gens...
Tout à fait. Il dégage l'image d'un homme très proche des gens, très sympathique. Une image très bienveillante etc... Les gens le ressentent en tout cas comme ça et c'est un fond de commerce qu'il a intelligemment monté et qui fonctionne. La sympathie, la proximité avec les gens.
Il s'est dit un jour : "Pourquoi ne pas faire de fiction ?". Et la première fois qu'il a fait une fiction, c'était avec des enfants. Très intelligent... Jean-Luc est très intelligent. Il est producteur. Il produit tout ce qu'il fait. Il produit ses émissions, il produit ses téléfilms (il les co-produit en tout cas), il a donc un vrai regard intelligent sur le produit, sur la cible. Et, ce qui est très malin, il a fait un film avec des enfants qui a cartonné. Cela s'appelait "Le monde est petit". Et sa deuxième idée a été de faire "Victor Sauvage", ce vétérinaire qui arrivait d'Afrique, complètement déconnecté de la civilisation moderne. Il arrivait à la demande de son ami d'enfance, que je jouais, qui était lui aussi vétérinaire, mais super bourgeois et ne soignant que des petits caniches en n'ayant qu'un seul but : gagner plein de pognon, avoir une Porsche et être tranquille dans Bordeaux. Seulement, il héritait de son père une réserve d'animaux sauvages dont il ne voulait pas du tout. Il appelait alors son ami Victor Sauvage, qu'il n'avait pas vu depuis 15 ans, et qui vivait en Afrique en lui disant : "Viens m'aider et je te donne la responsabilité du parc". Ce qui a fabriqué une espèce de duo improbable, dans lequel les désaccords sont légions... Cela donnait des scènes de comédie super amusantes basées sur l'amitié. Ce n'était pas mal fait du tout. En plus, c'était beau parce qu'on a tourné à Limoges, dans un superbe parc animalier sauvage, très grand, avec beaucoup d'animaux magnifiques. On s'est installé là-bas pour tourner un premier épisode qui a très bien marché. Puis le second a un tout petit peu moins bien marché. Et le troisième n'a pas marché. TF1 a donc arrêté.
Mais ça m'a donné l'occasion de renforcer mon amitié avec Jean-Luc. On se connait depuis très longtemps, quand il était voix off d'émissions. Moi, j'ai eu une toute petite carrière d'animateur de télévision sur la cinquième.
Ah bon ??
Parmi vos multiples facettes, il y en a une qui est particulière, c'est le doublage... En effet, vous avez doublé des acteurs illustres comme Jim Caviezel, Ruppert Everett ou Christian Bale !
Oui. Pas mal hein ! (Il sourit). Et c'est assez marrant. C'est très particulier parce que vous êtes enfermé dans un studio, derrière une barre. C'est flatteur de vous donner la voix d'acteurs comme ça. J'ai des amis qui font ça comme carrière... Un acteur qui réussit, c'est un sur mille, donc je comprends très bien les acteurs qui, s'ils ont réussi à faire du doublage (car c'est un milieu très fermé) et à les enchaîner, ne font plus que ça. Et il y a beaucoup de travail dans cette branche. Regardez le nombre d'acteurs américains à la télévision. Et tous sont doublés ! Les studios de doublage tournent à bloc ! Quand on double, comme le font certains de mes amis en enchaînant les films, ça fait un bon revenu, vraiment conséquent. Quand on le fait comme je le fais moi, ce n'est pas un bon revenu. Je le fais très peu, uniquement pour le plaisir, j'en fais 4 ou 5 par an, pas plus. Et pour vous dire la vérité, quand vous doublez un long métrage, ça vous rapporte 2500 euros. Maximum. Pour le rôle principal !
J'ai eu la chance de doubler un acteur incroyable dans le film "La vie des autres", ce long métrage qui a remporté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2007 ainsi que de multiples prix. C'était un allemand du nom d'Ulrich Mühe... C'est ma plus grande fierté. Encore plus que Ruppert Everett ! Et c'est moi qu'on a choisi pour le doubler dans ce film...Mühe était une espèce d'acteur shakespearien, merveilleux. J'ai mis une semaine à le doubler. C'était un travail fabuleux. Il est devenu une star énorme à 52 ans, d'un coup, grâce au film, et suite au succès de ce long métrage, ils ont sorti une série allemande d'une cinquantaine d'épisodes et là du coup, c'est devenu un peu lucratif, j'avoue ! Parce que la France l'a achetée et qu'il a fallu que je le double pendant 5 mois... Je me suis acheté une belle voiture, c'était super ! (Il rit).
Dans cette série, qui n'était pas une super série, dans laquelle il jouait un médecin légiste, l'ambiance était assez macabre. Mais c'était tellement bien joué par cet acteur !!! Tellement bien joué que j'étais fou de joie.
Et cet acteur est mort !
Ça a été pour moi, pas simplement la manne qui s'arrêtait, mais un choc parce que j'aurais pu arrêter tous les autres acteurs que je doublais pour me consacrer uniquement à Ulrich Mühe...
Justement, quel est l'acteur avec lequel vous avez joué qui vous a le plus impressionné ?
Pierre Arditi. J'ai une passion pour Arditi. C'est étrange parce que j'entends un peu tout et son contraire sur lui. J'entends beaucoup que c'est un très bon acteur parce qu'il est virevoltant, parce qu'il est à l'aise... mais j'entends aussi qu'il fait toujours un peu pareil. Après tout... Gabin, Belmondo, De Funès, Jouvet, faisaient également un peu pareil ! Simplement, ils avaient une personnalité qui inspire le désir et qui faisait qu'on en voulait toujours plus. Arditi, pour moi, est une valeur tellement sûre... Je vous assure que ce soit en tournage ou sur scène, il perd 3 kilos par soir ! Mais c'est de l'eau hein ! On les reprend en deux heures au resto après...
Il joue à chaque fois comme si c'était la première et la dernière fois. C'est justement ce que nous enseignait Jean-Laurent Cochet : "jouez la pièce tous les soirs comme si c'était votre première fois... et votre dernière !", "Ça va vous donner un cadeau, vous allez vous engorger de votre pièce"... Et c'est vrai. La dernière fois que l'on joue une pièce, on voudrait qu'elle dure deux fois plus longtemps, on cherche finalement plus de choses, on profite de tout, on a envie de ralentir au maximum parce qu'on arrive à la fin, et on s'engorge en se disant que ça va être la dernière fois... C'est vrai que prendre conscience que c'est peut-être la dernière fois que vous jouez la pièce vous la fait jouer tous les soirs et vous empêche un soir sur trois ou sur quatre (ce qui est très humain et très légitime) de vous dire : "Oh là là, ce soir, je n'ai pas très envie d'y aller..." Y aller, dans le sens de déclencher la machine. Vous vous sentez un petit peu en dessous et vous sentez que la machine ne se déclenche pas. Vous la jouez, mais un petit peu en bémol. Il suffit de décider, et d'un coup vous êtes en dièse et ça repart !!
Et bien merci pour cette interview fort sympathique et O combien intéressante !
Mais c'est moi qui vous remercie.