EN LIVE AVEC LES STARS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférés, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos commentaires pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
Aujourd'hui :
01 Août 2015. La comédienne est présente à la 22ème édition de l'excellent festival du film de Lama.
Rendez-vous est pris à 10h30, dans un café du village surplombant la magnifique Balagne. L'actrice arrive en retard, mais, souriante, a la politesse de s'en excuser. Nous nous installons sur la terrasse afin de commencer l'entretien et elle se montre d'emblée très disponible et chaleureuse. Point important, elle n'a pas été le moins du monde exigeante au niveau du reportage image. De plus, elle s'est montrée tout à fait affable avec toutes les personnes qui sont venues la saluer, acceptant volontiers les clichés photos.
Je vous laisse donc découvrir cette comédienne talentueuse et passionnée qui n'a pas du tout la langue de bois...
Bonjour et merci de me recevoir,
Mais c'est un plaisir.
Vous êtes le fruit d'une mixité...
(Elle prend un air étonné)...
Wallon et flamand !
Ah ! Effectivement, c'est vrai ! (Elle rit).
De quel côté penche votre personnalité ?
Des deux justement ! Je trouve que c'est la richesse du pays. Et je tiens à cette double identité, très forte. J'ai été éduquée en français, mais mes grands-parents, du côté de ma mère, viennent des Flandres.
Quand avez-vous su que jouer était votre véritable leitmotiv ?
(Elle réfléchit)... J'avais déjà fait des choses quand j'avais 15 ou 16 ans. Au départ, j'étais très attirée par les textes et la poésie. C'est quelque chose qui m'amenait de découverte en découverte. A l'époque, j'ai fait du théâtre expérimental.
Ayant eu des enfants très jeune, j'ai également fait du théâtre pour enfants. J'y tenais plutôt des rôles de fille drôle, alors que je ne suis pas spécialement une grande comique... J'aime bien rire, mais c'est tout. Ensuite, j'ai approfondi ça et j'ai fait une école de clown. Puis, j'ai enchaîné avec mon spectacle... Voilà... En somme, tout s'est fait de fil en aiguille...
Ok...
Et puis, j'ai rejoint la troupe de Jérôme Deschamps, dans laquelle j'ai retrouvé la richesse de plusieurs cultures.
Moi, ce que j'adore, c'est la tragi-comédie ! J'adore ça ! C'est ce qu'on faisait avec "Les Deschiens" ! C'étaient souvent des choses graves, des choses de la vie. C'est un truc qui me plait bien, et ce encore à l'heure actuelle. J'adore écouter François Morel, qui est resté pour moi un grand ami, et je suis une inconditionnelle de ce qu'il fait. Il raconte toujours des choses de la vie de façon décalée, et ça me fait rire !
Le public français vous a vraiment découverte et adoptée avec "Les Deschiens". Racontez moi un peu les débuts de cette aventure...
Je sortais de mon spectacle "Sale affaire, du sexe et du crime" et je me demandais comment continuer. Je ne voulais pas faire une carrière d'humoriste en solo.
Pendant plusieurs années, j'ai joué mon spectacle et j'ai beaucoup tourné. Un jour, je suis tombée sur une interview de Jérôme Deschamps, qui jouait "Les petits pas" à l'époque, et qui parlait des acteurs, des défauts que l'on gomme dans la vie, ces fameux défauts qui sont de l'ordre de l'humain et qui peuvent faire sourire. Je me souviens d'ailleurs du cas d'une jeune fille qui était complètement coincée. On lui a mis un nez rouge de clown. Elle disait ensuite "bonjour" et tout le monde éclatait de rire ! Seulement, après les cours, cette jeune fille pleurait... Elle ne faisait pas la nuance entre ce qui était vraiment elle et ce pourquoi on riait... Moi, je me suis demandée : "Pourquoi est-ce qu'on rit là ? Est-ce qu'on touche à l'humain ?". C'est toujours ce qui me fait rire.
L'aventure chez Deschamps me permettait donc de faire un truc à plusieurs et de jouer dans une troupe. J'y ai appris énormément de choses. Tous fonctionnaient comme des peintres : ils mettaient des choses en scène, des choses de la vie qui sont graves, ou poétiques, ou drôles, comme des tartes à la crême ou tout ce qu'on veut, et j'adore cet univers là.
Justement, actuellement vous semblez constamment jongler entre comédie et drame. C'est un choix totalement assumé ?
Oh oui ! Si je peux naviguer de l'un à l'autre, en allant là où on ne m'attend pas, je fonce.
Vous ne voulez pas être "cataloguée" ?
En vieillissant, je n'aimerais pas qu'on ne me propose que des rôles de concierge rigolote et forte en gueule. J'aime les rôles complexes.
Pourquoi est-ce qu'on vous proposerait des rôles de concierge rigolote et forte en gueule ?
(Elle sourit) Je n'ai pas le profil de Fanny Ardant ou Catherine Deneuve... On m'emploie donc pour autre chose. Mais en même temps, je fais des choses qu'elles ne pourraient pas faire et inversement.
(Je la coupe) Ce qui m'amuse, c'est que vous parlez de "forte en gueule" alors que ce n'est pas du tout l'image que vous véhiculez...
Tant mieux ! (Elle rit). Moi, j'ai envie d'incarner des personnages complexes ! J'ai adoré celui que je joue dans "Voyage en Chine"...
Ne m'en parlez pas encore, car on va y venir...
(Elle rit)... Ah d'accord.
Vous avez reçu trois "Césars". Sans langue de bois, que pensez-vous des récompenses du cinéma ?
Quelque part, ça fait plaisir, mais en même temps, je suis assez vieille pour savoir que cela ne veut rien dire du tout. Je ne commence jamais un film en pensant aux Césars ! Cependant, c'est une reconnaissance de la profession. Cela offre aussi plus de choix. J'ai beaucoup de copains et copines comédiens très talentueux qui "rament" dans leur boulot et qui sont parfois obligés de faire des choses "alimentaires". Dans ce métier, cela arrive très souvent. Un "César" améliore grandement les choses.
Certains m'ont déjà affirmé qu'après en avoir reçu un, ils étaient devenus "bankables" et que leur salaire avait ensuite augmenté de façon conséquente...
Moi, je dis que ce n'est pas vrai ! Par contre, ça donne la possibilité d'avoir plus de choix dans les rôles. En attendant, en ce qui me concerne, je fais quand même des films de fauchés. Et je ne pratique pas les prix que certains pratiquent ! Et même si on me les proposait, je refuserais car je trouve ça indécent. A l'heure actuelle, je trouve indécent les salaires de certains acteurs.
Je dis bien "certains acteurs". Ils sont très peu mais je trouve ça indécent.
C'est vrai qu'il y a des salaires qui sont mirobolants...
Oui. Je le répète : indécents.
(Un silence s'installe, et elle se met à rire)
Avez-vous toujours pris du plaisir au moment d'interpréter vos rôles ou vous est-il arrivé d'avoir des angoisses ?
(Elle réfléchit)... Il y a quelquefois des rôles qui m'ont gênée. Je me rappelle d'un film gore que j'ai fait...
(Je la coupe) Gore ???
Oui. Un film dont je ne suis pas très fière... (Elle rit)... (NDLR : A sa demande, je n'indique pas le nom du film). Je n'en avais jamais fait et je ne vais jamais en voir car ça me fait trop peur. Pendant le tournage, je sentais ce "truc" gore me gagner et j'étais mal à l'aise.
Dans la vie, comment vous définiriez-vous ?
(Elle réfléchit)... Angoissée et indécise. Je mets beaucoup de temps pour écrire, pour choisir... (Elle réfléchit de nouveau)... Votre question est difficile...
Quel est votre trait de caractère le plus marqué ? Ne me dites pas que vous n'avez pas de caractère...
(En réfléchissant)...Si, j'en ai... Oh, elle est trop difficile votre question ! Comme c'est une interview, on est vite consensuel, mais je n'ai pas envie de l'être. D'un autre côté, je n'ai pas non plus envie de me dévoiler... (Elle rit).
Aucun problème, je respecte cela. Passons alors à autre chose. Il paraît que vous avez reçu un appel téléphonique d'un agent de Martin Scorcese ?
(Très étonnée)... Mais dites donc, vous êtes drôlement bien renseigné ! En fait, c'est mon agent qui a reçu ce coup de fil. A ce jour, je ne sais toujours pas pourquoi c'était...(Elle se coupe)... Mais c'est incroyable ! Comment vous savez ça vous ?? Je ne l'ai jamais dit !
Je sais toujours tout. C'est mon métier. (Nous rions)
En fait, il fallait savoir parler anglais et moi je n'aime pas les frustrations. Comme je ne sais pas parler anglais couramment, j'ai dû décliner. Du coup, je ne sais pas si c'était pour un petit ou un grand rôle, ni même pour quel projet c'était.
Par contre, je me rappelle d'une soirée chez moi, quelque temps plus tard, avec des amis. J'avais beaucoup bu et je déclamais (elle imite l'accent anglais) : "Martin ! Martin ! I can speak english !!"... (Nous rions de bon coeur).
C'est dommage. Peut-être êtes-vous passée à côté de quelque chose de grand...
(Elle souffle) Je n'en sais rien. Autant ce n'était rien du tout... Mais en tout cas, j'adore Scorcese.
A mon tour de vous parler franchement. J'ai vu votre film "Louise-Michel", que j'ai détesté. Je me suis ennuyé de bout en bout. (Elle ne réagit pas et m'écoute attentivement). Ce qui fait que j'ai fait un blocage et j'ai raté "Séraphine", tourné la même année. Puis, en préparant l'interview, j'ai visionné "Voyage en Chine". Et là... Le choc ! Vous m'avez scotché sur mon fauteuil... C'est un superbe film, touchant et pudique, dans lequel vous faites passer toute une palette d'émotions sans une tonne de dialogues... Racontez moi l'aventure de ce film...
C'est d'abord une rencontre avec Zoltan Mayer, qui m'a proposé ce sujet là. J'ai de suite été intéressée par l'homme. Je l'ai trouvé très fin, très intéressant. De plus, il aimait la Chine. Il avait vécu là-bas, connaissait le Mandarin, et comme il aimait profondément le pays, je me suis dit que j'allais découvrir la Chine autrement. J'avais également vu "A touch of sin", un film extrêmement violent qui se passe là-bas, et j'avais adoré. Mais cependant, j'avais une certaine crainte. En effet, nous, européens, nous n'avons pas l'habitude d'aller tourner là-bas. Ca pouvait très vite faire : "Yolande en Chine" ou "Yolande à la campagne"... comme la saga des livres "Martine"... (Elle rit). Il y avait des pièges ! Et c'était d'autant plus piégeux qu'il y avait cette histoire de deuil ! Là, je me suis dit : "Attention ! Ca peut être plombant".
Ca ne tombe jamais dans le pathos !
Non. Jamais. En même temps, il ne fallait jamais quitter cette histoire des yeux, car elle est extrêmement violente. La perte d'un enfant est la chose la plus terrible qui puisse arriver à des parents... "Voyage en Chine" nous montre donc cette femme, qui est en reconstruction et qui rentre en contact avec son enfant, malheureusement décédé.
Vous savez, j'avais très peur pour ce film ! Et finalement, quand je l'ai vu, je me suis dit : "Il est très fort !". Le montage et l'image sont formidables, la musique est magnifique, et le trait n'est jamais forcé. Ca, c'est l'intelligence de Zoltan.
(Je la coupe) Et vous, vous êtes formidable ! Vous arrivez à nous arracher des larmes dans un film pratiquement dépourvu d'action, simplement en suivant votre personnage dans sa douleur...
Dans la scène du début, quand elle apprend le décès de son fils, j'avais dit à Zoltan : "J'ai réagi comme si c'était moi qui apprenait la mort d'un des miens"...
Certains passages sont très intelligents, notamment celui de la rencontre avec le corps de son fils, à la morgue. On aurait pu aisément tomber dans la facilité...
(Elle me coupe) Et on ne la voit pas. On ne voit que l'employé qui fume sa cigarette... Sauf que le figurant ne sait pas fumer !!... Bémol !! (Elle rit).
(Je ris) Je vous retrouve bien là ! Je sais que vous regardez chaque détail de jeu, notamment le vôtre, lors des visionnages...
Très souvent. Quand je vois un de mes films pour la première fois , je me dis "Là, j'aurais pu faire mieux, là c'est bon, etc..." Je reste dans une critique permanente. Lors d'une projection de groupe, la maquilleuse regarde son maquillage, et bien moi, je regarde mon jeu. Pendant le tournage, j'ai bien sûr un aperçu et un sentiment sur le film dans son ensemble, mais je peux mieux le voir après.
Actuellement, vous considérez-vous comme une femme comblée ?
(Elle réfléchit). Oui, quand même ! Il ne faut pas oublier que j'ai beaucoup de chance. J'ai des enfants et des petits-enfants magnifiques, j'ai la chance de pouvoir faire le métier que j'aime, je vis avec un homme formidable... Je n'ai aucune raison de me plaindre. Sincèrement ! En plus, je suis à Lama aujourd'hui !
Maintenant que vous êtes une référence...
Ouh là ! Vous trouvez ? Pas encore !
Si ! On peut le dire ! Quel conseil pourriez-vous donner à une jeune actrice débutante ?
De faire un maximum de choses. Ne pas toujours attendre quelque chose de l'extérieur. Je suis toujours un peu effrayée par ces histoires de castings. Il faut faire des choses, rencontrer des gens, entreprendre par soi-même. Il faut aller jouer une petite pièce de théâtre, etc... Il ne faut surtout pas attendre qu'on vienne vous chercher pour un rôle miraculeux.
Mais actuellement, les jeunes sont obligés de passer des castings !
Oui, On peut faire ça, mais on peut également faire autre chose ! On n'est pas obligé uniquement d'attendre.
Vous êtes pour l'esprit d'entreprise...
Oui. Pour l'innovation. Profiter de son énergie pour faire des choses.
Vous dites ça parce que vous en faites beaucoup vous même : du théâtre, de la télévision, du cinéma en tant qu'actrice, mais aussi en tant que réalisatrice...
J'ai fait beaucoup de théâtre. Maintenant, j'en fais beaucoup moins. Un truc en entraîne un autre...
C'est vraiment un métier de rencontres ?
C'en est un. Mais dans mon cas, c'est assez paradoxal car je suis plutôt solitaire. Je vis à la campagne...
Vous vivez en Normandie...
Tout à fait.
Quand on est jeune, il existe des structures scolaires. C'est extrêmement intéressant. En ce qui me concerne, j'ai un parcours un peu marginal. Mais le peu que j'ai passé à l'école m'a fait rencontrer des gens. Ca a été formidable de richesse.
Vous parlez des écoles de théâtre ou de l'école tout court ?
De l'école avec Philippe Gaulier par exemple...
Ok. L'école de théâtre...
Mais après, j'ai également fait du théâtre dans la rue, pour essayer des choses...
A l'époque, j'avais un culot fou !
Les premières fois, je demandais à passer dans les cafés-théatres, juste 5 minutes. Je m'interdisais d'avoir une idée et j'improvisais...
(Je la coupe) Tout en improvisation ?
Oui. J'avais un culot fou ! Je n'oserais plus jamais faire ça !!
Et vous n'avez jamais fait de bide ?
Ben... De là est né mon premier spectacle.
Vous m'avez dit tout à l'heure que vous étiez plutôt solitaire. Vous considérez-vous comme telle ?
(Elle réfléchit)... J'aime bien tout. Je vis à la campagne et j'adore ça. Je peux rester seule pendant plusieurs jours, voire plus, mais tout à coup, j'adore changer et rencontrer des gens de par mon métier...
Comment vivez-vous la célébrité ?
Le plus simplement du monde. Je ne suis pas du tout mondaine. Vous me verrez très rarement à des soirées de ce type. Et quand j'y vais, que ce soit pour le festival de Cannes ou pour une remise de prix, je m'y amuse mais c'est pour moi du quinzième degré.
Nous sommes tous des personnes avec des parcours de vie différents. Je crois à l'individu ! Je ne crois pas à une masse privilégiée qui se regroupe avec des robes de chez machin...
Vous êtes restée très simple...
Comme beaucoup de gens !
Le succès ne vous est jamais monté à la tête ? Répondez-moi très honnêtement ! Certains me l'ont déjà avoué...
Non. Je ne crois pas. Je pense que, dans mon cas, le succès est arrivé trop tard. Je n'ai vraiment été connue qu'au moment des "Deschiens". J'avais déjà la quarantaine !
(Elle réfléchit)... Avec mon spectacle, c'était plutôt jouissif... Mais après, j'ai eu mes enfants et mon spectacle me suffisait pour vivre.
En résumé, vous avez toujours su faire la différence entre la vraie vie et le miroir aux alouettes...
Appelons cela comme ça ! (Elle rit)
Et bien merci beaucoup de m'avoir reçu.
Mais je vous en prie. Vous savez, j'ai bien aimé votre interview !
Merci. Ca me fait bien plaisir.