EN LIVE AVEC LES STARS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
AUJOURD'HUI
Vendredi 25 mars 2013. La comédienne est présente au théâtre de Bastia pour y interpréter "Sunderland", une pièce de Clément Koch.
Rendez-vous est pris à 19h, dans les locaux du théâtre. Elodie Navarre est pile à l'heure et nous accueille avec un grand sourire de bienvenue. Elle me demande sur quel support je compte enregistrer notre interview, et dès que je lui précise qu'il s'agit d'audio et qu'il nous faut un endroit calme, elle nous dirige vers la salle de spectacle, en traversant la scène prête pour la représentation du soir.
La ravissante actrice est lumineuse et conjugue charme et spontaneïté. Particulièrement agréable, elle se révèle absolument craquante et désarmante de naturel. Tout au long de l'entretien, elle ne se comportera jamais en star et se départira rarement de son sourire. Une des interviews les plus détendues qu'il m'ait été donné de faire...
Bonjour et merci de me recevoir...
J'en suis ravie
J'aurais voulu que vous nous racontiez votre parcours, parce qu'apparemment, vous avez commencé très jeune...
Effectivement. En fait, j'avais 16 ans quand j'ai été repérée dans le métro. Je rentrais de l'école, et un type me regardait bizarrement. Je lui ai demandé s'il y avait un problème, et il m'a répondu qu'en fait non, et que j'étais exactement le personnage qu'il recherchait pour un film qu'il était en train de caster. Il m'a donc demandé si j'acceptais de venir faire un bout d'essai... Je lui ai répondu que je ne savais pas, que je n'avais jamais fait ça...
Vous n'aviez aucune notion de comédie ?
Aucune ! J'étais avec un copain qui m'a dit "mais c'est génial ! Il faut absolument que tu y ailles ! C'est une expérience à tenter !". Je lui ai dit "OK, mais tu m'accompagnes". J'y suis donc allée la semaine suivante. Ils m'ont demandé de faire une improvisation... A l'époque, il n'y avait pas de portable et il fallait donner son numéro de téléphone fixe. Je n'avais pas prévenu mes parents, et quand ils ont reçu le coup de fil disant que j'étais engagée, ils ont été très étonnés ! Et moi aussi ! Je me suis donc retrouvée à jouer avec Jean Rochefort, pendant un mois, et il a fallu que je quitte l'école pendant le laps de temps.
Le scénario était intéressant et triste (une histoire d'inceste) et quand on l'avait lu avec mon père, ce dernier m'avait conseillé de tenter le coup et m'avait dit "tant pis pour l'école, on fera un rattrapage l'été".
Rater l'école, pour moi, c'était tout un truc parce que je n'étais pas une élève particulièrement douée... (Elle sourit).
Et voilà, ma vie de comédienne a commencé comme ça.
Mais c'est une histoire de fou !
De fou !!
Et vous vous dirigiez vers quel métier à cette époque ?
(Elle rit et se fait moqueuse)... En seconde, vous savez bien !!... Déjà arriver au Bac ! (Elle rit de plus belle).
Racontez moi l'aventure du clip de la chanson de Jean-Jacques Goldman : "On ira"...
Ca aussi, c'est du hasard... complètement. Je ne sais pas comment je suis arrivée dans cette aventure, alors je ne vais rien pouvoir vous dire, à part que le réalisateur est tombé sur une image de moi, et apparemment, c'est ce qu'il cherchait pour le tournage du clip de Goldman. C'était réalisé comme un court-métrage et je n'ai pas vraiment rencontré le chanteur, dans le sens où il était en studio, nous en court métrage, et il était en
surimpression sur ce dernier. Je ne l'ai croisé que le jour de la projection du clip.
Vous tournez beaucoup pour la télévision. C'est un support que vous appréciez particulièrement ?
J'ai eu de très beaux rôles à la télé : celui d'une pianiste concertiste, l'année suivante celle d'une pasteur, l'année d'après j'ai joué "L'année du pouvoir" dans lequel je jouais un sorte de femme politique, un peu à la Ségolène Royal...
Effectivement, la télé m'a offert des rôles solides, agréables à incarner sur la longueur, alors qu'au cinéma, les rôles ont été moins forts... A part sur le film "Les aventures de Philibert, capitaine puceau".
Nous y reviendrons plus tard...
Vous avez joué dans "L'art d'aimer". Vous y incarniez Vanessa, en union libre (voire très libre...) avec son compagnon... Quelle partie de vous avez vous mis dans ce rôle ?
(Elle rit de bon coeur)... C'est drôle parce qu'"union libre", ça ne marche pas vraiment... C'est un fantasme...
C'est intéressant parce qu'Emmanuel Mouret écrit ses fantasmes et les fait vivre à ses personnages. Après, ça marche ou ça ne marche pas, mais en tout cas, il propose dans ses films différentes manières de s'aimer. J'ai trouvé super de faire partie de ça, par l'intermédiaire du personnage de Vanessa, parce que c'est tout à fait un truc que je pourrais vouloir tenter... Ce qu'elle dit à son fiancé, c'est tout à fait ce que je pourrais dire naturellement : "Ecoute, malgré que l'on soit bien ensemble, cet homme m'a plu, est-ce qu'on ne pourrait pas essayer..?". En fait, je ne m'en ferais pas un monde...
Vous n'êtes pas bloquée par les tabous ?
Non. Mais il paraît que c'est typiquement verseau, ça.
Ah bon ? Vous êtes orientée astrologie ?
Pas du tout ! (Elle rit). Mais Frédérique Bel, qui est dans le film, est férue d'astrologie, et elle m'a dit que c'est tout à fait une réflexion de verseau !
Ce sont des gens libres !
Revenons maintenant aux "aventures de Philibert", cette comédie loufoque et rigolote... Vous êtes lumineuse dans ce film !
Merci beaucoup ! Vous savez, on ne sait pas ce qui s'est passé à la sortie du film. Il n'a pas beaucoup marché et pourtant, on l'a porté à bout de bras...
Je pense le savoir. C'est un film qui s'adresse plutôt aux personnes de ma génération qui ont connu les films auxquels "Philibert" fait référence. Les divertissements cape et d'épée menés tambour battant par des acteurs comme Jean Marais ou Gérard Barray. Et quelqu'un qui n'a pas ces références ne peut pas comprendre l'atmosphère particulière qui y règnait. Le jeune public par exemple...
Je pense que vous avez raison. Et pourtant, c'était une aventure exceptionnelle. Imaginez qu'on vous dise que vous allez tourner un Errol Flynn, à Prague, dans des décors construits tout spécialement pour le film, avec un faux bateau, un faux château, et que vous voyez la production que c'est !! ... En plus, c'est un bonheur de faire découvrir ce genre de films à la nouvelle génération.
Le fait que ce film n'ait pas rencontré son public tient surtout de la malchance, parce qu'il est réussi !
Et vos rapports avec Jérémie Renier ?
Supers !! Pour le coup, ce type, c'est Jean Marais !! C'est un homme très généreux, hyper sportif. Il était capable de faire toutes ses cascades.
On était tous très investis. Il a fallu qu'on apprenne à monter à cheval, qu'on apprenne l'escrime... Si vous vous rappelez les scènes dans lequelles il vient me voir la nuit, dans le donjon ? Tout était fabriqué et on était sur des échelles... Il fallait être assez... souples ! (Elle rit). Et puis les robes, les corsets !!!... Si vous saviez... (Elle rit de plus belle)
Justement... Vous n'avez pas trop souffert ? Je sais que vous avez eu un grave accident...
Effectivement. Il y a 10 ans.
Vous avez eu une lourde et pénible rééducation car vos fractures étaient multiples. D'ailleurs, si mes renseignements sont bons, vous avez, dans le centre de rééducation, croisé une star du football nommée... Ronaldo !
(Très étonnée) Mais oui ! Mais comment avez-vous toutes ces infos ??
Je sais tout !! (Je ris)
Mais c'est fou ça !! C'est drôle !
En fait, après mon accident, j'ai eu la chance d'être transférée dans un centre de rééducation pour sportifs de haut niveau qui permet aux gens cassés corporellement, incapables de pouvoir continuer leur métier, de se rééduquer plus rapidement. C'est le CERS (Centre Européen de Rééduction réservé aux Sportifs) situé à Capbreton. Comme je viens de vous le dire, c'est, la plupart du temps, réservé aux sportifs, mais à l'époque, je jouais au théâtre de La Criée à Marseille et je me suis dit que je pourrais peut-être les appeler en leur expliquant que mon métier était identique au métier de sportif, et que sans leur aide, je ne pourrai pas retourner sur scène. Il me fallait absolument entrer dans un univers dans lequel les gens ne sont là que pour guérir, et non pas aller chez le kiné de temps en temps... Et ils m'ont acceptée ! Ils se sont occupés de moi comme une sportive, mais de scène ! Ils m'ont tellement bien soignée que maintenant je peux galoper, et faire plein de choses...
Ce qui explique la scène d'ouverture du film "Gomez et Tavares"... (NDLR : Elle joue une stripteaseuse)
Exactement ! Ils étaient impressionnés et n'en revenaient pas ! Bon, en même temps, les danseurs font un excellent boulot et les maquilleurs ont bien dissimulé toutes les cicatrices ! Mais quand même...
Avec quel acteur rêveriez-vous de tourner ?
(Elle réfléchit longuement)... Il y a plein d'acteurs que j'apprécie mais je ne rêve pas d'un en particulier. Comme la majorité des choses me sont arrivées par hasard, avec quand même une énorme envie doublée d'une formation au Conservatoire, je laisse venir les choses... J'aime beaucoup Denis Podalydès, Matthieu Amalric...
En fait, je n'aime pas citer les gens parce qu'il y en a énormément que j'admire dans leur travail, dans leur parcours, et j'espère juste qu'un jour je les rejoindrai.
Concernant les films, avez-vous un genre de prédilection ?
Non, parce que je crois que j'ai presque fait tous les genres.
Pas l'horreur...
(Elle réfléchit)... Non, vous avez raison. J'ai fait les comédies romantiques, les drames, les films d'époque, les films d'auteur... mais pas l'horreur, c'est vrai. Je n'ai pas fait non plus de film d'action, mais en France, il n'y en a pas beaucoup ! (Elle rit).
Je n'ai pas de genre de prédilection parce que c'est assez agréable de passer du théâtre au cinéma, ou à la télévision. C'est une chance.
Quelle serait, pour vous, une soirée idéale ? Attention, vous avez déjà répondu à cette question dans un grand magazine et c'était assez rigolo...
(Elle sourit et réfléchit longuement)... Qu'est ce que j'ai bien pu répondre ?... Non, je ne vois pas...
Vous avez déclaré : "Faire l'amour et m'endormir à minuit !"
(Elle rit). Ah oui ! Mes parents m'en ont reparlé de cette interview !...
Et bien oui... (elle rit de bon coeur)... c'est une soirée réussie !
Vous parliez tout à l'heure de votre formation théâtrale...
Vous avez vu "Sunderland" ?
Hélas non.
Et vous restez ce soir, pour la représentation ?
Non, car nous repartons immédiatement après cette interview, ma photographe et moi, direction le sud de l'île...
(Déçue) Vous ne savez pas ce que vous ratez ! Cette pièce est un bijou.
Alors parlez-m'en !
Quand on me l'a proposée, je l'ai lue d'une seule traite ! Je me suis dit : "mais comment cette fille va pouvoir s'en sortir ?"...
Le pitch de la pièce pour ceux qui veulent la découvrir :
À Sunderland, dans le nord de l'Angleterre, pour ne pas perdre la garde de sa petite soeur, Sally a cruellement besoin d'argent. Et ce ne sont pas les revenus de sa colocataire récemment promue experte en téléphonie rose qui changeront quelque chose.
Naît alors en elle un projet insensé, car si rien est à vendre, quelque chose est à louer...
C'est de l'humour anglais qu'on adore. C'est "Billy Elliott"... Comme dans les Ken Loach, les gens sont dans la misère, mais ils possèdent une humanité, une drôlerie qui font qu'on se dit : "c'est fou d'arriver à avoir autant d'énergie du désespoir, et faire rire tout le monde dans les conditions dans lesquelles ils vivent !". Et ces filles là vivent dans ces conditions ! L'intrigue c'est : comment vont-elles s'en sortir financièrement, avec cette petite soeur autiste que les services sociaux veulent lui retirer ? Sally va donc faire quelque chose d'insensé...
"Sunderland" rassemble tout ce que j'aime dans les films anglais, c'est à dire la misère sociale qui est très justement décrite, mais aussi la comédie, grâce à des personnages qui ont une étonnante manière de vivre cette misère. J'ai eu beaucoup de chance qu'on me propose cette pièce !
Et apparemment, ça marche très fort !
Oui. Nous allons bientôt atteindre les 250 représentations.
Au jour d'aujourd'hui, le théâtre reste votre principal support ?
Je crois que je vais continuer à jongler entre le cinéma, la télévision et le théâtre...
C'est un besoin ?
C'est plus un plaisir. J'adore être sur scène parce que c'est un endroit où je me sens chez moi, et c'est là où on se forge un caractère, une personnalité, une voix... J'adore répéter, j'adore passer un mois à réfléchir... On a le temps de déformer son corps, sa voix, pour les reformer ensuite. En fait, j'aime tout ce qui est transformation et c'est vrai qu'au théâtre, on a le temps de le faire. Le cinéma, lui, va un peu trop vite. La télé, je n'en parle même pas !
Quels sont vos projets pour le cinéma ?
Ce n'est pas un projet, mais j'ai fait un film pour Arte, que j'ai tourné en Chine, à Shangaï, et qui sort le 3 mai 2013.
Qui s'appelle ?
"Shangaï blues", de Fred Garson, avec Clément Sibony et Thierry Frémont. C'est l'histoire d'un jeune couple qui va s'installer à Shangaï en pensant que c'est l'Eldorado, comme l'avait été New-York à l'époque, et qui va déchanter. Ca dépeint l'essor chinois, la façon dont ces derniers travaillent, et combien les européens peuvent être "largués" par rapport à ce pays qui a une autre manière de penser et de fonctionner. C'est un film qui fait réfléchir...
J'en ai désormais terminé. Merci beaucoup de votre gentillesse et votre disponibilité.
Mais je vous en prie.
Reportage photo réalisé par Candice Obron-Vattaire