EN LIVE AVEC LES STARS !

Publié le par corsu61

Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.

Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.

Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.

N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...

 

AUJOURD'HUI

EN LIVE AVEC LES STARS !

Jeudi 21 mars 2013. L'actrice est présente au Centre culturel de Porto-Vecchio afin d'y jouer "Le voyageur sans bagages" de Jean Anouilh.

Rendez-vous est pris à 17h. L'actrice se présente avec un quart d'heure de retard, mais a la courtoisie de s'en excuser. Plutôt distante, elle nous demande d'une voix douce de la conduire vers le lieu de l'interview. Nous montons donc à l'étage du bâtiment et entrons dans la pièce qui nous est réservée.

Très soucieuse de son image, Catherine Jacob plante immédiatement le décor : pas de photos pendant l'interview. Mais elle accepte cependant d'en faire quelques-unes, uniquement lorsque l'entretien sera fini.

Je m'aperçois immédiatement que ce dernier ne sera pas facile. En effet, elle semble sur ses gardes, très méfiante vis à vis de la presse, et dotée d'un caractère bien trempé. Elle n'aime visiblement pas la contradiction et a l'art de vous jeter un regard froid et moqueur quand une question lui déplaît. Ceci dit, c'est toujours fait avec la plus grande courtoisie...

Le verbe haut et sans langue de bois, elle répond donc à mes questions avec un petit air qui semble désabusé, mais qui cache en fait une profonde sensibilité. Il faut donc arriver à fendiller l'armure qu'elle s'est construite pour se protéger, et ce n'est pas si facile...

 

C'est compliqué de trouver des choses sur vous. Vous êtes relativement discrète...
J'en suis très contente. Il y a déjà assez de conneries écrites par un abruti sur wikipédia, où j’apprends par exemple que je figure dans des films que je n'ai jamais faits !
Par contre, j’ai visionné beaucoup d’interviews de vous et il y a une phrase qui revient souvent : « il est bon de dire les choses »
(Elle s'étonne) Mouais... Ça, ce sont des choses que les journalistes écrivent...

C.-Jacob.JPGNon, non ! Ce sont des interviews vidéos ! Vous avez cette réputation de franc parler. Vous avez toujours eu cette philosophie : dire les choses ?
Non. Je fais plutôt très attention à ce que je dis parce que j’aime bien que les choses soient précises. Il y a tellement de gens qui font les questions et les réponses comme ça les arrange...Alors, plus je vieillis et plus je fais ma petite sélection. Je pense qu'on peut dire les choses clairement, mais sans agressivité.
Vous aimez les choses claires et nettes...
Oui
Professionnellement ?
Oh même dans la vie ! On ne peut pas se mentir à soi-même, ni aux autres. Je crois en une certaine diplomatie. Mais on ne peut pas bidouiller très longtemps non plus...
Et vous arrivez à user de diplomatie dans votre métier ?
Vous savez, je ne suis pas une énorme star avec quinze gardes du corps, ce qui m’arrange bien parce que je n’aimerais pas ça du tout. J’aime bien jouer, j’aime les textes, j’aime travailler avec mes petits partenaires, j’aime réfléchir à autre chose... J’ai assez d’heures de vol pour savoir que je n’ai pas besoin d’être fascinée par le bling-bling et par le bûcher des vanités.
Vous pensez que le fait d’avoir une énorme carrière comme la vôtre amène forcément vers le bling-bling ?
Je n’ai pas du tout une énorme carrière, j’ai une carrière, point ! Ensuite, et bien oui, à un moment donné, vous vendez votre vie privée, vous n’êtes même plus là pour travailler.
Pourquoi pensez-vous qu’il y en a qui y succombe et pas vous ?
Parce qu’il y a des statuts différents.
Comment considérez-vous le vôtre alors ? Parce que quand même...
(Elle me coupe) Moi, je suis une actrice qui travaille. Je ne suis pas dans un star-système oppressif avec des "peopleries" et autres choses comme ça. Je n’ai rien à voir avec ça et ça tombe bien d’ailleurs, parce que je serais de très mauvaise humeur ! je serais très mauvaise cliente.
C’est vrai qu'on vous suit …
(Elle me coupe à nouveau) Vous ne savez rien.. (elle fait la moue)...
Alors justement. Beaucoup de biographies vous concernant commencent à partir du moment où vous avez fait votre one woman show...
Même pas, parce que j’avais quatre personnes dans la salle, donc non...
Et pourtant si, car c'est ce qu'on peut lire dans vos références...
Oui, mais parce que c’est moi qui vérifie. Il y a quand même un abruti qui a expliqué que j’avais commencé avec "Les nanas" d’ Annick Lanoë, qui est une daube infâme dans laquelle je n’ai fait qu’ouvrir une porte ! J’ai dû passer une heure et demie sur ce tournage ! Vous voyez, ce sont des traces comme ça qui sont sur ces sites, avec une espèce de bon gros qui s’emmerde dans sa petite vie et qui vous refait votre curriculum vitae en mélangeant les courts métrages, les films etc... ! Il y a même deux films que je n'ai pas faits ! Ça me fait bien rire !

En même temps, j’aime  bien l’écran de fumée, pas trop de précisions...
Pour vivre heureux, vivons cachés, c'est paradoxal pour une actrice...
Ben oui et non, puisque c’est quand même un métier public. Moi je suis conteuse, je ne considère pas ça autrement, je ne suis pas là pour déballer. Je suis là pour être au service d’histoires ou de textes et puis voilà ! On transmet des émotions, point barre. C’est pas le même métier d’être dans un petit torchon people, c’est pas le même truc ! (Elle sourit)
Moi, je connais des gens qui ne font ça que pour être dans une presse à scandale, comme disait ma grand-mère !
retouche-3.jpg Plus on parle d’eux et mieux c’est !
Oui, mais pour dire quoi ? Dans ces cas là, je peux sortir la kalachnikov ! (Elle rit) . Enfin, c'est pour dire...
En fait, qu’est-ce qui vous a décidé à devenir comédienne ?
Je pense que c’est un truc très basique qu’ont des dizaines d'acteurs...cet espèce de petit problème d’identité. On veut pousser son petit cri, sans le savoir... Maintenant, j’arrive à définir les choses... En fait, on veut travailler sur les sentiments ,on veut les dépiauter, on veut les retransmettre, voilà c’est ça qui est intéressant... On dit toujours que les acteurs sont bêtes, je n'en suis pas sûre... Si vous avez lu trois livres dans votre vie, ce n'est pas pour ça que vous êtes un intello… Tout ça est un léger fatras. Moi, je pense que ce qui est intéressant, ce sont les textes, c’est d’être porté par des gens plus intéressants et plus intelligents que soi.
Quel genre de rôles vous attire le plus ?
Et bien là, je suis assez contente de la petite duchesse Dupont- Dufort, que j'interprète dans "Le voyageur sans bagage" ! C’est extraordinairement écrit, extrêmement tricoté en phonétisme. J'ai croisé, étant adolescente, ce genre de mémère qui se croit absolument indispensable. Vous savez, cet espèce de paquebot qui écartèle tout dans son sillage. J’ai connu ça ! Du caritatif à usage interne... "on va quand même pas s’emmerder pour les pauvres, on fait quand même du caritatif entre riches" ... (elle sourit)... Cette espèce d’énonciation de la connerie géante, moi ca me va bien ! (Elle rit franchement)
Vous avez beaucoup de cordes à votre arc, télé, ciné ..théâtre
Ce ne sont pas des cordes, ce sont des médias... Ce n'est pas pareil, ce sont des supports !
Si vous voulez... des supports... Mais tous les comédiens ne jonglent pas avec les trois !
(Elle fait la moue) ! Si !

(Elle réfléchit et fait marche arrière) Ok, il y a encore deux ou trois dinosaures qui ne le font pas et qui ne restent que dans les trucs de décentralo avec du fromage de chèvre, parce que personne ne leur a dit que développer la bougie, ça ne permet pas forcément d’inventer l’électricité ! Il y en a donc qui sont encore un peu réfractaires à ça. C’est leur problème... Ils se réveilleront plus tard.
Si vous deviez choisir alors un de ces trois... supports ?
Non, je ne choisis pas, je prends tout.
Tout vous passionne !
(Elle réfléchit) Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Vous savez, un acteur en 2013, qui ne sait pas qu'il y a la télé, il vit un peu sur Mars ou avec ses chèvres ! Il faut s’adapter ! Ceci dit, en ce qui me concerne, je suis très heureuse d’être au théâtre parce qu’il y a le petit frisson de terreur...
Vous avez encore peur quand vous êtes sur scène ?
(Elle s'enflamme) Ah bien sûr ! A moins d’être débile, je vous garantis qu’il vaut mieux avoir peur ! Attendez... vous arrivez à poil devant huit cents personnes...Si vous êtes complètement con, vous n'avez pas peur ! Alors, il vaut mieux avoir peur. Il vaut mieux être conscient des choses...

Pour en revenir à la télé, j’ai fait un truc pour France 2 qui s’appelle « Katz », une série qui dure 6 fois 52 mns. Le rôle me plaisait beaucoup, c’est à peu près le contraire de « la duchesse Dupont-Dufort ». Mais ce qui est surtout intéressant dans ce métier, c’est de se promener, voilà.

2-copie-1Vous avez une petite préférence pour les comédies ?
Pas forcément. "Le voyageur sans bagage" par exemple... C‘est du 3 en 1 ! C’est quand même l’histoire d’un petit jeune homme qu'on envoie à la guerre de 1914 avec une mère qui ne pense même pas qu’il peut se faire tuer. C'est un jeune qui est fracassé, qui se retrouve dans un hôpital, un asile, pendant 18 ans,  et amnésique ! Ça pose donc toutes les questions de la terre : qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j’erre ? Et puis si je devais rempiler, est ce que je rempilerais avec cette famille là ? Vous avez donc dans cette pièce 3 personnages qui sont : la mère, le frère et la belle-sœur. Ce sont des personnages lourds. Et puis, vous avez le couple de larbins et leur duchesse qui est une espèce de mémère qui dit tout et son contraire.

Ça dénonce quelqu'un d’attachant, parce qu’elle est très maternante et pleine de bonne volonté. Elle veut vraiment que les choses marchent. Enfin...  Elle veut que les choses marchent dans son monde, entre bourgeois...Elle dit tout et son contraire, et moi j’adore !

C'est comme les acteurs... leur fond de commerce c’est quand même un peu la connerie il faut le dire ! Prenez Bruce Willis ! Il n'en peut plus... Je crois qu’il a expliqué que c'est la seizième fois qu’il sauve la planète, il sature ! Bon, à 30 millions dollars le film, il peut saturer ! Mais en même temps, le gars, je l’ai vu à Cannes... Il m’arrive là (Elle me montre son épaule)...A mourir de rire, à hurler de rire ! Il a une tronche extraordinaire, mais c’est du petit machin, petit modèle de voyage ! (Nous rions ensemble).
 Vous vous êtes récemment essayée à l'horreur avec le film "Livide", de Julien Maury et Alexandre Bustillo...
Je ne m'y suis pas essayée. C’est que j’avais fait, juste avant, un film avec les mêmes producteurs et ils m'ont donc proposé cette petite fantaisie. J'y joue une infirmière... Un personnage apparemment normal dans un film d’effets spéciaux, c'est tout. So what ?
Vous considérez vous comme une introvertie ou une extravertie ?
Ça dépend avec qui...
Dans votre boulot !
Ça dépend avec qui...
Au niveau des réalisateurs, vous vous entendez avec tout le monde ?
En général, ça va à peu près. Moi je m’entends très très mal avec les fiottes !
Quand il y en a trop dans l’avion, ça se passe très très mal... Mais je n’ai jamais, moi, subi de grands délires...
Si je vous comprends bien, et pour rester dans le ton, Il vous faut du couillu ? (je ris)
Non, c’est une question de cerveau ! Enfin... ça dépend de l’endroit où vous mettez vos couilles, mais j’aime bien  les gens qui savent ce qu’ils veulent. Par exemple,  j’adore travailler avec Elisabeth Rappeneau !
Je viens de faire un truc avec elle qui sort au mois d’avril, pour FR3. Je viens également de tourner  "Tout est permis" d'Emilie Deleuze.
En fait, on travaille mieux avec des gens intelligents, c’est aussi simple que ça. Mais il m’est arrivé de travailler avec des cons, je vous le confirme ! (Nous rions)
Et vos relations avec les acteurs ?
Idem. Ça dépend de la personne. Si vous êtes en bonne intelligence avec les gens, ça se passe mieux, c’est pas plus compliqué que ça.


3.JPG Vous en avez croisé ?
De quoi ? Des malins ou des cons ?
Des imbéciles ?
Ah oui ! Enfin, on est toujours l’imbécile de quelqu'un, moi la première !
Que pensez-vous des récompenses du cinéma ?
C’est bien, si ça fait avancer le schmilblick, si votre carrière reçoit une bouffée d’oxygène et si d’un seul coup les propositions arrivent ! Je pense que c’est bien pour les espoirs, c’est bien pour les seconds rôles. Je sais que, par exemple, un césar du meilleur acteur ou de la meilleure actrice fait changer de statut. Mais ça peut avoir aussi un effet pervers... Prenez Philippe Léotard... Après le sien, il n'a pas bossé pendant deux ans, parce qu'il s'est senti obligé de ne plus tout accepter, d’attendre le truc exceptionnel...

Moi je pense que c’est très utile pour les techniciens, pour les espoirs et les seconds rôles.
Si vous pouviez revenir en arrière, il y a quelque chose que vous changeriez ?
J'ai eu un gros chagrin avec la mort de Jérome Savary. Il m’avait proposé le rôle de la pintade dans "Chanteclair" et je n’avais pas pu le faire parce que j’avais fait un autre choix, très mauvais, qui m’a d'ailleurs permis d’apprendre beaucoup de choses... Donc, si je pouvais, j'accepterais sa proposition.
Comment expliquez-vous votre image auprès du public ?
Je n'en sais rien, je ne sais pas ce que c’est.
Vous savez tout de même que vous avez bonne presse auprès de lui ?
Non, je ne sais pas ce qu'est mon image auprès du public. Je ne sais pas du tout !
Vous n'avez pas conscience de votre capital sympathie ?
Je ne sais pas ce qu'est mon image ! Sympathie, antipathie, je n’en sais rien.. Moi, je suis vaguement identifiée depuis 25 ans... (Elle réfléchit)... je ne sais pas, je m’en fous un peu, je fonce dans le tas, j’avance . Peut-être que dans 10 ans, ça voudra dire quelque chose. Je suis assez fière de ne pas être une vieille lolita, vous voyez, ce genre de connerie ! Je crois que c’est très, très méchant ça. Ce n’est pas un métier d’avenir ! (Elle sourit). Moi, mon image, je n'en ai rien à foutre. Je suis heureuse d’être une actrice qui travaille régulièrement et puis voilà.

J’ai été identifiée vers 30 ans avec des rôles de composition, un peu dans les comédies, un peu dans d’autres choses... j’ai fait pas mal d’unitaires qui n’étaient pas forcément comiques du tout. Là, le truc que je viens de faire avec Elisabeth Rappeneau, c’est l'histoire d'une bonne femme qui est très barrée, très amoureuse de son grand fiston et qui n’imagine pas qu'un jour, il puisse avoir envie de prendre l’air... Ce sont des folles ces bonnes femmes là ! Alors, sans aller dans un grand pathos, ça appuie sur tous les boutons et c'est ça qui m'intéresse.

Vous savez, je ne me considère pas du tout comme une comique. Je pense que dans la vie, j’ai un petit sens de l’humour délicieusement personnalisé qui ne plait pas toujours. (Elle me jette un regard complice)
Délicieusement personnalisé... j’aime bien le terme !
Oui, parce que ça peut envoyer la purée! Je veux dire que quand je balance, je balance ! Mais en même temps, voilà, je ne suis pas une comique. Je suis une grande fille adulte qui a un petit sens de l’humour, ce n'est pas pareil ! Ce n’est pas le même truc, ce n'est pas le même fond de commerce... (Elle sourit)
Et bien merci pour votre franchise et je vous remercie de m'avoir reçu.

Je vous en prie. 

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Reportage photo réalisé par Candice Obron-Vattaire

Retranscription réalisée par Corinne Lhuillier

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