EN LIVE AVEC LES STARS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
Aujourd'hui :
Jeudi 22 mai 2014. Le comédien est présent au théâtre municipal de Bastia afin d'y interpréter la pièce "L'étudiante et Monsieur Henri" d'Ivan Calberac.
Mais je vous en prie.
Vous êtes un des plus grands seconds rôles du cinéma français...
(Il fait la moue). Oui. Mais j'ai fait aussi des premiers rôles ! (Il rit). La notion de second rôle est très curieuse... Il y a des gens qui ont fait des carrières extraordinaires, comme Robert Le Vigan par exemple, qui était un des plus grands acteurs français, et qui a joué des seconds rôles !
Pas du tout ! Je vais vous dire... Il m'est arrivé de jouer le rôle principal. Et quelquefois, on l'appelle "le balladeur". C'est à dire qu'il est là tout le temps, il sert la soupe, et il y a un autre type qui, lui, n'a que deux scènes et qui ramasse tout ! Tout simplement parce que dans ces deux scènes, il y a plus de contenu que dans tout le rôle ! Alors il faut faire très attention de ne pas jouer "un balladeur"...
Vous savez, premier rôle ou second rôle, l'important, c'est d'avoir quelque chose à jouer. Personnellement, le film qui m'a rapporté le plus de travail, c'est "La femme publique" d'Andrzej Zulawski. J'ai tourné 3 jours ! Et ce rôle m'a amené plein de choses.
Quand on épluche votre filmographie, on s'aperçoit vite que vous jouez dans des énormes classiques : "Pouic-pouic", "L'homme de Rio"...
(Il me coupe). Mon rôle dans "Pouic-pouic" était important !
Mais précédemment, vous me parliez de seconds rôles... Tout le monde me parle de "L'homme de Rio" ! Là, vous allez comprendre la magie des films... A l'époque, j'étais en vacances en Camargue. Le réalisateur Philippe de Broca m'appelle et me dit "Dis donc Roger, tu ne pourrais pas venir tourner avec moi ? J'ai besoin de toi une matinée !". Comme c'est un copain, je lui réponds que j'arrive. Je pars le matin, j'arrive à la gare de l'Est, on tourne et à 11 heures, j'ai fini et je repars en vacances. Mais comme le personnage que j'incarne, on le voit dès le début (ils sont copains de régiment avec Jean-Paul Belmondo) et qu'il a une scène marquante à la fin, les gens ont l'impression que je suis présent tout le film, alors que pas du tout !! (Il rit).
Quant à "Pouic-Pouic", nous avons tous tourné ce qu'on croyait être une petite comédie et c'est devenu un film culte. Ca me fait bien rigoler ! (il sourit).
Vous avez tourné avec mon idole, Louis de Funès. Quels étaient vos rapports avec lui ?
Je vais vous raconter une petite anecdote, vous allez comprendre tout de suite. On tournait à 40 kms de Paris et un jour, Louis me dit : "Roger, voulez-vous rentrer avec moi ? Je vous raccompagne". A l'époque, on se disait "vous" (Gabin, par contre, on le vouvoyait alors qu'il nous tutoyait). Je monte donc à côté de lui dans sa DS Citroën et nous voilà partis. Et pendant 40 kms, il me fait du De Funès !! (Il l'imite). Il éructait, s'emportait, grimaçait... Et je me dis "Mais, nous ne sommes que tous les 2 et il fait son numéro uniquement pour moi !". Arrivé à destination, quand je suis sorti de la voiture, je me suis dit que cet homme venait de me faire un magnifique cadeau...
(Silence). Je vous envie !
(Il rit)
Est-il vrai qu'il était difficile sur les tournages ?
Les gens difficiles sur les tournages, c'est comme dans la vie ! Moi, j'aime les gens difficiles ! Attention ! Difficile ne veut pas dire mauvais caractère ! Ils sont précis et ils vous demandent d'en faire de même. C'est normal !
Oui. J'ai appris à l'être avec des gens comme ça.
Vous estimez avoir fait vos armes "à l'ancienne" ?
Bien sûr. Vous savez, tout est une question de sincérité. Louis de Funès, comme tous les grands burlesques, était capable de vous dire une connerie avec une conviction telle qu'on dirait que sa peau en dépendait ! C'est ça qui est très fort !
Pour en revenir à "Pouic-pouic", vous avez été obligé de jouer sur un rythme très élevé. C'était le souhait du réalisateur Jean Girault ou celui de Louis de Funès ?
(Il réfléchit) Je ne me souviens plus. Mais vous savez, une scène, c'est comme une partition. Tout a une certaine mesure. Et les comédiens se doivent d'être tous dans la même.
Il ne faut pas oublier qu'il y avait également Jacqueline Maillan, connue également pour être très professionnelle. On se retrouve donc avec un film soit-disant léger, mais qui se révèle au final très précis.
Absolument ! Et c'est pour ça qu'il faut toujours connaître son texte sur le bout des doigts !! Prenez Jean Gabin... Il avait des tartines de texte à apprendre, et il le savait toujours par coeur ! D'ailleurs, j'ai une histoire formidable avec lui... Mon père était boulanger-patissier et quand j'avais 15 ans, je travaillais dans son fournil. Souvent, généralement le vendredi, Jean Gabin, qui habitait Neuilly, commandait un Pithiviers. Et quand il venait le chercher, la vendeuse m'appelait et je passais ma tête enfarinée pour le voir en me disant "ça y est, Pépé le Moko est là !". Il payait, emportant mon pithiviers, et je me disais "Je suis dans le cinéma !" (Il sourit). Les années passent, et je me retrouve à jouer une pièce avec Jean-Louis Trintignant qui s'appelait "Responsabilité limitée". Il se trouve que Gabin est dans la salle avec Gilles Grangier (Ils venaient voir Trintignant pour un rôle dans "Gas-oil", rôle qui sera finalement confié à Marcel Bozzuffi..). A la fin du spectacle, je vois Gabin à la porte de ma loge qui me dit "Bravo môme, c'est bien !". J'ai failli m'évanouir ! (Il rit). Et il rajoute "Mais dis donc toi ! Tu ne serais pas le petit mitron de la rue Chézy ?". Il m'avait reconnu ! Ce qui explique qu'il ne m'a jamais appelé Roger, mais mitron ! Et il m'a appris le cinéma.
(Il sourit). Je n'étais pas si jeune que ça. Je devais jouer un adolescent de 17 ans, mais pendant des années, je n'ai pas vieilli. Ce qui fait qu'en réalité, j'en avais 28 ! (Il rit).
Vous avez presque autant de films à votre actif que de pièces de théâtre. Vous n'avez jamais su choisir entre les deux ?
(Il fait la moue). Le hasard est fait comme ça. Cependant, au départ, j'étais parti pour faire du théâtre. Vous savez, nous... je dis nous car pour mes amis de l'époque (Guy Bedos, Claude Berri etc...) c'est la même chose, nous avions 17 ou 18 ans. On voulait simplement faire ce métier. On n'avait pas le moindre plan de carrière. On n'a jamais prononcé le mot "vedette" ou "star". Ce n'est pas ça qu'on cherchait.
Aujourd'hui, tous les jeunes veulent être des stars. Vous croyez que c'est générationnel ?
(Il s'emporte) Ah ben oui ! Ils veulent être célèbres ! Nous, on ne pensait pas à être célèbres ! On voulait être suffisamment connus pour avoir du travail et qu'on nous propose des jolis rôles, voilà ! Mais on n'a jamais eu la préoccupation d'être célèbres ! On voulait bien apprendre notre métier. Je pense que c'est comme ça qu'il faut l'envisager. Il faut le faire avec, au départ, beaucoup d'humilité. On apprend ce qu'il y a à apprendre, on se pénètre des choses... Apprendre le métier de comédien, ça tient de la psychanalyse. Vous savez, on m'a demandé plusieurs fois d'être professeur. Je ne veux pas l'être parce que si je commence à prendre un élève sous mon aile, il faut le suivre pendant 3 ans et ne pas le lâcher. C'est comme un psychanalyste. Personnellement, je ne peux pas consacrer 3 ans à un élève, donc je ne le fais pas.
Avec quel réalisateur avez-vous eu le plus de plaisir à tourner ?
Oh là... C'est difficile ! (Il réfléchit). Vous savez, quand on a tourné avec Claude Chabrol et que ce dernier est devenu votre ami...
Philippe de Broca... C'était un lutin... J'ai vécu des aventures avec lui absolument merveilleuses. Et puis bien sûr, Denys de la Patellière, avec qui j'ai fait "Rue des prairies" qui a été un gros succès. Mais il m'arrive également d'être heureux avec d'autres metteurs en scène... Prenez Zulawski, qui est plutôt du genre tendu. Et bien j'ai été très content de la façon dont il m'a dirigé.
Je n'ai jamais eu de mauvaises relations humaines, mais des fois j'ai eu des petits accrocs. Et puis, je n'ai pas fait que des chefs d'oeuvres ! Il y a aussi des films alimentaires dont on ne parle pas ! Dans ces cas là, vous tombez sur un metteur en scène très sympa mais vous savez que vous tournez une merde ! (Il sourit). Il faut alors essayer de s'en sortir le mieux possible, dans l'espoir que le public le verra le moins possible ! (Nous rions).
Quel rôle a été le plus marquant pour vous ?
(Il réfléchit). Au cinéma, ça a quand même été "Rue des prairies". Et aussi celui que j'ai tenu dans "Fort Saganne". J'y jouais Vulpi, le baroudeur. Deux mois de tournage dans le désert, sans aucun contact avec Paris, ça a été dur et en même temps formidable.
En plus, il y avait Philippe Noiret, avec lequel vous avez tourné plusieurs fois, et Gérard Depardieu...
Philippe, bien sûr, avec lequel j'ai tourné "Masques" de Chabrol... Et puis Gérard... Je l'aime beaucoup. J'ai vécu des aventures incroyables avec lui. Deux mois dans le désert avec Gérard qui ne se plaint jamais... Un jour, il faisait un soleil de plomb et il avait de la fièvre. Pas une plainte... rien. Lui, c'est une vraie vedette, un vrai chef de troupe ! Il ne faiblit jamais devant les autres. Dans notre métier c'est important. Si la vedette du film ne faiblit pas, sans rien dire il entraîne les autres.
Faites vous plutôt partie des acteurs stressés, détendus ou appliqués ?
Appliqué, bien que je n'aime pas le mot car ce n'est pas de l'application. J'aime avoir le temps de laisser entrer le personnage en moi. Georges Wilson, dans son livre, dit une chose formidable : "A un moment donné, en répétition, tout d'un coup et sans savoir pourquoi, sans qu'on s'y attende, le personnage est en vous. A ce moment là, l'acteur se dépouille de sa chrysalide...". Je crois que c'est effectivement ça.
Vous savez, j'ai suivi tous les conseils que m'a donné Michel Bouquet, qui est mon maître mais qui n'a jamais été mon professeur. Beaucoup de comédiens, l'âge aidant, se disent "ça y est, je connais mon métier". Lui, m'a dit "Non ! Tu ne connais jamais ton métier ! Jusqu'à la mort, jusqu'au dernier jour, tu dois progresser ! Un rôle n'est pas quelque chose d'immobile. Même si tu l'as joué 800 fois, le lendemain il est encore vivant et il peut encore avoir une façon différente d'être joué ! ".
(Il sourit). Entre autres... Beaucoup de chansons de Sylvie Vartan surtout ! Et aussi Johnny Halliday, Richard Anthony, Marie Laforêt... énormément de chanteurs...
Et même un générique connu de tous les fans de dessins animés : "Capitaine Flam" !
Exact.
Comment cela vous est-il venu ?
Ca ne m'est pas venu. J'avais un copain de mon frère qui s'appelait Jean-Jacques Debout... On est devenus amis, même s'il était plus jeune que moi, et ce type m'a plu tout de suite. A l'époque, j'avais un petit studio et, quand ils voulaient se retrouver entre eux, avec mon frère, je le leur prêtais. Les années ont passé et Jean-Jacques m'a présenté une jeune femme qui était au cours Simon avec lui, Marie-José Nat, qui est devenue plus tard ma femme. J'avais besoin de gagner ma vie et je faisais des émissions à la télévision qui n'étaient pas ce qu'il y avait de mieux... Un jour, il me dit "Ecoute Roger, je ne veux pas te voir dans ce genre d'émissions. Ce n'est pas pour toi. Viens avec moi. On va faire des chansons et tu vas gagner une fortune !". On a donc fait des chansons, on est rentrés à Paris, il m'a ramené des chèques d'éditeurs, et ça m'a remis à flot ! (Il rit). C'est comme ça que tout a commencé. Ca m'a également permis de refuser les mauvais films qu'on me proposait, et de gérer ma traversée du désert d'une façon plus confortable...
Vous croyez qu'une carrière tient principalement aux rencontres que vous faites ? Pensez-vous qu'une personne talentueuse ne pourrait faire carrière sans la bonne rencontre au bon moment ?
(Il réfléchit) Le talent, ça finit toujours pas se savoir. Mais attention ! Il faut savoir ce qu'on appelle le talent. Il faut avoir une personnalité qui passionne les gens. Le talent n'est pas répandu. Ca a l'air prétentieux de dire ça... Tout le monde croit avoir du talent mais au final, il y en a très peu. Regardez des gens comme Carette ou Gabin ! Quelles personnalités !
Mais Gabin aussi a eu une traversée du désert, à un moment donné de sa carrière...
Oui. Mais elle n'est pas la même quand vous avez été connu que quand personne ne vous connaît ! C'est plus facile de remettre le pied à l'étrier !
Je ne peux rien en penser tellement c'est rien ! Les gens veulent être célèbres, mais pourquoi ?? Moi, je n'ai jamais demandé à être célèbre ! Etre célèbre pour simplement être célèbre, pourquoi ? C'est rien du tout ! La télé réalité n'est pas basée sur quelque chose de solide, c'est du vent !
Pour ma part, j'ai joué "Moins deux" avec lui, pendant deux ans. Nous étions les deux personnages principaux et nous ne quittions pas la scène. Je le regardais jouer et je n'ai jamais vu mon ami Trintignant. J'ai toujours vu un personnage en face de moi, que je ne connaissais pas. Un jour, je le vois à la télévision. Il jouait un colonel grec dans un film. Je l'appelle immédiatement après et je lui dit : "Ecoute Jean-Louis, je vais te dire : je viens de voir ce film, et bien j'ai oublié que je te connaissais !". Il m'a dit "Et bien c'est là le plus beau compliment qu'on puisse me faire...". J'avais oublié que je le connaissais ! C'est ça, un acteur !
Vous avez toujours gardé un regard d'enfant quand vous découvrez un film ?
Ah oui. Je me suis toujours efforcé de rester spectateur. Quand je vais voir une pièce, je ne sais plus comme c'est fait, je ne sais pas ce que c'est que des coulisses. C'est volontaire et ça me permet de garder de la fraîcheur.
Quand vous étiez au sommet de votre carrière, vous n'avez jamais pris la "grosse tête" ?
(La réponse fuse, immédiate) Jamais ! Ca ne m'intéresse pas. Je vais vous dire : en général, les emmerdeurs, ceux qui ont la grosse tête, ceux qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas, ce sont ceux qui n'ont pas vraiment réussi. Ceux qui voudraient bien y être mais qui n'y sont pas... (Il rit). C'est comme dans la vie. Les plus prétentieux sont les sous-chefs. Ils sont plus prétentieux que les chefs !
Tout simplement parce que ça ne m'est pas venu à l'idée ! (Nous rions ensemble). Vous savez, je vis avec une femme talentueuse qui est peintre et qui a 25 ans de moins que moi. Et ça fait 40 ans que ça dure... Cette femme me dit constamment : "toi, tu n'as pas d'âge ! Tu as compris ?". Chez moi, je n'ai pas le droit de prononcer le mot "âge". On ne se souhaite pas les anniversaires.
Un jour, en sortant de scène, il m'est arrivé un truc formidable. Deux jeunes femmes sont venues me trouver et m'ont dit : "vous savez, on a regardé votre âge sur internet et c'est incroyable !". Je leur ai dit "Vous savez, je ne sais pas quel âge j'ai..." et elles m'ont répondu : "Alors, on ne vous le dira pas..." (Il rit).
C'est très joli.
Voilà le secret de la vie.
Pensez-vous avoir manqué quelque chose au cours de votre immense carrière ?
(Il réfléchit) Oui. Ne pas avoir joué certains rôles que je désirais jouer. Par exemple, Sganarelle de "Don Juan"... J'aurais toujours rêvé le faire. Ou des mises en scènes que je n'ai pas faites. Cependant, Michel Bouquet m'a expliqué que ce n'était pas indispensable de faire de la mise en scène. Il m'a dit : "Tu es un soliste, le violoniste ne dirige pas l'orchestre !". Tout est dit. D'ailleurs, il ne veut pas non plus que j'écrive des chansons. (Il l'imite quand il s'énerve) "Tu te disperses !", me dit-il.
Vous aimez l'écriture ?
J'adore ça. J'ai aussi fait du théâtre parce que j'avais l'amour des mots. Je les entends chanter. J'ai toujours écrit les paroles de mes chansons en musique. J'entends si les mots sonnent bien dans la musique. J'adore le français, on a la chance d'avoir une langue magnifique. Quand j'ai commencé, j'avais envie de "manger des jolis mots"...
Je suis en train de la faire. C'est un gros travail et je la rédige comme un roman. Un peu comme si c'était la vie d'un autre...
Avec la vie que vous avez eue, combien va t-il y avoir de tomes ? (Je souris)
(Il rit). L'expérience que j'ai eue... Tenez, je vais vous raconter une anecdote formidable : l'élection de François Mitterrand, en 1981... Et bien, le jour même de son élection, j'ai fini dans sa cuisine ! Nous étions en tout petit comité ! Il y avait mon épouse, Roger Hanin et Christine Gouze-Renal, Pascal Sevran et Danièle Mitterrand. Cette dernière n'avait pas mis le champagne au frais parce que ça porte malheur. Elle est donc partie en chercher chez ses voisins, mais après, elle ne trouvait plus les verres. Elle a sorti des bols rouges à pois blancs et nous avons trinqué avec le Président dans des bols rouges à pois blancs !!
Mais comment étiez-vous arrivé là ?
J'étais au parti socialiste, et, pour fêter la victoire, ma femme avait voulu aller à la Bastille. En passant devant la rue de Bièvre, j'ai vu Pascal Sevran qui m'a interpelé et m'a crié "Roger ! Il arrive, arrête toi et gare toi vite !". Je me suis alors retrouvé derrière une barrière gardée par des policiers chargés d'empêcher les gens d'entrer dans la rue. A ce moment, il y a eu une nuée de photographes qui voulaient photographier la voiture de Mitterrand qui venait d'arriver. Les flics ont commencé à leur taper dessus. J'en ai attrapé un par le bras et je lui ai crié "vous n'allez tout de même pas casser la tête d'un mec ce soir tout de même!!" . A ce moment là, Roger Hanin, qui descendait de la voiture du Président, a entendu ma voix et s'est retourné en criant "Roger !!". Il a dit aux flics de me faire passer par dessus la barrière, avec ma femme, et voilà comment on s'est retrouvés à boire un verre dans la cuisine du Président quelques minutes après !
Dernière petite question. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui veut se lancer dans le métier, quel serait-il ?
Je lui dirais "Fonce ! Si, avec tout ce que tu vas rencontrer comme difficultés et tous les combats que tu vas devoir mener, tu n'es pas découragé, c'est que tu es fait pour ça".
Roger Dumas, merci encore de m'avoir reçu et merci d'avoir bien voulu partager avec nous ces quelques souvenirs.
Mais je vous en prie.