EN LIVE AVEC LES STARS !
Cette catégorie vous permet de découvrir les stars sous leur vrai jour, et non celui qu'elles veulent bien montrer par l'intermédiaire de leur agent, leur attaché de presse, ou leur prestation dans une émission de télévision.
Pour cela, profitant de mon expérience de plusieurs années dans le domaine de l'interview, je vous propose le récapitulatif des rencontres que j'ai pu avoir avec vos acteurs ou actrices préférées, et je vous joins les interviews correspondantes.
Tout vous est relaté, sans fard ni dissimulation, et sans aucune langue de bois. Vous allez découvrir que certaines stars sont loin de l'image que l'on veut donner d'elles, que ce soit en bien ou en mal.
N'hésitez pas à me laisser vos coms pour me relater vos impressions.... Alors, bon voyage de l'autre côté du miroir...
AUJOURD'HUI
28 Janvier 2012. L'acteur est présent à Bastia pour y interpréter, avec son épouse Gwendoline Hamon, la pièce de théâtre "Kramer contre Kramer".
Rendez-vous est pris à 18h dans son hôtel du centre-ville. Nous arrivons un peu en avance et nous installons dans un petit salon, en attendant le comédien qui se présente quelques minutes plus tard. Il semble arriver directement de l'aéroport et nous attendons tout naturellement qu'il prenne possession de sa chambre et s'installe tranquillement.
10 minutes plus tard, Frédéric Diefenthal redescend et demande à la réceptionniste de changer de chambre, la sienne n'étant pas pourvue de fenêtre. Claustrophobe, il obtient satisfaction, s'excuse auprès de nous, et remonte prendre possession de sa nouvelle chambre.
Quelques instants après, le voilà qui s'installe sur le divan du petit salon afin de commencer l'interview. Son épouse se joint à lui, et, après que je lui ai spécifié que les deux interviews se feront séparément, elle patiente gentiment en passant quelques coups de téléphone dans la pièce à côté.
Frédéric Diefenthal semble tendu, fatigué, et nous explique que la représentation ne se fera pas le lendemain samedi, mais dimanche, la faute à une grève des compagnies de ferries qui a perturbé la venue des matériels nécessaires au bon déroulement de la pièce.
Malgré son agacement apparent, l'acteur reste très courtois, poli, mais ne semble pas décidé à s'en laisser compter. Il se détendra au fur et à mesure de la discussion et montrera ensuite un intérêt certain à notre entretien. C'est un homme décidé, volontaire, énergique, passionné par son métier, qui se revendique également révolté et autodidacte que vous allez découvrir maintenant...
Bonjour.
Jeune, vous avez travaillé dans l'hôtellerie, puis dans la coiffure...
(Il souffle) Ouh là...
D'où vous vient cette passion pour la comédie ?
J'ai arrêté mon cursus scolaire très tôt, comme beaucoup de gamins qui vivaient dans une banlieue difficile et qui ne trouvaient pas leur place. Alors j'ai fait les métiers qu'on me proposait... Y'en a pas dix mille...Et puis, un jour, alors que j'habitais Paris et que je vivais chez ma grand-mère, j'ai accompagné un copain à des cours de théâtre et je me suis dit : "Tiens, pourquoi ne pas essayer ce métier là". Voilà. J'ai eu un petit frisson, un petit déclic. J'ai mis du temps à y retourner, mais ça m'a travaillé, et au bout de 3 semaines, je me suis décidé. Dans les années 80, le métier d'acteur était loin des gens. Aujourd'hui, il y a une vraie proximité. C'est même, à la limite, mieux de faire acteur que médecin ou avocat !
On vous a même vu dans un clip de François Feldman...
Oh oui... J'ai fait de la figuration, des clips, tout ce qu'on fait quand on débute, quoi ! C'est souvent ça...
Touche à tout ?
Non... C'est surtout pour gagner un peu de sous. Je me payais mes cours de théâtre, comme un étudiant va payer ses études. A 16 ans, j'étais émancipé. J'avais déjà la chance d'être nourri, logé et blanchi par ma grand-mère, qui m'aidait de temps en temps quand c'était difficile, mais je n'allais pas non plus demander à ce qu'on me paie tous les mois mes cours de théâtre ! Cela n'aurait pas été possible. Alors dès que j'ai eu l'occasion de faire un peu de figuration, je ne me suis pas gêné. C'est le parcours classique de l'apprenti comédien.
Avant, pour percer, il fallait faire du café théâtre, écrire des sketches, etc...
C'est encore comme ça au jour d'aujourd'hui, mais les jeunes disposent dorénavant d'une chose supplémentaire : la fenêtre internet. Cela permet à plein de jeunes débutants de s'exprimer plus facilement.
Et également au public de vous découvrir. Votre interview par exemple... "SOS MOVIES" va ainsi permettre aux lecteurs de découvrir votre interview sans aucun filtre ni aucun tabou. Les gens en ont assez de lire des articles polissés, édulcorés, dans lesquels tout ce qui n'est pas politiquement correct est habilement dissimulé...
Oui... Mais il faut quelquefois des filtres. Sur internet, il y a à boire et à manger. Effectivement, quelquefois la presse bride et tombe dans le formatage. Mais avec internet, on peut tomber dans l'excès contraire. Il y a de tout et n'importe quoi. Je prends pour exemple la critique internet... Je n'en crois que la moitié. C'est un défouloir pour les gens car tout le monde y a accès. C'est comme la télévision... On sait qu'il y a une certaine catégorie de gens qui la regarde pour ne pas aimer ! Qui allume sa télé pour se défouler et critiquer une catégorie de personnes.
Quand on parle d'internet, je vous sens sur la défensive ...
Comme beaucoup. Je trouve l'instrument génial mais parfois il faut s'en méfier parce que ça laisse libre cours à tout. Parfois du très bon et parfois du n'importe quoi ! Vous savez, on a toujours besoin de structures. Quelque chose qui n'est pas structuré finit toujours par partir "en sucette".
Mais vous pouvez avoir le même problème "en live" avec un journaliste ! Ce dernier peut très bien avoir d'emblée un avis négatif sur votre travail !
Je ne parle même pas d'avis négatif, mais plutôt de choses constructives. Sur internet, c'est rarement constructif ! Sur le libre cours, je m'amuse souvent à regarder les "j'aime, j'aime pas", et ça se résume à "T'as vu mes fesses ?" etc... Parce qu'ils se parlent entre eux en plus... Alors, de temps en temps, il y a un avis censé, mais c'est rare. Et cela ne concerne pas seulement les sites de cinéma, mais tous les sites. Ce qui est important, c'est de savoir faire le tri dans tout ces avis et avoir un vrai recul par rapport à ça.
Prenons pour exemple ""Allociné". Mon expérience dans ce domaine m'a fait constater une chose. En ce qui concerne les longs métrages, les critiques spectateurs sont plus lues que les critiques presse. Quand un film cumule 80% d'avis positifs, cela veut-il dire qu'ils ne sont pas forcément représentatif de sa qualité ?
Les critiques positives ne m'intéressent pas forcément. Ce qui est intéressant, c'est ce qu'elles développent, qu'elles soient positives ou négatives. Quand elles permettent de relever le débat... et c'est rarement le cas. Ce sont souvent des commentaires basiques. C'est cela que je veux dire ! Et puis il y a également une chose importante : je sais que c'est truqué ! Les professionnels du ciné balancent des dizaines de milliers de mails positifs dans le but d'influencer les gens !
Mais j'adore internet, je l'utilise moi-même ! A son commencement, j'avais des copains qui étaient déjà des petits geeks. Moi, je ne connaissais pas ce truc là. Quand je l'ai découvert, alors qu'il n'était encore accessible que dans les sociétés (il n'était pas encore disponible aux particuliers), j'étais stupéfait de voir ce truc. J'ai trouvé ça génial. Mais d'un autre côté, on se disait déjà que quand tout le monde l'aurait, il allait y avoir un moment de marasme, inévitablement. Et certains en profiteront ! Les détracteurs en profiteront aussi, à un moment donné !
En 1993, on vous engage pour jouer le rôle de Colas dans "Le juge est une femme". C'est le déclic qui a lancé votre carrière ?
(Il réfléchit)... Non. Au même moment, j'ai un second-rôle dans un film de Laurence Ferreira Barbosa, "Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel", avec Valéria Bruni-Tedeschi, qui est un vrai film d'auteur. Ce court métrage m'a porté bonheur parce qu'il a fait de nombreux festivals et est passé à la télévision.
J'avais aussi fait une pub dans un aéroport... Un jeune mec qui draguait des anglaises... c'était une pub pour des gâteaux (Hello de Lu) qui avait bien marché et qui avait, à l'époque, interpellé les gens. Elle m'a apporté des essais, fait faire des rencontres, obtenu des rendez-vous... C'est pour cela que je vous dis que ma carrière s'est amorcée grâce à un assemblage de plusieurs moments importants.
En ce qui concerne "Le juge est une femme", c'est d'abord la rencontre avec Florence Pernel. Je ne devais tourner qu'un épisode, et c'est elle qui a décidé de me faire revenir. On s'entendait bien, il y avait une super ambiance, tout se passait bien, et à la fin du tournage, je me souviens qu'elle m'a dit brusquement : "Ça te dirait de revenir ?"... J'ai tout de suite compris le message et je lui ai dit oui. J'étais tout intimidé...
Un, c'était une super affaire pour moi et deux, je gagnais ma vie très vite en sortant des cours de théâtre !
En fait, ce que vous racontez me fait penser à une espèce de puzzle qui se met en place petit à petit...
Oui, c'est un peu ça. La télévision et le cinéma ont toujours été en parallèle. Je n'ai pas démarré spécifiquement par un des deux, mais j'ai démarré par eux deux en même temps, et par des choses qui ont marqué. Pour en revenir à "Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel", c'était un film qui a été récompensé en 1994 par trois césars. Et c'est marrant, parce que les gens me connaissent surtout pour mes rôles dans des films populaires, alors que j'ai commencé par celui-ci, qui est un pur film d'auteur.
C'est aussi une certaine façon de ne pas prendre de risques... Le film d'auteur est suivi par une catégorie de spectateurs alors que le film populaire rassemble l'autre catégorie...
Je n'ai jamais fait de calcul. On ne me dictait pas ce que je devais faire et je fonctionnais un peu à l'instinct. De la même manière qu'après le succès de "Taxi", je ne me voyais pas arrêter la télévision tout de suite. Leur dire : "OK, merci, ça y est, je suis au cinoche, c'est top, je viens de faire 7 millions d'entrées, j'ai plein de propositions, Bye !", je ne pouvais pas faire ça.
Par fidélité ?
Oui. Par fidélité ! Parce que si j'avais fait ça uniquement pour la monnaie, j'aurais arrêté. On me proposait encore mieux au cinéma ! Mais non seulement ça se passait bien avec Florence Pernel, mais j'avais un super réalisateur qui était Pierre Boutron. En plus, on écrivait pour nous, alors je n'avais aucune raison de partir.
Parlons de "Taxi". Comment avez-vous vécu la consécration ?
J'étais super heureux et c'était pour moi l'apothéose... à ce moment là. Décrocher un premier rôle au cinéma, dans un film produit par Luc Besson... Et en plus, on était beaucoup d'acteurs à vouloir le rôle ! C'était un vrai cadeau de la vie. Mais ensuite, cela m'a impressionné ! C'était un gros tournage et il ne fallait pas se planter ! Du coup, je marchais sur des oeufs... La peur de ne pas être au niveau.
Ensuite... c'est un ressenti tout à fait personnel. Le respect que vous avez vis à vis de vos aînés, la trajectoire que vous vouliez prendre, la légitimité que vous pouvez avoir par rapport à un succès, quand on est un jeune acteur... Je me suis senti en porte-à-faux. Pour moi, ce n'est pas parce que "Taxi" avait du succès que j'étais arrivé quelque part. Loin de là. C'était gratifiant, parce qu'il ne faut pas cracher sur le succès, mais ce n'était qu'un cap et je me suis vite rendu compte qu'il allait falloir le négocier de la meilleure des manières, en évitant de se fermer des portes. Dans notre métier, le succès n'est pas gage de continuité !
Racontez nous le tournage avec Sami Nacéri, qui, comme tout le monde le sait, est une personnalité complexe...
Entre nous, les choses ont toujours été simples. Il y avait ce qu'il était dans la vie, et ce qu'il était sur le plateau... Voilà. Je ne veux pas dire que sa vie ne me regarde pas, parce qu'on est toujours concerné quand on apprécie quelqu'un, mais on n'était pas dans l'intime. On ne passait pas notre vie ensemble. On était de vrais copains de boulot, mais on ne se voyait que ponctuellement. C'était le travail qui nous réunissait et il y avait un vrai respect. Entre nous, il n'y a jamais eu de rivalité, de jalousie. Nous étions complices sur le tournage... Après... C'est le destin. Je n'ai pas à en discuter plus.
Après en avoir tourné 4, vous croyez que le filon "Taxi" est épuisé ?
Je n'en sais rien. Seul le producteur le sait. C'est une franchise et elle a très bien marché. En ce qui me concerne, dans la comédie, j'ai envie de faire d'autres choses. J'en ai fait 4, je ne vais pas aller plus loin. A un moment, il faut savoir s'arrêter. J'ai 43 ans, je suis encore au début de ma carrière ! Je suis amené à passer à un autre stade. Vous savez, j'ai fait le quatrième volet en l'abordant comme une parenthèse. Pour finir dans une dernière pirouette...
Quel rapport avez-vous avec l'argent ?
Quand vous avez vécu dans un milieu dans lequel il n'y en avait pas... Ma mère bouclait difficilement les fins de mois, et comme 99% de la population, elle faisait les courses en attendant la paie. Quand elle en revenait, elle nous disait, à mon frère et à moi : "vous savez, j'ai acheté un pot de Nutella... Quand il n'y en aura plus, il faudra attendre le mois prochain !"... (Il sourit). Mais on n'a jamais manqué de rien, et je respecte ma mère pour ça !
Ah je n'avais pas le dernier vélo de course ou le dernier truc à la mode ! On attendait les soldes, etc... C'était ça ! Mais j'étais très bien à l'époque. Et pour parler du vélo, il y avait à l'époque les premiers vélos avec la suspension à l'avant... Ça valait super cher ! Et ma mère avait fini par me le trouver des mois après sa sortie, dans un magasin de troc ! (Il rit).
Aujourd'hui, comment expliquer ce fonctionnement à des mômes, qui, eux, sont inondés par les pubs ?
Je suis choqué par ça ! A mon époque, il y avait très peu de pubs à la télé. Nous n'étions donc pas lobotomisés et nos parents pouvaient encore nous tenir... Mais maintenant ? Comment calmer une génération qui veut tout, tout de suite ?
Tiens, j'en reviens à internet ! (Il s'enflamme)... Vous ouvrez une page et Pam !! Pleins de pages de pub s'ouvrent et inondent votre écran ! Ça, je suis contre et je peux me mettre en colère !! C'est révoltant !!! C'est dégueulasse !!! Vous savez qu'on appelle la nouvelle génération, "la génération perdue" ! Elle est perdue parce qu'elle a été sacrifiée ! Pour beaucoup de raisons. C'est la vérité. Et je ne suis pas passéiste. Je n'aime que l'avenir. Je ne vois que devant. J'ai un môme, j'en aurai d'autres, j'ai des neveux, des nièces... et je ne dis jamais que c'était mieux avant. En revanche, je suis lucide... on a laissé faire. Déjà, il n'y a plus de repères politiques, et ça c'est terrible ! On n'en a plus. Nous sommes dans une démocratie qui part "en sucette"...
Tous ces mômes qui sont sur Facebook et tous ces machins... Sur tous ces blogs, à montrer leurs seins, leurs fesses ! (Il s'emporte)
Un jour, ça va s'arrêter. Ça ne sera plus possible ! Et ça va redevenir normal. Mais entre-temps, il y a une génération qui va se taper ça toute sa vie. Ça me choque !
Vous avez un discours d'indigné...
(Il s'enflamme). Oui, je suis indigné !! Et je n'ai pas attendu qu'un bouquin sorte pour l'être !! Je ne l'ai jamais dit à la télé, mais après tout, je peux le dire parce que je le pense... Ça me révolte à un point... !!
Pour en revenir à mon rapport avec l'argent, et cela vient de mon éducation, quand j'ai commencé à en gagner, je n'ai pas pensé qu'à ma gueule ! Je l'ai dépensé ! J'ai payé des billets d'avion aux copains et on s'est payé des vacances. J'ai dit à ma copine : "on va mener la grande vie !" (Il rit).
Après, j'ai fait des apprentissages. Et puis à 21 ans, je me démerdais déjà tout seul ! Bien que, comme je vous l'ai dit précédemment, je vivais chez ma grand-mère, je faisais tout pour ne pas abuser. Je suis quelqu'un qui ne demande rien à personne, je ne suis pas un opportuniste, je ne suis pas un profiteur. J'ai plein de défauts, mais pas ceux là.
Vous avez commencé à gagner beaucoup d'argent à partir de quand ?
Un peu moins de six mois après la fin de mes cours de théâtre, j'ai commencé à très bien gagner ma vie. C'était déjà une chance énorme ! A partir de là, ben oui... Je me suis acheté une moto, je partais avec les copains... Pour moi, ce qui était important, c'était le partage. Inviter les gens, ne pas être regardant sur l'argent et faire profiter tout le monde. Attention, je ne suis pas un exemple ! Je ne l'ai pas toujours bien dépensé ! Aujourd'hui, si j'avais fait plus attention, j'aurais certainement un petit patrimoine immobilier à Paris. Mais bon, c'est comme ça. J'ai vécu un peu "Rock'n'roll" ...! Sexe, drogue et Rock'n'roll... (Il sourit)
Les trois ? (Je souris)
Entre guillemets...Je vous l'ai dit. Je ne suis pas un enfant de choeur. Quand je dis drogue, je n'ai pas fini junkie ! Sexe, drogue et rock'n'roll, oui. J'avais 21 ans, en ayant arrêté l'école à 14. j'étais en apprentissage. Je faisais alors partie de ceux qui avaient fait les choses en avance sur mon temps. Je n'étais pas encore adulte dans ma tête, mais je faisais des choses d'adultes. En face de certaines responsabilités, je devais me démerder. Et puis j'étais confronté aux adultes ! Quand vous êtes apprenti, vous l'êtes forcément. Ce n'était pas toujours facile. Le milieu de l'hôtellerie dans les années 80, ce n'était pas le même qu'aujourd'hui ! Aujourd'hui, vous ne faites pas n'importe quoi... C'est un métier rude, ça ne rigole pas. Je le sais, mon frère tient un restaurant dans le Gers.
A 17 ans, j'ai donc commencé mon métier en prenant des cours en même temps que les apprentissages, et c'est à 21 ans que j'ai gagné ma vie. De plus, c'est la période pendant laquelle j'étais un peu en révolte. Je n'avais pas de père... Alors vous pensez bien qu'après 7 ans à faire des petits boulots, j'ai voulu m'amuser dès que j'ai pu. (Il rit).
Je n'ai donc pas de complexes par rapport à l'argent. Je sais ce que c'est d'en avoir et je sais ce que c'est que de ne pas en avoir ! Et puis, il ne faut pas oublier que tout peut s'arrêter du jour au lendemain.
(Je reste dubitatif) Mouais... N'exagérons pas. Vous vous êtes tout de même fait un nom !
Mais un nom ne suffit pas ! Vous n'êtes pas à l'abri d'un gros passage à vide. Vous ne savez pas pourquoi, mais tout à coup, on vous tourne le dos, les gens n'ont plus envie de vous voir... Cela reste un métier instable. C'est arrivé à d'autres...
Vous avez un avantage, c'est votre éclectisme. Un exemple : je vous ai récemment vu dans le téléfilm "Cartouche". Et cela vous allait comme un gant ! Un aspect un peu voyou, baroudeur... Pourquoi ne pas faire plus souvent des films d'aventures ?
Ça faisait rire Sami Naceri. Il me disait toujours : "Toi, on te donnerait le bon dieu sans confession, alors que tu viens du même milieu que moi !" (il sourit). C'est physique, c'est comme ça. Adolescent, j'ai fait des choses qui auraient pu m'amener sur le chemin de la délinquance. Moi, je ne vais pas trimbaler mon côté social, mais je ne vais pas non plus vous dire que j'ai vécu dans la misère ! On déménageait tout le temps, on s'est retrouvé à un moment dans des villes nouvelles, dans des banlieues, dans des collèges où tout le monde se retrouve et où cela se passe super mal... Les bastons générales, les flics qui débarquent... oui, j'ai connu ça. Au lycée, ça sortait facilement le couteau !
Et c'est ce qui m'a fait arrêter. La première bagarre pendant laquelle les couteaux sont sortis, j'ai eu peur. J'ai fait une connerie, ma mère est venue me chercher au commissariat, et je lui ai dit : "c'est fini, j'ai pris conscience". J'ai un profond respect pour ma mère. Elle était bibliothécaire. Elle était partie d'une petite bibliothèque au premier étage d'une caserne de pompiers pour réussir à faire un centre culturel. D'ailleurs, elle s'est fait éjecter parce qu'elle ne faisait pas de politique et qu'elle n'avait pas les accointances qu'il fallait... Comme quoi...
Alors il est vrai que j'ai, par moments, l'image du gendre idéal (Il rit), qui est venue par "Taxi" et ces rôles de mec sympathique. Mais je ne suis pas pour autant antipathique, parce que je ne le suis pas ! En tout cas, je n'ai pas un fond méchant.
Pour "Cartouche", je me suis demandé si j'allais être crédible vis à vis du public. Dans mon fort intérieur, je n'avais pas de problèmes parce que j'avais une identification par rapport au personnage, de par son parcours...
D'ailleurs, c'est amusant parce que "Cartouche", le vrai, était un petit voyou qui s'était retiré de l'autorité du père. Ce dernier était très dur, mais la famille ne vivait pas dans la misère. "Cartouche" vivait dans Paris et ses parents étaient
commerçants. Alors, comme souvent pour s'opposer au père, il s'est mis à voler. Par amusement... par provocation. Et il était tellement doué qu'il s'est fait "récupérer" par d'autres gens. Quand il s'est fait arrêter, son père lui a dit qu'il le prenait avec lui pour travailler, or il l'a amené aux portes d'une maison de correction ! Quand ils sont descendus du fiacre, "Cartouche " s'est enfui et il s'est par la suite lié à une bande de manouches. Il a alors écumé Paris en étant un pickpocket ultra-doué. De plus, il maniait déjà l'épée. Il a intégré une bande, a pris la place du chef, et est ainsi devenu le personnage que l'on connaît...
Pour en revenir à votre question, j'adorerais faire un film d'aventures...Ce qui est important, c'est d'avoir des projets. Un projet, ça amène toujours quelque chose. Pour ma part, je cogite tout le temps...
Parlez-nous de l'aventure "Clara Sheller"...
Ah... Au moment où cela a été fait, ça interpellait parce que c'était vraiment nouveau. C'était fait sur une chaîne publique alors que cela correspondait plus, à l'époque, à une chaîne comme canal +. France télévisions s'est donc lancée dans le projet, et ça n'a pas été facile. Pour ma part, quand je l'ai eu en mains, je l'ai trouvé fabuleux. Je n'avais pas tourné pour la télé depuis 5 ans. En même temps, quand j'ai pris connaissance de mon personnage, je me suis dit : "Moi, Frédéric Diefenthal l'hétéro, va jouer un homo ! " (Il sourit). C'est après coup que j'ai eu un moment de trouble. Je suis comme ça. Je vois souvent la difficulté après... En même temps, si on voit la difficulté avant, elle peut vous empêcher de faire de belles choses. Vous savez, l'échec ne fait pas bien mal. Ce n'est pas grave... On peut se tromper. En revanche, passer à côté de quelque chose parce qu'on n'aura pas essayé... ça c'est con !
Pour en revenir au personnage de JP, j'avais un trac fou et je me demandais comment l'aborder. Tout d'un coup, je me suis trouvé perdu... Et le réalisateur Renaud Bertrand me dit : "sois toi, avec ta sensibilité, ton instinct et je te guiderai...". Le soir, après avoir cogité, je me suis dit "Bon, ok. Tu es Fred Diefenthal, et au lieu de dire je t'aime à une femme, tu vas le dire à un homme. Qu'est-ce que ça va changer ?"... L'essentiel était surtout de ne pas trop en faire, de ne pas sombrer dans le ridicule. En plus, j'étais aidé par une belle écriture, celle de Nicolas Mercier. J'ai donc pris en moi ce qu'il y avait de plus délicat et ça a été passionnant. "Clara Sheller" reste un super souvenir de tournage. D'ailleurs... (il rit)... je me souviens de la première scène que l'on devait jouer avec Thierry Neuvic, nous n'étions pas fiers !... Mais chose importante : on se sentait en confiance avec le réalisateur ! C'est vital de savoir que l'on est avec quelqu'un qui ne vous trahira jamais. Là-dessus, Renaud Bertrand a été d'une délicatesse absolue.
Je voudrais finir avec 5 petites questions à réponses rapides... Vous avez le choix entre deux thèmes : Duo ou Rivaux ?
Rivaux ! Ça va m'amuser ça !
Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo ?
(Il réfléchit longuement).... Ah.... Ni l'un ni l'autre. Le premier incarne la beauté absolue, animale, et quand il est à l'écran, c'est hallucinant ! Il a quelque chose de subjuguant. Et je ne parle pas uniquement de sa beauté ! Il a une force, un regard... Je comprends pourquoi tous les plus grands cinéastes de l'époque voulaient le faire tourner ! En plus, il a eu une belle période, celle de "Monsieur Klein", "'Le Samouraï", tout ça...
Quant à Bébél... Ah pour moi, c'est... (ses yeux pétillent)... Le côté flamboyant...Et puis moi, quand j'étais gamin, j'étais fan ! "Les tribulations d'un chinois en chine", "L'homme de Rio"...
Je ne peux donc pas choisir entre les deux. Ma malchance, c'est de n'être ni l'un, ni l'autre (il sourit).
Angélina Jolie ou Jennifer Aniston ?
(Il réfléchit)... Angélina Jolie
Arnold Schwarzenegger ou Sylvester Stallone ?
Stallone. Pour "Rocky".
Bourvil ou Louis De Funès ?
C'est trop dur. C'est comme Belmondo et Delon. Je suis sensible à leurs deux humours. Je suis fan des deux. Bourvil par ce côté dramatique qu'il trimbalait en lui... C'était le clown blanc. De Funès, c'était l'auguste.
Sarkozy ou Hollande ?
Publiquement, je ne réponds pas à ce genre de questions. Je préfère ne pas me prononcer. Je fais partie de ceux qui sont déçus par la politique, en France comme ailleurs. On ne sait plus trop qui tient les commandes, les grands patrons ont quelque part une influence énorme... On sait maintenant que les financements, à l'arrivée, ne sont pas gratuits. En politique, il y a de grands hommes, mais malgré leur bonne volonté, il y a un moment où il faut qu'ils demandent pour pouvoir faire certaines choses. Et ils en deviennent redevables. Cela fausse les cartes. Aujourd'hui, je fais partie de ceux qui regardent, qui écoutent... Je suis dans l'expectative. Je ne suis pas très rassuré. Rien n'est jamais trop tard, on a traversé d'autres choses... mais ça risque d'être long. Ca fait 40 ans... On a pris les gens pour des cons ! Il faut quand même le dire ! On a pris le peuple pour un con ! A droite, au milieu, à gauche, chacun est parti chercher ses voix... Certains ont fait de belles choses, d'autres n'importe quoi, mais surtout, on a laissé aller des choses à la dérive. Même eux le reconnaissent !
On ne vous entend jamais prendre position dans les médias...
Non.
On en entend d'autres...
Certains le font très bien, d'autres feraient mieux de fermer leur gueule, parce qu'ils n'ont pas à dire certaines choses, et d'autres encore roulent pour qui ils veulent rouler, par intérêt, et ça me fait bien marrer !
Et bien merci beaucoup de m'avoir reçu.
(Avec un grand sourire) Je vous en prie.
Reportage photo réalisé par Candice Obron-Vattaire