INTERVIEW JEAN-PIERRE MATTEI

Publié le par corsu61

INTERVIEW JEAN-PIERRE MATTEI

Aujourd'hui, votre site préféré vous fait découvrir une des figures du monde du cinéma insulaire : Jean-Pierre Matteï. Fondateur et ancien Directeur de la cinémathèque de Corse, il est de ce fait la mémoire vivante de tout ce qui a pu se dérouler sur l'île au niveau cinématographique. Vous allez découvrir un homme attachant, loquace, qui possède des souvenirs très ancrés. Véritablement malin et habitués aux joutes verbales, il sait parfaitement se dépêtrer des questions sensibles... Sans langue de bois aucune, mais se retranchant quelquefois derrière un devoir de réserve, il va vous livrer ses souvenirs dans une interview sympathique, réalisée sur la superbe place de l'église, à Porto-Vecchio...
 


Pour commencer, Jean-Pierre Matteï, qui êtes-vous ?
 

Le président fondateur de la Cinémathèque de Corse.
 
Un passionné ?
 
Quelqu'un que le cinéma a toujours passionné, qui voulait faire l' I.D.H.E.C. (Institut des Hautes Études Cinématographiques) et qui ne l'a pas fait pour diverses raisons longues à expliquer. Quelqu'un qui a choisi un métier plus traditionnel, tenté que le cinéma est un métier... Je dirais plutôt une vocation !  Je me suis donc tourné vers la pharmacie qui est un métier semblant plus conforme à l'aspiration de mes parents et qui pouvait m'assurer un confort moral. Parce que faire du cinéma, faire des études cinématographiques dans les années 60, ce n'était pas du tout dans l'air du temps ! On pouvait faire l'IDHEC, avoir la première partie du Bac pour pouvoir concourir à l’entrée... En même temps, c'était Paris... Pour y aller, quand on était comme moi au Maroc, à Casablanca, il fallait avoir des relais... Il ne faut pas oublier que la majorité était à 21 ans ! On était donc dans le cocon familial... De plus, j'étais fils unique, un peu chouchouté, mes parents étaient dans l'enseignement... Quand on leur parlait d'une carrière cinématographique, bien qu'ils soient très ouverts, ça les laissaient un peu perplexe.
 
Quelle spécialisation vous tentait le plus au cinéma ?
 
La réalisation.
 
Principalement ?

C'était réaliser un film. Mais pour réaliser, il fallait rentrer dans une filière. J'avais un oncle qui était l'avocat de Jean-Pierre Melville. Je lui avait donc demandé de lui toucher un mot. Melville lui avait alors déclaré : "Dis à ton neveu qu'il fasse de bonnes études, le cinéma ça n'amène à rien ! "(il rit)...

Philippe Labro, qui a collaboré avec Melville et que j'ai interviewé bien plus tard, disait que quand il travaillait avec lui comme assistant, il se comportait comme un ayatollah... Tout le monde était sous son empire et il fallait penser, respirer, vivre comme lui.. Mais ça devait être également fascinant d'évoluer dans cette atmosphère et dans ce milieu. Moi, je suis de la période des Cahiers du Cinéma... le fameux numéro 39 (numéro hors série dédié à Alfred Hitchcock) que j'avais acheté sur un trottoir de Casablanca... Il y avait beaucoup de journaux anciens qui se vendaient sur les trottoirs. On pouvait en acheter avec très peu d'argent alors je me plongeais dedans. J'avais une mère qui était très cinéphile et qui aimait bien Hitchcock. Elle lisait beaucoup. "L'inconnu du Nord Express", elle l'avait lu avant de le voir au cinéma...
 
Film mythique ! 

Oui.. Il y avait donc tout un univers. Mon père aimait beaucoup cela aussi. Son actrice de prédilection était Annabella. En travaillant après sur la mémoire, j'ai regretté de pas en avoir parlé avec lui parce qu'il est mort assez tôt. Il avait été lycéen à Ajaccio et Annabella est apparue pour la première fois en 1925 dans le"Napoléon" d'Abel Gance. A cette époque, il l'a peut-être croisée dans la rue...
 
D'où vous est venue l’idée de fonder cette cinémathèque ?
 
C’était totalement imprévu. En marge de mes études, je m'occupais du ciné-club de la faculté de pharmacie et de médecine de la Timone à Marseille. Nous étions adhérents à la Fédération française des ciné-clubs. Je me rendais donc souvent à Béziers et à Boulouris où il y avait des stages de proposés. Ces derniers étaient organisés et nous permettaient de découvrir des films que nous ne pouvions voir ailleurs, hormis à la Cinémathèque française. Aujourd'hui c'est formidable, on vous déverse des flots de films, que ce soit à la télé ou autre... Mais ce n'était pas le cas à cette époque. Henri Langlois (artisan fondateur de la cinémathèque française), malgré le respect que je lui dois, ne montrait pas tout ! Il avait ses préférences... Il y avait donc une soif de voir les films d'avant, notamment des années 30, et ces stages nous donnaient la possibilité de les voir. C'est par cet intermédiaire que j'ai découvert Jacques Rosier, Michel Deville, Nina Companeez...

Ensuite, je me suis installé à Nice avec mon épouse. Je suivais les ciné-clubs. J'ai eu de la chance, j'ai connu Jean Gili qui était professeur d'histoire et qui est parti ensuite à Paris pour enseigner le cinéma à la Sorbonne. Il y avait aussi Christian Viviani qui est maintenant rédacteur en chef avec Michel Ciment à "Positif"... toute une bande de cinéphiles importants. Dans le ciné-club, il y avait plus de mille adhérents !  Je partais travailler toute la journée (on allait au laboratoire d'analyse avec mon épouse) et on se levait à 6h du matin pour les prises de sang etc... Puis on partait a Cannes, on veillait jusqu’à 3 h du matin et on repartait !
Ce qui était génial, c'est que l'on avait une santé du tonnerre. Aujourd'hui, je serais incapable de faire ça. Mais en même temps, il y avait une découverte... Quant on arrivait à Cannes, il y avait la semaine de la critique qui débutait. On trouvait la sélection des films français ainsi que le marché du film. Et dans ce marché (qui était plus ouvert qu'aujourd'hui), il y avait la sélection officielle.  L'accréditation, à l'époque, nous permettait de rentrer au marché du film ! Il sortait donc des tas de longs métrages qu'on ne voyait plus après... Mais à cette époque, on vous laissait rentrer parce c'était là que les producteurs essayaient de vendre à un distributeur...
 



L'actuelle Cinémathèque de Corse

 

Ce n'est plus le cas actuellement ?
 
C'est toujours la même chose, mais maintenant vous devez désormais acheter votre accréditation. C'est plus structuré, plus organisé. En même temps, c'est normal. Il y a pratiquement 1000 films de présentés. Vous ne pourriez pas tous les voir. On peut aller à Cannes et n'aller voir que les films du marché du film... Il y a 4 ou 5 salles... A l'époque, tous les cinémas de la ville étaient pris par les séances. Ils avaient leurs séances traditionnelles et puis leurs séances pour le marché du film. C'est grâce à cela que lorsque les premiers pornos sont apparus dans les années 1972-1973 ("Derrière la porte verte", etc), j'avais à côté de moi Jack Nicholson, Martin Scorcese, Robert De Niro... Il y avait tout un tas de gens... Des journalistes... Il y avait Jean-Louis Bory avec Alice Sapritch...
Il régnait vraiment une atmosphère bon enfant. On découvrait le film et on était heureux..

Vous disiez tout à l'heure que vous n'alliez plus à Cannes ?

Non. L'atmosphère a trop changé. On ne rencontre plus les gens comme avant,  avec cette convivialité. Maintenant, c'est bonjour... Comment ça va ?... Il faut avoir une affaire à traiter pour déjeuner ensemble.

Vous croyez que c'est désormais impossible de pouvoir côtoyer des stars lors d'une projection à l'heure d'aujourd'hui ?

Non. Il faut passer par l’attaché de presse. Ce sont des ayatollahs ! A la cinémathèque de Corse, nous avons un rapport avec eux très intéressant. Notre Président, Dominique Landron, est très introduit. Il est journaliste à Radio France pour la corse, alors...  Vous savez, je vais vous donner un exemple : il y a 3 ans, quand Alain Corneau est venu présenter le teaser du "Deuxième souffle", c’était à guichet fermé. Tout le monde était là et Dominique est arrivé à l'entrée de la salle ... On lui a dit qu'il ne rentrait pas. Il a alors demandé que l'on aille porter un message à Alain Corneau et lui faire savoir que Monsieur Landron était là. Aussitôt, les portes se sont ouvertes... C'est une anecdote assez sympathique dirons nous, mais en même temps cela devient une espèce de course de haies...  Ça fait partie du jeu aujourd'hui... c'est autre chose... J'ai connu une période que je qualifierais de plus conviviale et plus sympathique lors de laquelle les films n’avait pas été vus. Aujourd'hui, pratiquement la moitié des journalistes ont déjà vu les films...

On leur envoie?

On leur envoie ou on leur a montré en projection privée, il n'y a donc plus ce phénomène de découverte. Prenez aujourd'hui les conférences de presse... Quand le film sort, il y a tout de suite la conférence de presse ! Avant, pour y rentrer, il fallait montrer une carte de journaliste,  on ne rentrait pas comme on voulait. Aujourd'hui, vous les voyez sur internet ou sur la chaîne 17 de Canal +. Regardez la conférence de presse et constatez cet état de fait : la salle n'est pas pleine ! Tout le monde a déjà eu une masse d'informations... D'abord il y a la séance photos, ensuite, il y a la montée des marches lors de laquelle les intervenants donnent leur avis aux journalistes, ensuite vous avez Canal+ et toutes les chaines qui sont là... Ils sont donc obligés, à moins d’être des génies de la diversité, de ressortir la même salade... En même temps, c'est troublant parce qu'on se demande si on a envie d'aller voir les films après avoir tout entendu, tout su...
Il y a, de plus, un autre phénomène : quelquefois, vous demandez un avis à un spectateur. Il vous le donne et quand vous lui demandez s'il a vu le film, il vous répond que non. Il vous donne donc un avis sur ce qu'il a entendu !... C'est vraiment dommage.

Croyez-vous qu'il y ait eu une évolution au niveau du star système ? Vous qui avez connu énormément de monde...

Ah oui ! J'ai un exemple frappant. Je suis très téléphage, je regarde beaucoup la télévision. On y voit des choses fantastiques, des sujets de scénario, etc... Il y avait l'autre jour la montée des marches avec Brad Pitt pour "L'arbre de vie".  C'était assez traditionnel avec tout le monde qui entourait l'acteur ainsi que l'actrice principale, Jessica Chastain. Il y avait dans toutes ces personnes Angélina Jolie...  Terrence Mallick, le réalisateur, n'était pas là... On voit donc la montée des marches, Brad Pitt sourit, tout le monde va signer des autographes, ils ont l'air très cools. Évidemment, les journalistes disent combien ils sont formidables car ils vont vers leur public. Tout cela est un jeu ! Pour preuve : après avoir monté les marches et au moment où il va rentrer dans la salle, Pitt redescend à toute allure (tout le monde a l'air étonné), et il va en fait chercher Angelina, restée en bas des marches, sculpturale dans sa robe comme la statue de la liberté. Il la montre alors aux journalistes, et ils remontent ensemble... C'est toute une mise en scène !

Vous croyez que c'est répété ?

Je pense que c'est voulu. Il y a vraiment une mise en scène extraordinaire et c'est génial ... On voit des scènes comme ça dans "Chantons sous la pluie"... On ne pourrait pas rêver mieux... Aujourd'hui, la réalité est donc mieux que le fiction... On est là, on fait des grands sourires, on monte et voilà...

Et en plus, elle est magnifique...

Ah oui, bien sûr ! Mais c'est le rêve de consommation ! (il rit)

A propos de rêve de consommation, quel est la plus belle actrice que vous ayez rencontré ?

Celle qui m'a le plus touché, c'est Viviane Romance, pour qui j'avais une grande affection parce que quand j’étais gosse (je devais avoir une dizaine d’années), j'ai visionné "L'affaire du collier de la reine"... C’était vraiment une belle femme qui dégageait une forte sensualité et qui a été quand même la grande Star du cinéma français ! On n'a pas écho aujourd'hui du niveau de ce qu'elle a représenté dans le cinéma français avec "La belle équipe", etc... Une scène dans "L'affaire du collier de la reine" m'a marqué. Celle pendant laquelle, parce que c'est une voleuse, on la brûle au fer rouge... On brûle cette voleuse sur sa poitrine bien pulpeuse... Alors ça !! (il soupire et il rit)... Elle a joué avec Chabrol "Nada", un tout petit rôle et "Mélodie en sous sol" avec Gabin.
Elle habitait à Nice, au château de la Gaude où elle s’était retirée, prés de l'endroit où j'habitais à l’époque. il y avait Christian Viviani, qui a été une de mes premières interviews qui, je crois, est passée dans les cahiers de la cinémathèque,  journal édité par l'institut Jean Vigo. 
La suite de mon périple ? En 1980,  je quitte la France, enfin le continent, pour venir en Corse...
 
 

Pourquoi ?

Parce que mon beau-père était décédé et la pharmacie qu'il gérait était à reprendre. On a donc décidé de revenir. Je savais également qu'en rentrant a Porto-Vecchio, il n'y avait plus de cinéma. Il avait fermé en 1978 et se nommait "L'Oriental". Il n'y avait donc plus rien. Les cinéphiles Porto-Vecchiais s'en allaient à Bastia.

Pour voir des films ?

Pour voir des films ! Et ils étaient super courageux parce que la route n’était pas aussi bonne que maintenant ! Il y avait un ciné-club qui vivotait et le milieu associatif était très maigre à l’époque. Donc, en revenant ici avec ma collection, je me fais mon home vidéo. J'avais mon appareil 16mm et je projetais. Puis, il y a une association qui s'est créée à Porto-Vecchio qui s'appelait "la raccolta", le rassemblement, et il y avait une volonté d'implanter une activité culturelle dans cette ville. Il y avait des gens de tous horizons qui l'intégrait et j'ai eu en charge le ciné-club... On a donc commencé à passer des films, et moi je voulais passer des films du patrimoine.

A quel endroit ?

Une salle du presbytère, pour les projections. Mais en 1980, c'est la chute des ciné-clubs. Celui de Porto-Vecchio a fermé... C'est un moment où le cinéma va mal et il n'y a pas encore le plan Lang qui va faire le sauvetage du patrimoine. On est dans une période pendant laquelle ceux qui ferment ne bénéficieront pas des subventions qui arriveront 3 ans après et qui vont redonner une impulsion au cinéma. C'était un climat favorable pour développer quelque chose...

Et en plus, les gens étaient réceptifs. Ils n'attendaient que cela...

Très réceptifs ! Avec les amis que j'avais à Nice, nous allions souvent à la fermeture de ces salles dans lesquelles avaient lieu des ventes aux enchères et nous rachetions tous les matériels publicitaires ainsi que les affiches. Toutes les conditions étaient donc réunies pour moi. J'avais mon hobby ainsi que mon job, et je me trouvais pile dans une activité collective. De plus, la demande fait qu'en 1983, le Maire de Porto-Vecchio me demande de rentrer dans l’équipe municipale et me nomme à la fonction d'adjoint aux affaires culturelles. Je ne m’étais jamais occupé de vie associative ni collective, c’était une sorte de défi et en même temps le lycée venait d'ouvrir, il y avait tout à faire. Il n'y avait pas de bibliothèque municipale ni de centre culturel. J'ai donc accepté le poste. Je me suis ainsi aperçu qu'il y avait beaucoup d'enseignants volontaristes et qu'il régnait une véritable envie. On a donc formé un groupe formidable... A force de travail, nous avons commencé à avoir des articles culturels dans les journaux. Nous avons ensuite créé la bibliothèque municipale, le centre d'activité culturel et de loisirs et l'association "la Corse et le cinéma" en septembre 1983. Tout ça avec des   gens de toutes horizons ! Dans notre statut, Nous stipulons que notre vocation est de créer un ciné-vidéothèque régional.
En été 1983, j'apprends le décès de René Ferracci, l'affichiste et j'apprends avec surprise qu'il était originaire de Figari. Grâce au réseau corse, je trouve les coordonnées de son épouse et je vais la rencontrer. Là, elle me montre toutes les maquettes de son mari, toutes les affiches et ce fut fabuleux ! Nous avons fait une exposition et, cerise sur le gâteau, madame Ferracci nous indique qu'il y a un autre affichiste qui est de la région de l'Alba Rossa : Michel Landi. Les deux plus gros affichistes étaient donc de la région... Landi a tout de suite été formidable. Il est venu à l'exposition sur Ferracci, on l'a associé à nous et c'est lui qui nous a réalisé le logo de "la Corse et du Cinéma". il est alors rentré dans l'association.
En 1986, trois après, le premier César de l'affiche se crée. C'est Michel Landi qui l'obtient et René Ferracci qui a le césar d'honneur pour son œuvre. Nous avons donc une espèce de retour sur les actions que nous faisons et cela nous donne forcément une plus-value.
 
 
12 000 affiches en archives...
Ensuite, nous avons eu l'opportunité d'acheter une collection de films italiens qui nous avait été, dirons nous, "tuyauté" par la cinémathèque de Luxembourg, parce que son directeur était un copain que je connaissais bien. Nous n'étions pas encore dans la zone européenne, donc on ne pouvait pas faire rentrer des produits culturels et autres sans la douane. Nous avons donc longtemps attendu pour rapatrier ces films d'Italie en Corse et nous les avons passé avec l'aide du recteur de Sardaigne qui a été notre intermédiaire culturel. Nous avons ainsi pu rentrer plus d'un millier de copies de films. Toutes les caves disponibles de la ville ont été envahies... Nous nous sommes peu à peu retrouvés avec un patrimoine important que nous gérions nous-même, sans l'intervention d'éléments extérieurs. Nous pouvions l'enrichir à loisir. Tout ce qui était corse avait sa place. Évidemment, jusqu'en 1929, le cinéma était muet, alors la langue corse... De plus, jusque dans les années 60, il n'y avait pas de films dans lesquels on parlait corse. Mais ensuite, dès qu'il y avait une personne d'origine corse dans un générique, ou autre chose qui concernait le cinéma,  nous la répertorions avec le plus d'archives et d'informations sur lui afin que plus tard, on puisse s'en souvenir.

Ces documents sont conservés ici ?
 
A la cinémathèque, oui. Nous avons constitué une mémoire régionale concernant toute personne de l'île s'étant investie dans le cinéma.
 
Cela vous a-t-il ouvert les portes de partenariats ?
 
Le vrai défi était de mettre petit à petit en place une politique de production audiovisuelle. La création de la cinémathèque a contribué à prendre en compte l'intérêt du cinéma comme une économie potentielle. Bien sûr, cela a évolué avec le temps. Maintenant, nous sommes en 2011 et nous sommes à l'ère du numérique. La télévision a pris une importance encore plus grande...  La Corse est une région qui aime beaucoup le cinéma... Ce qu'il faudrait maintenant, c'est arriver à avoir des films qui fassent autorité et qui montrent que la cinéma en corse est quelque chose d’économiquement viable et qui a une autorité par rapport au gens de cinéma.

Vous croyez que le cinéma corse n'est pas assez reconnu ?

C'est à dire qu'aujourd'hui, venir tourner en corse pose pas mal de handicaps, la faute principalement au problème de l'insularité. Il faut que les hôtels qui reçoivent les équipes de tournages soient ouverts toute l'année, que les conditions et les moyens de communications soient souples, qu'on mette sur les lieux de tournage les moyens suffisants de visionnage des rushs, etc... Il y a tout un tas de paramètres qui demandent beaucoup d'investissement dans lequel le privé ne s'est pas encore investi. C'est encore beaucoup la collectivité.
Par contre, si l'on regarde le nombre de manifestations de cinéma qu'il y a sur le territoire, vous vous apercevrez qu'il est important. Vous avez pratiquement 5 festivals à Ajaccio, vous avez l' IUT de Corte (Institut Universitaire de Corse) qui enseigne le cinéma, vous avez le festival Arte Mare, le festival italien à Bastia, vous avez "Anima"; autour du cinéma Excelsior à Prunelli di Fium'orbo, vous avez "Et pourtant ça tourne" à Ile Rousse. Vous avez le festival de Lama... Ici, à Porto-Vecchio, vous avez "Cinémotion"... etc...
 


Une salle de 30 000 bobines
 
Beaucoup de stars de cinéma françaises vivent sur notre île. Pensez-vous que cela puisse favoriser l'augmentation des tournages ?

Oui et non. Il y a une stratégie, c'est à dire que beaucoup de vedettes, acteurs, comédiens, gens du showbiz,  ont une attache en corse (maison, etc...). Quand ils viennent en vacances, ils n'ont pas envie d’être sollicités ou ennuyés, ce que je conçoit totalement. J'ai été souvent en contact avec toutes ces personnalités. Cependant, je défends l'idée que ces personnes, puisqu'elle viennent ici et s'intègrent à la population, puissent donner une journée ou deux de leur temps pour animer et  contribuer à la renommée du cinéma en corse, ce que les personnes ont pratiquement toutes accepté...

Pratiquement toutes ?

Il y en a une qu'on ne voit jamais. En même temps, elle n'a jamais rien fait au niveau cinématographique...

Un nom !

C'est la chanteuse Mylène Farmer. On la voit souvent sur la place de l'église. Personne ne l'ennuie et c'est très bien. Je ne suis pas pour embêter les gens, je sais que dans les hôtels ou dans les villas, il y a beaucoup, beaucoup d'acteurs qui viennent. On le sait, ils sont dans les restaurants, dans les bars. Tant mieux, c'est très bien, mais comme ils viennent chaque année,  Il est dommage qu'on ne les fasse pas participer à l’animation d'une ville qu'ils fréquentent. A partir du moment où ils aiment l'endroit, il doit y avoir un retour. C'est ce qu'ils font à St- Tropez et à Ramatuelle !

 


 

Publié dans INTERVIEWS DIVERSES

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
hé bien dis- moiTu nous parles souvent de cette cinémathèque de Porto-Vecchio et j'avais compris que tu y étais très attaché. Mais je ne pensais pas que c'était une telle structure. Cette interview est fort intéressante et prouve que quand on veut faire quelque chose qui tient aux tripes on finit par y arriver. Se faire des films tout en vendant des médicaments... et arriver à mettre tout ça sur pied, bravo M. MATTEI.<br /> Encore une fois, Corsu, je l'apprécie cette interview car tu sais toujours laisser parler les gens. Ton interlocuteur, tu dis qu'il rit, mais avec tout ce qu'il a parlé, le pauvre devait avoir soif :)<br /> Que de souvenirs et d'anecdotes appréciables ! si tu le permets, je fais un lien depuis mon blog sur le tien.... et tu sais Corsu... la seule chose que j'ai en face de moi punaisée au mur au bureau, c'est la partie de ton interview, format A3, que tu as faite avec Francis HUSTER, où tu lui as parlé de mon intérêt pour Claude GIRAUD qui, lui, fait de temps en temps des lectures de GIONO..... à MANOSQUE pas en Corse hélas. Personne ne peut le faire venir jusqu'à chez vous ? Un roi sans divertissement continue à se vendre très bien.<br /> Et Marco FERRERI... je lui aurais dit qu'il n'y avait pas de vache ou de boeuf sur l'île : il pouvait bien manger du poisson, non ? pauvre aubergiste.... :)<br /> bises Corsu, ce fut un régal de te lire
Répondre
M
Ca c'est de l'interview. Et on a de quoi lire. En tout cas, on doit venir faire la Corse en août et on viendra voir si quelque chose de prévu est au programme de cette cinémathèque. En tout cas, merci du tuyau !
Répondre